Élections fédérales : les propositions des partis en langues officielles
Le Parti vert a sorti hier sa plateforme électorale, devenant ainsi le dernier parti à dévoiler ses propositions. Quels partis proposent de moderniser la Loi sur les langues officielles (LLO), et ce en combien de jours? Combien d’argent serait-il envoyé aux institutions postsecondaires francophones en situation minoritaire sous un gouvernement néo-démocrate ou conservateur? Voici ce que proposent les différentes formations fédérales en matière de francophonie.
Parti libéral
Modernisation de la Loi sur les langues officielles
Les libéraux promettent d’adopter la modernisation de la Loi sur les langues officielles dans les 100 premiers jours de leur mandat. La ministre des Langues officielles Mélanie Joly avait déposé son projet de loi au mois de juin, tout juste avant la fin de la session parlementaire. Ce n’est pas la première fois que la modernisation de la LLO se retrouve sur une plateforme de la troupe à Justin Trudeau alors que la formation politique s’engageait aussi à le faire dans sa plateforme de 2019.
Postsecondaire
En visite à Sudbury la semaine dernière, Justin Trudeau et Mélanie Joly ont annoncé qu’ils doubleraient le montant accordé aux établissements d’enseignement postsecondaire en milieu minoritaire. Auparavant chiffré à 40 millions de dollars pendant trois ans, le parti promet d’offrir 80 millions dès 2021-2022, et ce de façon permanente.
« Le nouveau financement annoncé de 240 millions de dollars sur quatre ans pourrait servir à renforcer les institutions comme l’Université de l’Ontario français et l’Université de Moncton, assurer la protection et la pérennité du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta et appuyer une institution postsecondaire dans le Nord de l’Ontario, par, pour et avec les francophones, afin de contrer les coupes qui ont eu lieu à l’Université Laurentienne. »
Autres mesures
Les libéraux veulent atteindre un taux de bilinguisme de 25 % à travers le pays, une hausse de 5 % par rapport à leur objectif de 2019. Pour ce faire, ils veulent avancer 120 millions de dollars dans le but « d’améliorer l’accès à des programmes d’immersion française et de français comme langue seconde partout au pays ».
Le parti promet aussi le bilinguisme des juges de la Cour suprême, « une stratégie nationale ambitieuse visant à favoriser l’immigration francophone hors Québec » et renforcer les pouvoirs du commissaire aux langues officielles du Canada.
Parti conservateur
Modernisation de la Loi sur les langues officielles
Les conservateurs indiquent sur leur plateforme vouloir « présenter, dans nos 100 premiers jours au gouvernement, une mesure législative pour moderniser la Loi sur les langues officielles ». Le plan propose de donner plus de pouvoirs au commissaire aux langues officielles, créer un tribunal administratif des langues officielles et donner au Conseil du Trésor l’autorité et la responsabilité d’assurer l’application de la Loi à tous les ministères fédéraux.
Postsecondaire
Les conservateurs proposent de donner 30 millions de dollars par année aux institutions postsecondaires francophones en milieu minoritaire « comme l’Université de Moncton, le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta et l’Université de l’Ontario français ». Il est toutefois incertain de savoir si ce financement sera permanent comme le propose la formation de M. Trudeau.
Sur le dossier du postsecondaire dans le Nord de l’Ontario, les deux candidats bleus du Grand Sudbury, Charles Humphrey et Ian Symington disent soutenir le projet de l’Université de Sudbury.
« Nous, les conservateurs, sommes à l’écoute des étudiants, professeurs et organismes comme l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario qui poursuivent un plan pour transférer les programmes perdus en français de l’université Laurentienne à l’Université de Sudbury », ont-ils indiqué dans un communiqué plus tôt cette semaine.
Autres mesures
Les conservateurs désirent « augmenter le soutien à l’éducation francophone primaire et élémentaire par l’intermédiaire du Programme des langues officielles dans l’enseignement » et avoir plus d’immigration francophone à l’extérieur du Québec.
Nouveau Parti démocratique (NPD)
Modernisation de la Loi sur les langues officielles.
Les troupes de Jagmeet Singh s’engagent à « moderniser la Loi sur les langues officielles afin d’« élargir la portée des droits linguistiques et de s’assurer que les communautés linguistiques minoritaires soient consultées sur les décisions qui les touchent ». Contrairement aux conservateurs et libéraux, une échéance pour l’adaptation de cette loi n’est pas précisée.
Postsecondaire
Le postsecondaire est bel et bien présent sur la plateforme des néo-démocrates, mais aucune ligne ne concerne l’éducation en milieu minoritaire ou pour les langues officielles. La majorité des initiatives du NPD visent une meilleure abordabilité au niveau financier du coût des études pour les étudiants.
Toutefois, de passage à l’Université de Sudbury samedi, Jagmeet Singh a affirmé qu’il voulait « sauver » La Laurentienne en soutenant être « prêt à faire les engagements pour atteindre ce but ». Ce dernier a aussi laissé entendre qu’il n’était pas en faveur du transfert de programmes en français de La Laurentienne à l’Université de Sudbury, ce qui en a fait sourciller certains dans la communauté franco-ontarienne.
La troupe de Jagmeet Singh se dit en faveur du projet de l’institution entièrement francophone, mais explique vouloir maintenir les programmes en français dans les deux établissements de Sudbury, en plus ne pas pouvoir dicter où les programmes seront logés.
Autres mesures
Le parti se donne le mandat de bonifier le plan d’accès aux langues officielles « notamment en collaborant avec les provinces et territoires pour améliorer l’enseignement dans la langue de la minorité et en attirant davantage de personnes immigrantes francophones dans toutes les collectivités ».
Le NPD propose que « tout le monde puisse avoir accès à la justice dans la langue de son choix et que les juges de la Cour suprême soient bilingues » en plus d’adopter « le principe de l’asymétrie, qui reconnaît qu’en tant que langue officielle minoritaire, le français nécessite une protection et une promotion particulière ».
Parti vert
Les troupes d’Annamie Paul s’engagent à moderniser la Loi sur les langues officielles dans la première année d’un possible mandat. Mme Paul affirmait en entrevue à ONFR+ en octobre dernier vouloir aussi miser sur l’éducation francophone.
« Ma priorité, c’est l’éducation! Il est encore beaucoup trop difficile pour les étudiants de recevoir une bonne éducation dans la langue seconde. Les ressources et les investissements sont insuffisants… Il faut investir dans l’éducation bilingue à tous les niveaux, municipal, provincial et fédéral. »
La formation politique propose aussi d’assurer un financement « permanent et stable des établissements d’enseignement postsecondaire dans les communautés linguistiques minoritaires du Canada, afin de fournir un soutien urgent à des établissements tels que le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, l’Université de l’Ontario français et d’autres établissements à travers le pays ».
Bloc québécois
Même s’il est un parti qui déploie des candidats uniquement au Québec, le Bloc offre quelques mesures qui touchent du même coup les francophones hors Québec. Dans son document électoral, la formation de Yves-François Blanchet se « dit solidaire des défis rencontrés par les communautés franco-canadiennes et acadiennes ».
« Le Bloc québécois luttera avec les Acadiens et les Franco-Canadiens pour s’assurer que la réforme de la Loi sur les langues officielles serve en toute priorité la capacité de ces communautés à vivre et travailler en français. »
Le Parti Populaire du Canada (PPC)
Rien concernant les langues officielles ou la francophonie n’est présent dans la plateforme du PPC.