Le recteur de l'Université d'Ottawa, Jacques Frémont quittera son poste en juin 2025, soit un an plus tôt que prévu. Crédit image : Inès Rebei

OTTAWA – Le recteur de l’Université d’Ottawa, Jacques Frémont, quittera son poste un an plus tôt que prévu selon une note envoyée à la communauté universitaire.

Nommé recteur en juillet 2016 et reconduit en 2020 pour cinq autres années, le Franco-Ontarien terminera finalement son deuxième mandat en juin 2025.

Dans une note envoyée aux membres de la communauté universitaire et dont ONFR a obtenu copie, l’Université parle de « raisons personnelles » derrière cette décision.

Jennifer Adams, présidente du Bureau des gouverneurs, a fait savoir qu’un processus de sélection serait mené dans les prochaines semaines afin de trouver la personne qui prendra les rênes de l’établissement.

Celle-ci en a profité pour remercier le recteur et son rôle dans la « croissance et l’intensification de la recherche, de même que l’internationalisation de notre institution », soulignant également son « travail pour l’avancement du mandat francophone. »

Remous autour de la francophonie

Le recteur Frémont mentionnait en janvier dernier dans une missive envoyée à la communauté, « un sous-financement chronique de 50 millions de dollars » pour le volet francophone.

Cependant, lors d’une interview accordée à ONFR, à la fin du mois d’avril, le recteur a révélé que les chiffres recalculés à l’interne indiquent en réalité un sous-financement plus important, autour de 80 millions de dollars.

Néanmoins, celui-ci avait assuré que les programmes en français à l’Université étaient pérennes et qu’il n’était pas question de les supprimer.

Dans un mémoire destiné à un groupe d’experts du postsecondaire provincial, l’établissement demandait à l’Ontario de revoir sa subvention à la hausse avec « une formule de financement qui reflète le coût réel des formations en français ».

L’Université d’Ottawa est la plus grande université bilingue français-anglais au monde. Elle compte 45 000 étudiants, dont 15 000 sont francophones. Archives ONFR

Plus tôt en 2021, un rapport produit par une firme externe à la suite de consultations avec la communauté de l’U d’O avait révélé un certain climat propice à la francophobie au sein de l’établissement.

Parmi les constats, le fait que de moins en moins de personnel bilingue était recruté, la présence de discrimination envers les francophones, un manque d’accès à des cours en français et une hausse de la francophobie.

Le « mot en N »

Une autre controverse, qui avait largement fait les manchettes, est la suspension en 2020 par l’Université d’Ottawa de la professeure Verushka Lieutenant-Duval après que celle-ci ait utilisé le « mot en n » dans un contexte académique.

Une vague de cyberharcèlement en ligne s’était abattue sur des professeurs francophones après qu’ils aient signé une lettre ouverte en soutien à leur collègue. Ceux-ci avaient alors qualifié le climat entourant l’affaire comme étant « malsain » et « pourri ».

Plusieurs professeurs, incluant Marc-François Bernier et Charles Le Blanc, jugeaient avoir été abandonnés par le recteur après que celui-ci ait défendu ce qu’il estimait être un événement offensant pour la minorité.

Trois ans après sa suspension temporaire, les deux parties se sont entendues de manière confidentielle mais la professeure n’enseigne plus à l’Université d’Ottawa.