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Échanges avec le Québec et l’Afrique : les atouts de la francophonie du Nord

Le 3e Forum annuel de la FGA s'est tenu jeudi à Sudbury. Photo : Inès Rebei/ONFR

SUDBURY – Le 3e Forum annuel de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) s’est tenu pour la première fois à Sudbury ce jeudi. Les opportunités offertes par la francophonie du Nord ont été au cœur de plusieurs discussions durant ce rendez-vous économique de la communauté franco-ontarienne.

Entrepreneurs, acteurs institutionnels et membres de la communauté culturelle : ils étaient plus d’une centaine à s’être déplacé à Science Nord pour cet événement annuel de réseautage en milieu minoritaire.

Le nord de l’Ontario a été au centre des échanges, et pour plusieurs intervenants, il y a un momentum à saisir avec le contexte actuel de tensions avec les États-Unis et d’incertitude économique.

« Je vois un vrai potentiel avec l’Afrique et autres régions francophones, qu’on n’a pas du tout exploité »
— Paul Lefebvre

C’est ce que pense Dominic Mailloux, président de la FGA qui souhaiterait voir plus d’échanges avec d’autres provinces comme le Québec : « Dans les régions du Québec, les gens ne parlent pas en anglais donc ça peut être naturel pour eux de se tourner vers des entrepreneurs francophones de l’Ontario pour créer des liens qui mènent à des opportunités d’affaires ou d’emplois ».

Afrique et immigration

De son côté, le maire Paul Lefebvre juge qu’il est temps de se tourner vers des partenaires en Afrique : « Je vois un vrai potentiel avec l’Afrique et autres régions francophones, qu’on n’a pas du tout exploité. C’est pour ça que c’est important d’avoir des conversations continues avec les deux paliers de gouvernement pour ça ».

Celui qui a été chaleureusement applaudi après avoir rappelé qu’il est le premier maire francophone de Sudbury en plus de 50 ans a fait savoir que sa ville comprend 300 petites moyennes entreprises œuvrant dans le secteur minier et dont une grande partie du chiffre d’affaires provient de l’international.

Le maire Paul Lefebvre a réitéré son intention d’augmenter la population à 200 000 habitants et d’embaucher plus de travailleurs à Sudbury. Photo : Inès Rebei/ONFR

La mairesse de Timmins et le maire de Hearst ont aussi présenté les nouveaux programmes en immigration et les nouveaux arrivants et les étudiants internationaux comme étant d’autres atouts inestimables pour la francophonie dans le Nord et en Ontario.

Michelle Boileau a adressé un message aux employeurs francophones qui hésiteraient à recruter de nouveaux arrivants : « Il faut prendre des risques, apprendre de la personne qui est récemment arrivée et qui a un accent différent en français parce que ça a une valeur ajoutée tellement forte ».

L’Université de Hearst, dont près de 80% de la clientèle vient de l’international, notamment d’Afrique, a aussi été désignée par Roger Sigouin, comme une force avec ses multiples campus dans la région.

« Ce qu’on voit en ce moment c’est que la vitalité linguistique rime avec la vitalité économique »
— Serge Miville

Et de terminer : « En 2030, ma communauté, un bon pourcentage va être à la retraite donc il faut bâtir avec des gens de métiers et du milieu académique pour montrer aux jeunes nouveaux arrivants qu’ils peuvent s’épanouir chez nous »

Un nouveau membre hors Ontario à la FGA

Toutefois, M. Mailloux estime que même sans l’imposition de tarifs par le voisin du sud, il est nécessaire d’ouvrir les champs du possible : « Moi, je suis de l’école d’esprit qu’ensemble, on est plus fort et on va plus loin. Alors, nonobstant la présence ou non de barrières tarifaires, je pense qu’on doit absolument viser à des activités comme des missions commerciales, du réseautage, etc. »

Pour Dominic Mailloux, président de la FGA, la rétention est aussi importante que l’attraction de nouveaux employés. Photo : Inès Rebei/ONFR

Plusieurs personnes ont d’ailleurs soulevé que, la veille, l’Ontario signait une entente avec le Manitoba pour abolir les barrières commerciales.

La remise du Prix Ontario-Québec n’a pas eu lieu durant le forum, comme c’est généralement le cas, mais plus tard dans l’année. La raison : ce nouveau partenariat avec le conseil du patronat du Québec qui a été annoncé durant le sommet et qui est en alignement avec cette nouvelle orientation souhaitée par le monde des affaires franco-ontarien.

Les atouts inestimés du français en économie

« Ce qu’on voit en ce moment c’est que la vitalité linguistique rime avec la vitalité économique », pense le recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury qui a choisi d’annoncer la création d’un institut économique de l’Ontario français dans l’établissement.

Serge Miville, recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury, prépare la première rentrée de l’Université de Sudbury cet automne. Photo : Inès Rebei/ONFR

Serge Miville en a profité pour présenter plusieurs données financières qui ont surpris la salle. L’écart de salaire médian entre une personne dont la première langue officielle parlée est le français et une autre dont c’est l’anglais est de 8 000$ à Sudbury et 12 000$ à l’échelle de la province, en faveur de la francophone.

« Ironiquement, la francophonie est rentable pour les gens, leur salaire médian est largement supérieur quand on est francophone », termine celui qui a une carrière d’historien et chercheur derrière lui.

Une autre donnée encourageante présentée par David Pinsonneault, vice-président exécutif chez TD, indique que 70% des entreprises francophones sont toujours en activité cinq ans après leur démarrage comparativement à 50% pour les entreprises en général.

Stéphane Sarrazin, adjoint parlementaire du ministre du Développement économique et de la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, lui aussi à Sudbury pour l’événement, s’est dit en faveur de plus d’initiatives pour la francophonie.

Stéphane Sarrazin est l’adjoint parlementaire du ministre du Développement économique et de la ministre des Affaires francophones. Photo : Inès Rebei/ONFR

Selon lui, il est important d’avoir des personnes haut placées capables de s’exprimer en français : « En en accédant à des postes importants en tant que francophone, c’est là qu’on réalise la réalité, les défis, les opportunités ».

Et de continuer : « On voit qu’il y a quand même une belle dynamique au Parlement de l’Ontario. Il y a beaucoup de mes collègues députés qui apprennent le français et qui font des efforts pour parler en français ».