Cela fait 10 ans que le Collège d'Alfred a fermé ses portes. Crédit image : Facebook / Alfred: Étudiants, Anciens et Amis du Collège d'Alfred

ALFRED – Dix ans après la fermeture du Collège d’Alfred, dans l’Est ontarien, et alors qu’une partie des programmes en français se trouvent disséminés au sein des collèges La Cité à Ottawa et Boréal dans l’ensemble de l’Ontario, d’anciens élèves n’ont pas oublié l’apport inestimable de cet établissement et son impact sur la relève agricole franco-ontarienne.

Il y a dix ans, l’Université de Guelph annonçait la fermeture du Collège d’Alfred, situé dans l’Est ontarien, ainsi que celle de son campus anglophone de Kemptville au sud d’Ottawa, pour des raisons financières.

« Quand on y pense, il y a eu un impact à plusieurs niveaux », se rappelle Jean Dubois, agent de liaison pour le recrutement d’étudiants au Collège d’Alfred jusqu’en 2014.

« Économique, d’une part, puisqu’il y avait un peu plus d’une centaine d’élèves qui participaient à l’économie locale dans le village d’Alfred et Plantagenet. »

D’après l’ancien employé, « il y avait un sentiment hors du commun d’appartenance et de fierté, autant du côté des étudiants que du côté des employés ».

« On était comme une famille. On était fiers de dire qu’on travaillait au Collège d’Alfred, et la communauté, elle aussi fière de son collège. »

Une fermeture qui a eu un impact sur la relève agricole

« On a eu peur de ne plus pouvoir étudier l’agriculture en français en Ontario », affirme Nicolas Dessaint, ancien élève du Collège d’Alfred et ancien président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO), producteur laitier et apiculteur.

« Heureusement, La Cité et le Collège Boréal ont démontré de l’intérêt et offrent toujours ces programmes. »

Les programmes offerts à La Cité à Ottawa. Capture d’écran

Une chance que n’a pas eu le Collège de Kemptville proche d’Ottawa pour les anglophones, estime Danielle Lefebvre, diplômée d’un cursus agricole spécialisé en développement international.

« C’était pratiquement le seul endroit où je pouvais suivre ce programme international, et j’ai eu la chance par la suite de faire un stage en Afrique de l’Ouest en agroforesterie. »

D’après Jean Dubois, « cela aurait été une erreur si le collège avait simplement fermé. J’entends du bien des programmes de La Cité, et si elle n’avait pas été là, ça aurait été terrible ».

Une partie des programmes du Collège d’Alfred sont offerts par La Cité. Le programme de technique de soins vétérinaires par le Collège Boréal. Archives ONFR

Danielle Lefebvre considère que le Collège d’Alfred lui a permis de vivre ses études en français en Ontario, mais elle se souvient aussi combien la communauté a perdu à sa fermeture.

« Nous avions cette communauté de gens liés à l’agriculture, c’était comme une petite famille. »

Pour Mme Lefebvre, l’impact dans la région a été économique, mais peut-être aussi touristique. Cette effervescence n’existe plus dans la région aujourd’hui, mais à une époque, un véritable dynamisme agricole animait ce petit canton de l’Est.

« Nous avions des événements annuels et nous étions très proches du Québec et de ses associations d’agriculteurs. C’était très chaleureux, il y avait des gens issus de l’immigration qui venaient au Collège d’Alfred, et nous avions également un parrainage d’étudiants réfugiés », se rappelle-t-elle.

Alexandre Blain, diplômé en horticulture ornementale en 2004, estime que le collège était excellent pour l’agriculture, les techniques vétérinaires et la nutrition et diététique. Originaire de Montréal, il faisait partie de la majorité des étudiants québécois qui avaient choisi le campus d’Alfred pour la qualité de son enseignement.

« C’était une des solutions pour la relève agricole », affirme-t-il.

Dans le même sens, M. Dubois admet que « les fermes familiales sont en voie de disparition ».

De nombreux doutes persistent concernant l’avenir du bâtiment du Collège

« Le Collège avait une signification particulière pour la communauté », explique M. Dessaint. « Cela a été une longue lutte pour avoir le droit d’étudier en français et en agriculture. »

Le 12 mars 2014, l’Université de Guelph annonçait la fermeture définitive du Campus d’Alfred et de celui de Kemptville, le campus anglophone, fondé en 1917 et l’un des plus anciens établissements de formation agricole de la province.

Le Collège d’Alfred avait célébré ses 30 ans en 2011, mais c’est l’Université de Guelph qui subissait des déficits. De plus, le bâtiment abritant le collège francophone était assez vieillissant et nécessitait de nombreuses rénovations.

La ferme laitière de la FERCA a fermé officiellement en 2022. Source : Facebook/ FERCA

En 2021, les derniers bâtiments du Collège d’Alfred ont été mis en vente.

La section Nord, appelée « Upper Campus », était à vendre par le gouvernement de l’Ontario pour la somme de 299 999 $.

La partie « Lower Campus » avait été achetée par l’UCFO en 2018 pour ouvrir une Ferme d’éducation et de recherche du campus d’Alfred (FERCA). L’exploitation laitière a ensuite fermé ses portes en 2022.

Aujourd’hui, il n’y a plus de panneau de courtier devant la propriété. En octobre dernier, les Éditions André Paquette faisaient le point sur la situation, indiquant que le gouvernement provincial n’avait communiqué aucune décision quant à la vente du bâtiment.