L’auteur-compositeur-interprète acadien louisianais de renom Zachary Richard a présenté la conférence d’ouverture, « Réveil » de la langue et de l’identité acadienne et francophone, avant de prendre part au panel sur le même thème. Photo : Rachel Crustin/ONFR

POINTE-DE-L’ÉGLISE – Versant plus politique et idéologique, durant ce Congrès mondial acadien, la Société nationale de l’Acadie (SNA) organise des États généraux pour réfléchir à l’avenir et à la pérennité de la communauté acadienne. Un projet de développement commun aux quatre provinces de l’Atlantique pourrait en émerger, pour définir les contours de l’Acadie de demain. Retour sur les débats organisés par plusieurs personnalités acadiennes et francophones emblématiques.

La Société nationale de l’Acadie (SNA), a organisé la tenue d’« États généraux », un état des lieux consultatif de la situation pour « nourrir les grandes orientations du peuple acadien ».

« Porte-parole du peuple acadien depuis 1881 », elle regroupe des organismes clés de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador et de l’Ile-du-Prince-Édouard. La SNA est également le seul organisme hors gouvernement qui a une entente bilatérale avec la France et elle entretient des liens forts avec la Belgique, le Québec, La Louisiane, le Maine, etc.

« Ces États généraux s’inscrivent dans une suite de consultations précédentes entre 150 acteurs de la francophonie, dont les provinces du Canada, les États-Unis, la France pour choisir là où l’on va pour l’avenir de l’Acadie », a expliqué son président Martin Théberge.

« Le réel objectif de ces deux jours de discussions est de se doter d’une vision d’avenir : que le peuple acadien exprime ce qu’il veut et que chacun puisse y contribuer à sa façon », à l’issue desquelles, un rapport final de recommandations sera publié.

C’est le renommé auteur-compositeur-interprète acadien louisianais Zachary Richard qui a présenté la conférence d’ouverture, « Réveil » de la langue et de l’identité acadienne et francophone, « pour éveiller le public à défendre leur langue et leur identité acadienne et francophone ».

Il a été acclamé à maintes reprises sous les tonnerres d’applaudissements d’un public admiratif.

Photo : Rachel Crustin/ONFR

Celui-ci, qui a raconté l’histoire de la déportation de sa famille acadienne francophone unilingue en Louisiane au moment du Grand dérangement (la déportation du peuple acadien par les Anglais au 18e siècle), s’est exprimé sur sa vision du français.

« La langue française est en danger, il faut qu’on se donne nos propres moyens. Il faut miser sur l’inclusion, partager aux immigrants cette fierté qui nous fait vibrer », évoquant la diversité de la jeunesse francophone en Louisiane à qui « il faut inculquer ce sens d’appartenance féroce ».

Quête d’identité et enjeu de la langue

L’artiste a également pris part à un panel de discussion sur cette thématique aux côtés de Raymond Théberge, le commissaire aux langues officielles du Canada, Jean-François Roberge, le ministre de la Langue française du Québec et Mathieu Gingras, le directeur du développement au bureau du recrutement étudiant à l’Université de Moncton.

Pour ce dernier, l’Acadie se distingue par une quête d’identité profonde, tandis que Raymond Théberge a souligné « la langue française qui nous rassemble ».

Parmi les axes majeurs : la culture communautaire commune, mais aussi la reconnaissance officielle de l’Acadie au niveau gouvernemental.

Il est nécessaire de renforcer les postures linguistiques
— Zachary Richard

« Les Acadiens sont très semblables aux Québécois, a notamment comparé le ministre Roberge. On a l’aspiration commune de pouvoir exister sans devoir s’excuser pour ce que nous sommes. Une aspiration de prospérer et de se projeter en avant avec confiance. »

Zachary Richard a pointé comme défis majeurs l’assimilation et le déclin de la langue française, vecteur primordial de la culture acadienne.

« Il faut faire un lien direct entre la langue française et l’identité acadienne et c’est le grand défi. Il est nécessaire de renforcer les postures linguistiques. »

« En somme, c’est une réflexion sur l’identité, la fierté, l’attachement à un héritage et la réflexion sur l’avenir de cette identité, a résumé Zachary Richard en entrevue avec ONFR. Des défis communs, des solutions communes et des opportunités de collaboration pour renforcer la grande Acadie par la ténacité des différentes communautés ».

Article réalisé avec la collaboration de Rachel Crustin.