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Émotions, huées, annonces… Un Jour des Franco-Ontariens plein de surprises

Photo : Dominique Demers/ONFR

Discours émouvants, lieutenante-gouverneure ovationnée à Sudbury, ministre des Collèges et Universités hué, annonce d’un million de dollars de subvention, drapeau permanent à Windsor, pluie perturbatrice à Ottawa et dans l’Est… Au-delà d’être celui du 50e anniversaire du drapeau vert et blanc, ce Jour des Franco-Ontariens n’avait absolument rien d’ordinaire.

Les célébrations du 50e ont débuté en grande pompe et sous un beau soleil à Sudbury par un tintamarre lancé depuis le campus de l’Université Laurentienne et qui s’est conclu là où tout a commencé : sur le campus de l’Université de Sudbury.

Accueillie par les ovations de plusieurs centaines de personnes, la lieutenante-gouverneure de l’Ontario et marraine des festivités du 50e, Edith Dumont, a prononcé le premier d’une série de discours de dignitaires, soulignant la diversité de la francophonie actuelle et l’importance de ces célébrations.

Celle qui est célèbrement connue pour être la première franco-ontarienne à occuper ce rôle a souligné l’évolution des francophones en Ontario depuis le tout premier lever de drapeau à l’Université de Sudbury le 25 septembre 1975 : « Nos voix sont amplifiées et notre contribution au développement de l’Ontario est recherchée et appréciée. »

Puis, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, a annoncé un investissement d’un million de dollars cette année pour soutenir des événements mettant en valeur la contribution des francophones à l’Ontario et favorisant leur développement culturel et économique.

Photo : Rudy Chabannes/ONFR

À Sudbury, ministre hué et moments d’émotions

L’un des moments marquants a été l’accueil réservé au ministre des Collèges et Universités, Nolan Quinn. À son arrivée, une trentaine de personnes dans l’assistance l’ont hué, en écho à la grève des employés de soutien des collèges ontariens qui se poursuit depuis le 11 septembre.

Durant son allocution, ces manifestants lui ont ensuite tourné le dos et ont scandé des slogans pour l’exhorter à s’exprimer en français. 

La matinée a aussi été marquée par de vives émotions. Le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a versé quelques larmes dès le début de son allocution. 

« Waw, il y a du monde », a-t-il lancé avant de s’interrompre, les yeux humides, suscitant une réaction chaleureuse de l’assistance. Il est ensuite revenu sur l’histoire de la relance de l’établissement, qui a accueilli sa première rentrée plus tôt ce mois-ci avant de lancer « Bienvenue chez vous! »

Puis, la directrice générale de l’ACFO du Grand Sudbury, Joanne Gervais, qui fut elle aussi accueillie par de forts applaudissements, a rendu un vibrant hommage à son frère, Gaétan Gervais, co-créateur du drapeau franco-ontarien. 

« Je suis convaincue qu’il serait tellement honoré par votre présence en si grand nombre ce matin. Je le vois avec son sourire croche, celui qu’il avait quand il savait qu’il avait fait un bon coup », a-t-elle confié, émue. 

À Toronto, chorale sous la pluie

À Toronto, la journée a débuté à Queen’s Park, où un premier lever de drapeau s’est déroulé avec les chants de choristes d’écoles francophones, sous une pluie battante. Le vice-président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Luc Bonaventure Amoussou, s’est chargé de hisser le drapeau vers 9h30 avant que la pluie ne contraigne de poursuivre les discours à l’intérieur de l’édifice législatif.

Peu après 11h, un deuxième lever de drapeau s’en est suivi à l’hôtel de ville où la mairesse Olivia Chowa été acclamée par la foule lorsqu’elle a incité les administrés à demander plus de services en français. Dans la foulée, elle a déclaré le 25 septembre comme le jour des Franco-Ontariens dans la ville de Toronto.

La conseillère municipale Alejandra Bravo aux côtés de la mairesse Olivia Chow. Photo : Mickael Laviolle

Après que Jean Claude N’Da, président de l’ACFO-Toronto, ait hissé le drapeau, la journée s’est conclue par un concert de DJ Clem et Amadou Kienou. 

Les activités se poursuivent dans l’après-midi et en soirée avec notamment une conférence sur les services en français organisée par l’AFCO qui se déroulera à 17h30 dans la Rotonde du Metro Hall à Toronto. 

À Ottawa, 8000 jeunes au concert de la Place TD

À Ottawa, la pluie est venue jouer les trouble-fêtes. L’Association communautaire de Vanier a annulé son événement au Carré de la francophonie. L’Université d’Ottawa a annulé son tintamarre, mais a néanmoins tenu une cérémonie protocolaire à l’intérieur, en présence notamment de sa nouvelle rectrice, Marie-Eve Sylvestre, et de son vice-recteur associé, Francophonie, Yves Y. Pelletier. L’Agora du pavillon UCU était pleine de gens habillés de vert et de blanc, qui ont regardé ensemble le vidéoclip de Mon beau drapeau (nouvelle génération) et écouté l’hymne Notre place en lieu et place d’un lever de drapeau, impossible à réaliser à l’intérieur.

Une soirée de cinéma francophone et le lancement de saison du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (CRCCF) souligneront également les 50 ans du drapeau en soirée.

Photo : Rachel Crustin

À la Place TD, l’événement Ensemble, toujours debout du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) fut couronné de succès. Environ 8000 jeunes de la troisième à la huitième année ont assisté à ce grand spectacle qui réunissait les artistes franco-ontariens JOLY, Gabrielle Goulet, DJ UNPIER, Céleste Lévis, Jessy Lindsay, Kimya, Makhena Rankin Guérin, Jonathan Dion, Kingh509, Mimi O’Bonsawin, Mehdi Cayenne et Mélissa Ouimet. Le tout a été animé par deux jeunes de 12e année, Asaël et Olivier, avec un aplomb qui mérite d’être souligné.

« Ce fut un évènement historique. Quelle ambiance électrisante! C’était tellement beau de voir un rassemblement avec autant d’élèves fiers de leur culture et de leur identité francophone », a commenté le directeur de l’éducation du CECCE, Marc Bertrand, en réponse à ONFR.

Un autre spectacle aura lieu en soirée à la Place TD. Baptisé Le cinq zéro, il s’adressera cette fois au grand public.

À Windsor, un drapeau pas prêt de redescendre

Un convoi de 14 bus scolaires a acheminé les quelque 700-800 élèves venus célébrer le demi-siècle du drapeau franco-ontarien au parc Dieppe aux abords de la rivière Détroit, peu après 10h.

Un joyeux tintamarre a lancé les festivités sous un ciel clément.

De la peinture verte et des toiles blanches à l’effigie du drapeau ont été mises à disposition par l’équipe du Centre communautaire francophone de Windsor Essex Kent (CCFWEK) pour que chaque élève puisse participer à une fresque collective, en trempant et en y apposant leur pouce vert.

Le 25 septembre à Windsor a débuté, au bord de la rivière Détroit, par un tintamarre réunissant plus de 700 élèves de la région. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Des élèves du Conseil scolaire Providence venus célébrer le 50e du drapeau avec leurs enseignants. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Les élèves ont pris part à la réalisation d’une fresque commune du drapeau franco-ontarien en peignant sur des toiles. Photo : Sandra Padovani/ONFR

La communauté francophone s’est peu à peu rassemblée devant l’hôtel de ville de Windsor pour assister au lever de drapeau. Photo : Sandra Padovani/ONFR

C’est l’ACFO Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK) qui a présidé la cérémonie, avec Yasmine Joheir, la présidente, et Carole Papineau, la vice-présidente. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Drew Dilkens, le maire de Windsor, annonce que le drapeau franco-ontarien sera désormais hissé de façon permanente devant l’hôtel de ville. Photo : Sandra Padovani/ONFR

L’étendard franco-ontarien qui flotte devant la mairie de Windsor après le lever de drapeau. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Des professeurs francophones de l’Université de Windsor, dont Emmanuelle Richez, après le lever de drapeau au coeur du campus avec, entre autres, le député francophone de Windsor-Tecumseh Andrew Dowie. Photo : Sandra Padovani/ONFR

La foule s’est ensuite déplacée à pied et en musique jusque devant la mairie de Windsor pour assister à 11h au lever du drapeau franco-ontarien, organisé par l’ACFO Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO-WECK).

Près de 1000 Franco-Windsorois, de naissance et d’adoption se sont ainsi réunis.

Le maire de Windsor Drew Dilkens a créé la surprise en annonçant que ce drapeau cher à la communauté francophone serait désormais hissé de façon permanente devant la mairie de Windsor.

« Chaque année vous m’inspirez avec la fierté que vous avez à être Franco-Ontariens. C’est un honneur pour moi de hisser ce drapeau en ce 50ème anniversaire. »

Deux élèves du secondaire de chacun des conseils scolaires Via Monde et Providence ont également exprimé leur fierté de leur appartenance franco-ontarienne et l’importance que revêt le 50e anniversaire de leur drapeau.

Le DJ montréalais Lionel Groove a ensuite ambiancé toute la foule de son rap francophone.

Vers 13h, l’Université de Windsor a elle aussi organisé son propre lever du drapeau franco-ontarien, et ce, pour la deuxième année consécutive. Présidé par Emmanuelle Richez, professeure agrégée du département des Sciences politiques de l’université et vice-présidente du Conseil scolaire Viamonde, le corps enseignant et les élèves francophiles et francophones étaient au rendez-vous pour ce 50e anniversaire.

Dans l’Est, un cinquante géant

Plus de 600 élèves de l’École élémentaire catholique Embrun ont célébré le 25 septembre le 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien.

La célébration s’est voulue marquante en touchant les 5 sens, mais surtout les cœurs. 

Musique, danse, mascotte, photo collective où toute la communauté scolaire forme ensemble un 50 géant, sans oublier les petits gâteaux verts et blancs : rien n’a été laissé au hasard pour faire de la journée un moment inoubliable.

Photo : Amine Harmach/ONFR

Des activités sportives et artistiques en français, animées par et pour les élèves de la maternelle à la 6e année, ont précédé un grand tintamarre au Monument de la francophonie à Embrun, finalement reporté au vendredi 26 septembre en raison de la pluie.

« Dès la rentrée, nous avons commencé à parler du 50e de notre drapeau pour créer un engouement. Plusieurs élèves et membres du personnel se sont impliqués afin de rendre cette journée des plus mémorable », souligne Marie-France Grégoire-Cayer, enseignante ressource. Selon elle, plusieurs personnes ont mentionné avoir ressenti des frissons pendant « que toute notre communauté scolaire était rassemblée pour chanter Mon beau drapeau ».

« La fierté était au rendez-vous! Notre but ultime est de faire aimer la francophonie, car au bout du compte, on protège toujours ce que l’on aime », a-t-elle conclu. 

Ailleurs en Ontario

Kapuskasing.

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Sarnia.

Welland.

North Bay, la ville d’origine de l’un des créateurs du drapeau, Michel Dupuis, disparu en 2018. La famille Dupuis était d’ailleurs présente pour la cérémonie dans cette ville qui a récemment décidé de le hisser de manière permanente dans un proche avenir. Photo : gracieuseté des Compagnons des Francs Loisirs de North Bay