École Greenwood : ouverture reportée, budget insuffisant et usage du parc incertain
TORONTO – L’école secondaire de l’Est torontois rachetée au Toronto District School Board n’ouvrira pas avant 2023-2024, a dévoilé le Conseil scolaire Viamonde, lors d’une réunion publique, mardi soir. Des financements complémentaires et un accord avec la Ville sur l’utilisation du parc voisin restent à trouver. Mobilisés de longue date pour obtenir une école dans cette partie de la ville, des parents d’élèves persistent à douter de son équivalence avec les autres écoles anglophones.
Plus de 150 participants ont découvert les plans de l’édifice, situé à proximité des avenues Danforth et Greenwood. L’imposant bloc de béton des années 1970 sera percé de toutes parts pour installer de grandes fenêtres laissant entrer la lumière naturelle dans une quinzaine de classes réparties sur trois niveaux.
Un gymnase et une cafétéria convertible en auditorium seront au centre du bâtiment. Autour graviteront un centre de ressources, des laboratoires de sciences et de technologie ainsi que des salles d’art, de musique et d’haltérophilie, refaits à neuf, pour une capacité totale d’environ 500 élèves de la 7e à la 12e année.
Crispation autour du manque d’espace extérieur
Si le Conseil scolaire Viamonde a soigné sa présentation, il n’a pas totalement convaincu les participants qui lui reprochent d’avoir choisi ce vieil édifice sans espace extérieur comparable aux autres écoles. Plusieurs brandissent d’ailleurs la décision de la Cour suprême du Canada de 2020 pour faire valoir leurs droits à une école francophone semblable aux anglophones.
Le directeur de l’éducation, Martin Bertrand, a défendu bec et ongles le projet, se disant confiant de trouver une solution avec la Ville de Toronto pour utiliser le parc public Felstead, à proximité immédiate.
« On a aussi hâte que vous de conclure cette entente. On garde notre optimisme. Il n’y a pas de raison de s’inquiéter », a-t-il insisté. « Il y a une ouverture de la ville. Ce parc complètera les besoins des élèves avec le gymnase et les espaces de détente sur le toit. »
La dangerosité que peuvent représenter des terrains sur le toit a aussi été soulevée. Là aussi, le conseil scolaire s’est voulu rassurant. De tels terrains ont déjà été construits dans les écoles anglophones de la ville, sans entraîner de controverse.
Un budget de 16 millions dépassé
Mais pour mener à terme ce colossal projet de rénovation, le conseil scolaire a reconnu qu’il aura besoin d’une rallonge budgétaire, sans révéler la somme manquante. Les terrains de jeu sur le toit et le stationnement ont gonflé l’addition et les 16 millions déjà sur la table sont insuffisants.
Une fois l’appel d’offres autorisé par le ministère de l’Éducation et l’entreprise de construction sélectionnée, les travaux devraient alors durer jusqu’à deux ans, portant l’ouverture à 2023-2024, loin de l’objectif initial de 2021.
« Une école pourrie » qu’on essaye de « rendre acceptable »
« La seule nouvelle information que j’ai apprise, c’est qu’ils ont ajouté une terrasse sur le toit et qu’ils n’ont pas assez de fric pour aller de l’avant avec ce projet », lâche, amère, Michelle Miller-Guillot. « Deux générations d’enfants attendent cette école », rappelle cette mère de trois enfants scolarisés à l’école élémentaire du quartier, La Mosaïque, qui s’interroge sur l’avenir de leur éducation en français au secondaire.
« Le manque de leadership du conseil est étonnant. (…). Il n’arrête pas de nous cacher des choses. C’est pourtant la pression de notre communauté sur la province qui lui a permis d’avoir du financement pour une école secondaire ».
Elle dénonce le choix d’une « école pourrie que les anglophones n’ont pas voulu » et que le conseil essaye de « rendre pas équivalente mais acceptable ».
« Le conseil n’est pas clair sur combien d’argent manque. Ça va encore retomber sur les parents qui vont devoir faire une levée de fonds si on veut cette école », redoute Mme Miller-Guillot, disant ne pas avoir confiance dans le calendrier évoqué. « C’est plus tard que prévu et on ne peut pas blâmer la pandémie pour tout ça, car les architectes n’ont pas arrêté de travailler pendant la COVID-19. »