Le député de l’Est ontarien Francis Drouin ne sera pas candidat aux prochaines élections
OTTAWA — Le député libéral de l’Est ontarien Francis Drouin ne sera pas de retour comme candidat aux prochaines élections fédérales en octobre 2025, a-t-il annoncé.
L’information, d’abord annoncée par Radio-Canada jeudi matin, a été confirmée par le principal intéressé dans une entrevue à ONFR. L’élu de Glengarry-Prescott-Russell, la seule circonscription à majorité francophone en Ontario, terminera son présent mandat.
« Ça n’a aucun rapport avec les sondages et tout ça, explique-t-il lors d’un entretien téléphonique. Ma passion et ma patience et ma famille sont un trio qui doit fonctionner à 100 %. Ma famille a mangé le coup pendant les huit derniers ans. Tous les politiciens disent ça, mais c’est vrai. C’est dur pour le couple, car tu n’es jamais à la maison et c’est ça qui a fait pencher la décision », confie-t-il.
« En ce moment, je n’ai plus d’énergie et les gens de chez nous méritent quelqu’un qui va être là à 100 % et je ne serais pas la bonne personne », admet-il, ajoutant que « sa décision était déjà prise à 80% après l’élection de 2021 ».
« Ma femme me disait, l’année passée, j’étais parti quatre mois de temps. Même si je suis un député de la région de la capitale nationale, je ne suis pas souvent à la maison, j’ai des événements. Les dernières années, j’étais parti à l’international avec l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) et j’avais des semaines de circonscriptions alors je n’étais plus souvent à la maison. »
Francis Drouin s’est retrouvé dans une tempête médiatique au printemps dernier. Au Comité des langues officielles, il avait traité de « pleins de marde » et d’« extrémistes » deux chercheurs québécois qui exposaient des données de Statistique Canada portant sur le lien entre faire des études postsecondaires en anglais au Québec et l’anglicisation. Cette saga n’a pas joué dans sa décision, assure-t-il, car il avait déjà annoncé son départ au premier ministre Justin Trudeau lors d’un dîner quelques semaines auparavant.
« Ça se voit clairement que c’était un manque de patience que j’avais eu », soutient celui qui regrette, avec cet événement, d’avoir « mal compris la réalité québécoise ».
Le représentant libéral de l’Est ontarien avait par la suite, après quelques jours de tergiversations, présenté ses excuses aux témoins. Les oppositions avaient aussi tenté sans succès de destituer Francis Drouin de la présidence de l’APF lors d’un vote spécial où les libéraux étaient venus à la rescousse de leur collègue.
Un mea-culpa nécessaire au bureau de Justin Trudeau
Francis Drouin a été élu pour la première fois en 2015 dans Glengarry-Prescott-Russell, une circonscription qui compte les villes de Clarence-Rockland, Russell, Hawkesbury et Embrun entre autres. Il a été élu à nouveau en 2019 et 2021. Mais aujourd’hui, les libéraux se retrouvent à la traîne dans les sondages avec près de 20 % de retard sur les conservateurs au niveau national. Le comté de l’Est ontarien pourrait bien passer dans les mains des conservateurs.
Depuis plusieurs semaines, des députés libéraux appellent à une révision du leadership de Justin Trudeau. « Changer de chef n’est pas la solution magique », mais « il faut avoir une conversation », convient Francis Drouin.
« Il est encore debout et performe très bien quand son dos est accoté au mur. Je crois encore qu’il a le meilleur plan (…) Mais je dois l’avouer, les libéraux vont avoir de la misère à la prochaine élection. Ça fait neuf ans qu’on est là et l’usure, ça fait mal à n’importe qui au pouvoir. Oui après neuf ans, il y a des gens qui ne sont plus capables de le sentir pour x nombres de raisons », souligne le député franco-ontarien.
Selon le membre libéral, l’équipe du premier ministre « a beaucoup de travail à faire ».
« Il faut que son équipe se réveille. Il doit avoir un mea-culpa pour dire ‘tout ce qu’on a fait depuis les huit derniers ans ne fonctionne plus’. Les gens ont perdu un attachement émotionnel au premier ministre. En 2015, les gens se souvenaient de qui il était. »
Il critique notamment une des mesures phares du dernier budget, le gain en capital. Depuis le 25 juin, le taux d’inclusion de l’impôt sur les gains en capital réalisés par les particuliers est passé de 50 % à 66,67 %, pour la tranche dépassant 250 000 $.
« En tout respect, il n’y a personne qui comprend ça. Même si ça pourrait être la bonne chose à faire, il n’y a pas un chat qui comprend ça. »
À chacun des trois scrutins, Francis Drouin avait obtenu au-delà de 45 % des voix, en plus de devancer à chaque reprise son plus proche adversaire de 8 000 voix et plus. Mais selon le site de projections électorales 338 Canada, les conservateurs auraient aujourd’hui 81 % des chances de l’emporter dans cette circonscription au nom changé de Prescott-Russell-Cumberland.