Le président de la Chambre des communes Anthony Rota serre la main du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy à la Chambre des communes sur la Colline du Parlement à Ottawa, le vendredi 22 septembre 2023. Crédit image: LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick

OTTAWA – Le NPD et le Bloc Québécois demandent que le président de la Chambre des Communes, le Franco-Ontarien Anthony Rota, quitte son poste à la suite de l’invitation, lors de la visite du président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky, d’un vétéran de la Seconde Guerre mondiale ayant combattu au sein des nazis.

Après l’adresse du dirigeant ukrainien au Parlement vendredi dernier, Anthony Rota a rendu hommage à Yaroslav Hunka, un citoyen de sa circonscription à North Bay. Ce dernier était assis dans la tribune de la Chambre des communes, où il a reçu une ovation de tous les partis et du président Zelensky.

Des organisations de défense de la communauté juive ont dénoncé au cours de la fin de semaine cette invitation, le président Rota ayant présenté Yaroslav Hunka comme un « héros canadien et ukrainien ». L’homme de 98 ans de North Bay a servi dans la 14e division Waffen Grenadier de la SS, une unité militaire nazie dont les crimes contre l’humanité pendant l’Holocauste sont bien documentés, indique le groupe de défense juif, Les Amis du Centre Simon-Wiesenthal.

« Notre confiance envers le président est fortement ébranlée et c’est pour cette raison-là que j’ai demandé de la part de notre caucus aujourd’hui que le président démissionne. Je ne le fais pas avec gaieté de cœur (…), mais les circonstances sont telles qu’à mon avis, il ne pourrait pas rester en poste », soutient le leader à la Chambre pour les néo-démocrates, Peter Julian.

Le chef du Bloc Québécois Yves-François Blanchet demande lui aussi une issue similaire.

« Le Bloc Québécois ne peut que constater, d’une part, les dommages causés par l’erreur de la présidence et, d’autre part, la perte de confiance de la Chambre dont il a besoin pour exercer sa fonction. En conséquence, nous invitons le Président de la Chambre à agir de façon responsable et renoncer à sa fonction », a-t-il déclaré.

Dans un message en Chambre lundi matin, Anthony Rota dit avoir reçu, dans les derniers jours, « de nouveaux renseignements qui me font regretter ma décision ».

« Je souhaite présenter mes excuses à la Chambre. Je suis profondément désolé d’avoir offensé de nombreuses personnes par mon geste et mes remarques », s’est-il excusé.

Il précise qu’il a invité le vétéran nazi de sa propre initiative. Le premier ministre Justin Trudeau, son bureau, les membres de la délégation ukrainienne et les députés n’étaient pas au courant, ajoute-t-il.

Justin Trudeau a réagi qualifiant l’événement de vendredi « d’inacceptable ».

« Le président de la chambre a pris sa responsabilité et s’est excusé, mais il va sans dire que c’est profondément gênant pour le Parlement et par extension pour tous les Canadiens. Je pense particulièrement aux parlementaires juifs et à toute la communauté juive d’un bout à l’autre du pays. »

Le bureau de Justin Trudeau a signalé n’avoir eu aucun mot à dire dans l’invitation, car « le Parlement et le bureau du président de la Chambre sont indépendants du premier ministre et du cabinet du premier ministre ».

« La décision quant à l’envoi des invitations a été prise uniquement par le président et les membres de son personnel. »

Le Parti conservateur n’est pas du même avis. L’opposition officielle affirme que la faute revient à Justin Trudeau et à son cabinet, qui auraient dû vérifier les invitations.

« Dans ce cas-ci, ça aurait pris une simple recherche sur Google pour trouver une publication écrite par cet individu disant qu’il a servi sous une division nazie durant la Seconde Guerre. Le mandat et les responsabilités sous l’enceinte parlementaire reviennent au gouvernement », a dénoncé le leader à la Chambre chez les conservateurs, Andrew Scheer.

L’opposition officielle n’a pas encore demandé la démission d’Antony Rota, mais Andrew Scheer a laissé entendre dans son discours en Chambre que son parti en aurait plus à dire au cours de la journée. Le Franco-Ontarien occupe ce rôle depuis 2019, lui qui a fait son entrée au Parlement en 2015 sous la bannière libérale dans la circonscription de Nipissing-Timiskaming.