Enrichissement culturel au cabaret africain de Sudbury

SUDBURY – Organisé par Contact interculturel francophone de Sudbury, le cabaret africain tiendra sa 22e édition le 26 mars à guichet fermé. Musique, défilé de mode et buffet africain attendent les 350 participants issus des différentes communautés francophones qui auront une belle occasion d’apprendre à mieux se connaître dans une ambiance festive.

« Ça va péter l’feu! », lance l’artiste reggae Bobo William, en entrevue avec ONFR+.

Originaire de la Côte d’Ivoire, le chanteur s’apprête à faire groover le public comme lors de chacune de ses prestations à cet événement. « La dernière fois, ça dansait sans arrêt! », se souvient-il.

Bobo William en spectacle. Gracieuseté

La ville de Sudbury reçoit chaque année de nombreux nouveaux arrivants issus de l’Afrique francophone. Selon le coordonnateur du cabaret, Gouled Hassan, cette fête reflète cet apport culturel des communautés venues de partout à travers le continent. « C’est un événement qui montre que la communauté francophone est en train de changer et que la diversité prend de plus en plus d’espace », explique-t-il.

Attirés par les études postsecondaires, le regroupement familial ou encore les perspectives professionnelles, les Africains francophones représentent un visage de plus en plus présent dans la communauté d’expression française de la région. « Le but est d’avoir une présence dans le tissu social afin que l’on puisse retenir ces personnes et qu’elles ne soient pas seulement ici de façon transitoire », continue M. Hassan.

Bobo William abonde dans le même sens. « C’est vraiment très bon pour les nouveaux arrivants, ça leur montre qu’ils sont bien arrivés à leur nouvelle destination et qu’ils ne manqueront de rien au niveau culturel ».

L’intégration par les échanges

Considéré comme l’un des, sinon le, plus ancien événement célébrant les cultures africaines en Ontario, le cabaret se voulait à l’origine une façon de faire sortir les familles issues de l’immigration africaine francophone de chez elles en leur donnant un espace où elles pouvaient se sentir confortables.

Alors qu’il ne rejoignait que 70 personnes à ses débuts, le cabaret a tenu des événements avec 500 participants dans les dernières années et vise à faire découvrir l’apport culturel africain aux autres membres de la communauté francophone.

Meron Yeshoa (left) and Gouled Hassan, chair of the CIFS board of directors, (right) at the 21st annual African Cabaret. (Keira Ferguson/ Sudbury.com)
Gouled Hassan accompagné de sa femme Meron Yeshoa. Gracieuseté

Bien que le continent africain a souvent mauvaise presse en raison des guerres ou encore de la famine, Gouled Hassan a bon espoir de changer cette perception et ainsi mener à de meilleurs rapports interculturels.

« En Afrique, il y a aussi la joie, la paix, le bonheur, la gaieté et des gens qui s’amusent! », raconte-t-il. « À la fin de la journée, on a beaucoup plus à partager qu’on a de choses qui nous différencie. Si je vis avec vous, comme vous pour une soirée, je vais finir par mieux comprendre qui vous êtes comme humain. »

« Si je suis l’étranger, je viens avec un bagage culturel. Par un événement comme celui-là, je peux me présenter à vous, montrer que je ne suis pas venu avec des bagages et que j’apporte quelque chose dans ce pays », explique le professeur de communication de l’Université d’Ottawa, Boulou Ebanda De B’Beri.

Avec ces rencontres, les stéréotypes sont chassés par la connaissance de l’autre ce qui mène à la création d’une société plus inclusive. « Les stéréotypes sont la base du racisme. Le racisme est un ensemble de croyances que l’on développe sur un groupe d’individus. On détermine les gens alors qu’on ne les connaît pas. C’est ce qui mène à la haine sur certains groupes personnes », renchérit M. De B’Beri, en entrevue avec ONFR+.

L’évolution infinie de l’identité

Selon l’académicien, des événements comme le cabaret africain permettent de construire l’identité collective d’un lieu par l’apport des différentes cultures.

« Si on ne regarde pas ce type de fête de haut, on crée une société où plusieurs de ces événements viennent construire une identité nationale à commencer par l’identité de Sudbury qui peut se définir comme une ville avec une diversité de cultures en son sein », explique ce spécialiste des communications interculturelles.

Le professeur Boulou Ebanda De B’Beri. Gracieuseté

Par ce processus, les citoyens se sentent appartenir à un collectif, peu importe leur pays d’origine.

« L’identité est un processus qui n’est pas figé dans le temps et l’esprit », affirme Boulou Ebanda De B’Beri. « L’identité canadienne se construit tous les jours. Toutes les nouvelles valises qui s’ouvrent et qui montrent ce qu’elles contiennent permettent de l’enrichir. »

Alors que le Canada prône le multiculturalisme politique comme modèle d’intégration des nouveaux arrivants, Gouled Hassan se montre légèrement critique en disant que cela peut mener les citoyens à cohabiter chacun dans leur culture. « Notre approche est l’interculturalisme, l’idée est que chacun amène un peu de nous autour de la table et on contribue à changer la table avec cette communauté-là. On change notre image et on change avec la communauté. C’est une transformation bilatérale », conclut-il.

Le cabaret africain de Sudbury. Gracieuseté