
Dix endroits sur la planète où la francophonie surprend

De la forêt amazonienne au Pacifique-Sud, en passant par l’Asie centrale et l’océan Indien, la langue française s’est implantée dans des régions inattendues, au gré des liens diplomatiques, de l’enseignement, de l’usage administratif ou encore de la proximité avec des pays de langue française. En cette Journée internationale de la francophonie, voici dix endroits aux influences francophones dont vous n’avez peut-être pas entendu parler.

Cabinda, exception francophone en pays lusophone
En Angola où la langue officielle est le portugais, une région se distingue par l’usage courant du français dans sa population. Dans Cabinda, 90 % des alphabétisés parlent français, contre 10 % portugais. Une situation linguistique singulière qui s’explique principalement par sa géographie…
Cette région enclavée de 7 270 km² est séparée du reste du pays par un bout de territoire de la République démocratique du Congo (RDC), pays francophone avec qui elle entretient des relations économiques et culturelles. Elle est aussi bordée par un autre pays francophone, au nord : la République du Congo. C’est en partie cette caractéristique qui a incité l’Angola à rejoindre l’Organisation internationale de Francophonie (OIF).

Dans la Vallée d’Aoste, toute une « Histoire »
Saviez-vous que dans le nord-ouest de l’Italie, le français était la langue officielle (au côté de l’italien) d’un minuscule territoire de 3200 km²? C’est la Vallée d’Aoste, à la frontière française. Ses 123 000 habitants parlent également le valdôtain, un dialecte franco-provençal reconnu régionalement. La raison est profondément historique : du 15e siècle jusqu’à son annexion par l’Italie en 1860, ce territoire a été exclusivement francophone, largement associé aux États de Savoie.
De nos jours, bien que l’Italien y soit la langue majoritaire, le français y est enseigné dans les écoles et utilisé dans l’administration. Depuis 1948, le statut spécial d’autonomie de la vallée instaure la parité lingusitique. Il demeure un vecteur culturel local riche qui se retrouve dans la littérature, la musique et les arts, à l’image du Festival de la musique de Vallée d’Aoste.

Wallis-et-Futuna, une langue (de terre) dans l’océan
Mettons les voiles sur Wallis-et-Futuna, planté dans l’immensité du Pacifique-Sud. Dans cet ensemble de trois îles, plus de 82 % des quelque 11 600 habitants parlent français, la langue officielle. Moins connu que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, ce double archipel est pourtant tout autant qu’eux un territoire d’outre-mer français d’Océanie, et ce depuis 1961.
Les cours à l’école primaire, au collège et au lycée sont entièrement en français. La chaîne de télévision et la radio locale, Wallis et Futuna 1re, émettent des programmes en français et en wallisien ou en futunien, deux langues polynésiennes vernaculaires. L’anglais s’y accroche également de par la proximité des îles anglophones Fidji, Tonga et Samoa.

L’Amapa, porte d’entrée vers la Guyane française
Au Brésil, le plus francophone des pays de l’Amérique du Sud (avec près de 620 000 locuteurs et 150 000 apprenants), une région du nord entretient une étroite relation avec le français : il s’agit de l’Amapá. seul État brésilien où la première langue étrangère apprise est le français. Son apprentissage du français est d’ailleurs obligatoire dans ses écoles publiques depuis 1999, protégé par une loi fédérale.
Dans cet État coupé du reste du pays par le fleuve Amazone, l’intérêt de la population est naturellement porté sur la proximité immédiate de la Guyane française, gage de désenclavement, de développement économique et d’opportunités d’emploi. À tel point que la première langue Apprendre le français nourrit l’espoir d’une vie meilleure. En Amapá, on parle aussi le karipuna, un créole à base lexicale française comportant du vocabulaire lusophone.

À Chisinău, une langue de prestige et de diplomatie
La langue française est aussi une réalité en Moldavie. À Chisinău, la capitale, on enseigne cette langue étrangère dans les écoles et à l’Université d’État qui dispense des programmes en français qui ouvrent des perspectives d’emploi à l’international. La francophonie est renforcée par la présence d’institutions comme le Centre culturel français et de grandes entreprises telles que Danone ou Carrefour.
Au-delà des liens diplomatiques entre Paris et Chisinău, le français a conquis dans ce coin d’Europe de l’Est un statut de langue d’élite intellectuelle sous l’Empire russe et l’ère soviétique. On estime à près de 40 % la part des élèves qui l’apprennent au secondaire et à 1% la proportion de Moldaves la pratiquant dans ce pays qui a rejoint l’OIF en 2016.

À Pondichéry, 300 ans d’influence en héritage
Dans la ville côtière indienne de Pondichéry, l’influence française se retrouve dans l’architecture, la culture et même la pratique administrative, bien que l’anglais y soit la langue officielle. Près de 300 ans de colonialisme ont laissé en héritage un quartier français, des noms de rues caractéristiques et une forte empreinte catholique symbolisée par la Cathédrale de l’Immaculée Conception et l’Église Notre-Dame-des-Anges.
Première langue étrangère enseignée dans le pays, le français demeure une langue vivante transmise par les écoles et collèges comme le Lycée français de Pondichéry. Celle que l’on surnomme la « Petite France de l’Inde » abrite également la plus vieille des Alliances françaises, le consulat général de France et l’Institut français en Inde.

Banjul, îlot gambien au milieu de la francophonie sénégalaise
Le français y est une langue étrangère. Pourtant, 20 % de sa population le parle. Nous sommes en Gambie, pays (membre observateur de l’OIF depuis 2018) qui a bâti ses frontières autour du fleuve du même nom. Dans sa capitale, Banjul, l’anglais, de par son statut officiel, est la langue la plus répandue parmi ses plus de 35 000 habitants.
Elle côtoie les langues régionales (le madinka, le wolof, le peul, le soninké, le sérère, le krio), mais aussi le français. Il faut dire que le Sénégal voisin, où vivent plus de 4 millions de locuteurs francophones, encercle la quasi totalité de ce pays bordant l’océan Atlantique.

La Dominique, trait d’union entre Guadeloupe et Martinique
Petite île perdue dans les Caraïbes, la Dominique a certes l’anglais pour langue officielle, mais 5 % de sa population pratique le français standard et près 80 % le créole dominicain (kwéyòl), un dérivé du français qui se perpétue largement. Dans ce pays membre de l’OIF depuis 1979, un an après son indépendance du Royaume-Uni, le français a marqué de son empreinte l’histoire et la culture locale.
Il se perpétue grâce aux écoles, à travers des événements tels que la Semaine de la francophonie et des institutions comme le Lycée français ou encore l’Alliance française. La Dominique entretient par ailleurs des relations commerciales et culturelles avec la Gadeloupe au nord et de la Martinique au sud, deux territoires ultramarins de la France. Le Canada y soutient des programmes de développement et la France, par l’intermédiaire de l’Agence française de développement, y finance des projets d’infrastructure.

À Djibouti, le français officiel dans une région dominée par l’anglais et l’arabe
Dans ce petit pays d’à peine plus de 23 000 km2 situé sur la Corne de l’Afrique, où anglais et arabe dominent la géolinguistique, le français occupe paradoxalement un statut de langue officielle, même si les langues nationales, l’afar et le somali, sont bien plus utilisées dans la vie courante. Après son indépendance acquise en 1977, Djibouti a en effet conservé cette langue omniprésente dans l’éducation, l’administration, les médias et la justice.
Les discours politiques de portée internationale sont rédigés en français, les échanges sur les réseaux sociaux sont principalement en français, le système judiciaire de droit commun travaille exclusivement dans cette langue, la presse écrite francophone est en situation de monopole, la monnaie est le franc djiboutien et la scolarité s’appuie sur les programmes français.

Almaty ou l’inattendue francophonie d’Asie centrale
Ancienne capitale du Kazakhstan, Almaty est le centre culturel et historique du pays des steppes. La francophonie y joue une part modeste mais active, à l’image de son Alliance française implantée depuis une vingtaine d’années. Chaque année, la cité accueille le Printemps de la francophonie, un festival célébrant la diversité des cultures francophones.
Le français est enseigné dans plusieurs écoles, dont un des quatre établissements bilingues du pays. On estime à 1 % le nombre d’élèves apprenant cette langue, souvent une troisième langue après le Kazakh, langue officielle, et le russe. Depuis l’indépendance obtenue en 1991, le Kazakhstan a intensifié ses liens diplomatiques avec la France, un des premiers pays à le reconnaître.