Élections ontariennes : la victoire dans la poche pour Doug Ford?
À une semaine du jour J, les dés semblent être jetés, car les sondages donnent le Parti progressiste-conservateur vainqueur avec une marge confortable pour briguer un deuxième mandat majoritaire, du moins selon tous les sondages.
Il est vrai que les sondages qui se sont multipliés durant la présente campagne électorale ontarienne se suivent et se ressemblent, laissant par la même peu de place au suspens en reconduisant, depuis le début, le clan des progressistes-conservateurs au pouvoir. ONFR+ a analysé l’évolution des résultats de ces sondages.
À titre d’exemple, la dernière étude réalisée entre le 18 et le 21 mai par la maison Abacus Data donnait le Parti progressiste-conservateur en tête avec 36%, soit huit points d’avance sur le Parti libéral. Le même score a été observé par la firme lors de sa première enquête un mois plutôt, mais avec un écart moindre de moitié par rapport aux libéraux.
Idem pour Ipsos dont le dernier sondage prédit la victoire de Doug Ford avec 38%, soit seulement un point de moins qu’au début de la campagne électorale. À noter que l’institut prévoit une avance à deux chiffres sur le poursuivant direct, à savoir le Parti libéral.
Autre constat qu’Ipsos avance et qui donne bon signe pour la victoire du premier ministre sortant réside dans le fait que le parti de ce dernier est en tête ou en deuxième position, et ce dans toutes les régions de la province.
« Dès le début de la campagne, on se doutait fort que le gouvernement Ford allait être réélu. Et on voit jusque-là que la compagne n’a eu presque aucun impact sur les intentions de vote. Le seul changement qu’on a remarqué c’est qu’après le débat des chefs, les chiffres en faveur de M Doug Ford ont commencé à augmenter au-delà de ce qu’ils étaient en début de campagne », confirme Stéphanie Chouinard, professeure adjointe de science politique au Collège militaire royal de Kingston.
Un vote par défaut
Si l’évolution de certains sondages dans le temps montre que les votes entament timidement un regroupement autour de leader libéral, Steven Del Duca concernant la seconde place, il n’en demeure pas moins que les rouges demeurent loin derrière.
« À moins d’un événement inattendu comme un scandale, je crois que l’élection est dans la poche pour Ford », résume Mathieu Turgeon, politologue à l’Université Western et spécialiste en psychologie politique.
« La décision de l’électorat est aussi basée sur les autres options qui s’offrent à eux. Or, ce qu’on voit actuellement, c’est que ni chez les néo-démocrates ni chez les libéraux, on a réussi à convaincre l’électorat qu’il y a une meilleure option possible que celle qu’offre Doug Ford », souligne Mme Chouinard.
Et d’ajouter : « Ce que reflètent aujourd’hui les intentions de vote, c’est autant le résultat du bilan de M. Ford que l’incapacité de l’opposition à démontrer comment ils auraient pu faire mieux pour un futur meilleur. On peut dire que le 2 juin pourrait être un vote par défaut. »
Le taux d’abstention risque d’atteindre des records
À en croire donc les sondeurs et les spécialistes, les élections de 2022 ne présentent aucun suspens au mieux, et de l’ennui au pire. Une situation qui risque de conduire une partie des électeurs à ne pas prendre la peine de se rendre aux urnes le 2 juin prochain.
« Un important déterminant de la participation électorale est la compétitivité de la course. Quand un candidat semble filer seul vers la victoire, les gens tendent à moins s’intéresser à l’élection et sont davantage susceptibles de s’abstenir. Ainsi, le taux de participation s’annonce faible si les gens croient que Ford va gagner facilement, et les sondages vont dans ce sens », explique Mathieu Turgeon.
Une analyse que partage Stéphanie Chouinard avec des pincettes : « Je ne veux pas trop m’avancer là-dessus parce qu’on n’a pas des données précises pour le moment, mais ce que je peux dire c’est que lorsqu’on a des circonstances comme celles-là, souvent les gens vont avoir tendance à rester à la maison le jour de l’élection. Donc on s’attend à ce que le taux de participation cette année soit assez bas par rapport à 2018. »
La politologue fait bien de prendre des pincettes, car si les jeux semblent déjà faits quant au prochain commandant du vaisseau ontarien, des sondages qui se plantent et/ou des retournements de situation dans la chose électorale ne sont pas monnaie rare.