Des armoiries « franco-ontariennes », mais pourquoi?

Crédit image: gracieuseté AFO/Montage #ONfr

OTTAWA – Dans l’ombre des élections sur le conseil d’administration de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), et des résolutions de l’assemblée générale, l’événement aurait pu presque passer inaperçu en fin de semaine. Les armoiries « franco-ontariennes » dévoilées durant le congrès de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens fascinent autant qu’elles intriguent.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Fruits de cinq années de travail, ces armoiries auront pour but de doter l’Ontario français d’un « symbole identitaire », selon Gilles Levasseur. « C’est aussi le symbole de la noblesse d’une communauté, elles peuvent devenir à long terme aussi importantes que le drapeau franco-ontarien. »

M. Levasseur avait commencé à mener ce projet en tant qu’ancien membre du conseil d’administration de l’AFO. Il s’en est suivi de longs mois de propositions, ébauches, et encore de nouvelles propositions soumises par les membres de l’organisme. C’est seulement cette année que la version finale a été approuvée par le CA.

Petite subtilité (laquelle explique les guillemets dans notre titre) : on fait référence ici techniquement aux armoiries de l’AFO, et non des armoiries franco-ontariennes à proprement parler.

En d’autres mots, l’AFO se dote d’armoiries au nom de la communauté franco-ontarienne.

Le rôle de l’Autorité héraldique du Canada

Samy Khalid, héraut d’armes à l’Autorité héraldique du Canada, nous explique. « Une autre organisation franco-ontarienne pourrait très bien élaborer ses propres armoiries, et nous demander un processus d’accompagnement pour les aider à produire le document. » L’Office des Affaires francophones de l’Ontario, par exemple? « Oui, c’est une possibilité », affirme M. Khalid.

Cosigner les armoiries au titre de registre public, leur conférer des droits de propriété, c’est justement le but de l’Autorité héraldique du Canada. Une autorité compétente aussi pour les drapeaux et insignes.

« L’AFO utilise comme symbole sur ses documents le A. Elles pourront à long terme compléter le A avec des armoiries dans tout ce qui est noble et important, comme des lettres, du papier à en-tête ou encore, lors d’une remise de prix », précise M. Levasseur.

Le responsable du projet mandatée par l’AFO, connu aussi comme avocat constitutionnaliste, souhaite maintenant « aller chercher une marque de commerce », qui protégerait définitivement les armoiries.

« Plus que la protection de l’Autorité héraldique, cette marque de commerce donne un recours contre une éventuelle atteinte morale aux droits à l’image. On ne pourra pas, par exemple, rire des castors sur les armoiries. »

Pour M. Levasseur, l’équation est différente avec le drapeau franco-ontarien. « Cela n’existe pas avec le drapeau, d’où la résolution de dimanche dernier de l’AFO de donner un guide des codes graphiques pour le drapeau. L’AFO deviendrait ainsi propriétaire de ces armoiries quelles que soient les circonstances. »

Le travail de 2018 sur les armories à peine terminé, il faut maintenant penser aux étapes de l’année prochaine, analyse M. Levasseur. « Il faut maintenant déterminer qui pourra utiliser les armoiries, et dans quel contexte on peut les utiliser. L’utilisation doit être restreinte. »

Beaucoup de symboles

Les symboles présents sur les armoiries ont été proposés par M. Levasseur, et dessinés par un artiste de l’Autorité héraldique du Canada.

Le haut des armoiries représente les « arts et la culture », selon M. Levasseur avec la lyre et les masques.

Au milieu de l’image, on peut voir notamment le drapeau franco-ontarien, créé par Gaétan Gervais et Michel Dupuis en 1975. Sur l’étendard est visible une caravelle, celle de Samuel de Champlain, laquelle illustre pour M. Levasseur « les combats », mais aussi les arrivées successives d’immigrants en Ontario.

Sur les côtés, la présence de deux castors, avec différents symboles. On peut y voir la présence d’épingles à chapeau, symboles de la lutte contre le Règlement XVII interdisant l’enseignement du français dans les écoles de la province de 1912 à 1927.

La partie du bas représente la mutation des Franco-Ontariens à travers les siècles. « C’est ce que l’on est devenu, notamment avec l’agriculture. » Tout en bas de l’image, on peut voir la devise imaginée, « Nous sommes, nous serons ».

« Les armoiries sont une représentation de la francophonie en Ontario (…) C’est une symbolique qui nous ressemble », affirme le président de l’AFO, Carol Jolin.