Fragile trêve entre les élus municipaux de Nipissing Ouest
STURGEON FALLS – Après plusieurs mois de dysfonctionnement, les travaux du conseil municipal ont repris leur cours normal mardi soir. Le retrait d’une motion controversée soutenue par la mairesse, Joanne Savage, a finalement permis de débloquer la situation mais des tensions demeurent et un siège laissé vacant depuis un an et demi peut à tout moment entraîner un nouveau blocage.
Se dirige-t-on vers une sortie de crise à Nipissing Ouest? Les conseillers municipaux ont au moins avancé dans l’ordre du jour en mettant de côté une motion qui divisait depuis novembre dernier. Ils ont notamment voté à l’unanimité plusieurs dossiers comme la politique de vaccination municipale.
Une autre question en suspens a aussi été abordée mais non résolue : il s’agit de pourvoir le poste du quartier 7, vacant depuis la démission du conseiller Jeremy Séguin. Ce dernier avait claqué la porte pointant un climat toxique au sein du conseil. Pour être validée, une élection partielle doit être lancée avant le 31 mars prochain, un délai très court qui pourrait pousser le conseil à plutôt opter pour la nomination d’un successeur. L’absence de ce huitième conseiller empêche régulièrement de trancher les décisions lors de votes serrés, créant deux camps qui s’invectivent et se neutralisent.
Satisfait du retrait de la motion, le conseiller Dan Roveda est revenu mardi soir à la table du conseil. Il estime qu’avec cette motion le conseil faisait « de la politique sur le dos de nos citoyens et ça n’a pas d’allure ». À la fin de la réunion, il a convenu que « tout le monde est un peu tendu mais on est arrivé à discuter : les gens ont fait l’effort de travailler ensemble pour le bien de la communauté ».
« J’ai beaucoup de frustration », a réagi de son côté la conseillère Lise Sénécal, évoquant « des conflits personnels qui existent depuis années » entre des membres du conseil. « Depuis quand un conseil municipal devrait-il être gouverné par un groupe de conseillers qui nous disent que faire sinon ils ne viennent pas en réunion? C’est dommage et c’est la municipalité qui paye. »
De vives tensions persistent donc. La séance municipale s’est d’ailleurs achevée non sans remous par la nomination d’un député-maire. « Des conseillers font tout le temps des attaques sur le staff de la municipalité. Ça fait trois ans que ça dure », affirme le conseiller Roland Larabie. Selon lui, une des façons de s’en sortir consisterait à mettre à l’ordre du jour d’une prochaine assemblée la mise en nomination du conseiller municipal manquant.
Des citoyens excédés par des mois de blocage
Depuis plusieurs mois, les résidents sont excédés par ces querelles qui paralysent la vie municipale. À l’origine d’une pétition qui a recueilli près d’un millier de signatures, Lynn Murphy perçoit dans la reprise des travaux à l’ordre du jour une lueur d’espoir, mais reste vigilante.
« La pétition et la pression politique exercée par le ministère a certainement eu un impact », croit-elle. « Et il était temps (…). Même si les services municipaux continuent, on voit que ça a eu des impacts dans toutes sortes de choses : il y a des dossiers qui attendent comme les séparations de terrain par exemple et on se pose des questions sur les taxes. »
D’autres résidents pensent toutefois qu’il faudra en passer par une nouvelle élection pour balayer définitivement les divisions et aboutir à un conseil municipal complètement fonctionnel. C’est le cas de Ronald Demers : « J’ai un gros doute que ça revienne à la normale avant la prochaine élection », glisse-t-il, sceptique. « Les principes de bonne gouvernance sont essentiels mais, dans ce cas-ci, ce n’est pas évident. (…) Il y a un manque de respect mutuel des deux côtés pour des affaires personnelles alors qu’ils devraient être là pour le bien-être de la communauté. »
« En tout cas, la réunion a eu lieu et les affaires avancent, même s’il y a des désaccords », se satisfait au moins Mme Murphy qui compte suivre attentivement les prochains développements. « C’est positif. Espérons que la prochaine réunion au sujet du quartier vacant sera discutée et adoptée. »
Contacté par ONFR+, le ministère des Affaires municipales et du Logement, n’était pas en mesure de répondre à nos questions au moment d’écrire ces lignes mais assure suivre ce dossier de très près.