Français, Belges et Suisses de l’Ontario rêvent de soulever la coupe de l’Euro

Des supporters français au match France-Allemagne à Toronto, dont le consul général de France au premier rang. Crédit image: FrancoFoot

TORONTO – Alors que de l’autre côté de l’Atlantique les grandes nations européennes s’affrontent dans l’Euro 2020 pour tenter de décrocher le trophée ultime du soccer continental, ONFR+ a pris le pouls en Ontario des partisans des trois pays francophones qui jouent leur va-tout dans les phases éliminatoires, dimanche et lundi. Ambiance électrique et pronostics inconciliables, à quelques heures des huitièmes de finale.

C’est l’histoire d’un Français, d’un Belge et d’une Suisse… En Europe, les blagues commencent souvent ainsi mais, cette fois, il s’agit de tout sauf d’une plaisanterie. On parle de l’Euro de football avec trois supporters : Olivier, Arnaud et Charlotte.

Même si la route est encore longue et semée de tacles glissants ou de buts en or, chacun entretient l’espoir que son pays d’origine sorte vainqueur de la prestigieuse compétition de soccer du vieux continent.

Lors des jours de matches du « groupe de la mort » (composé de l’Allemagne, du Portugal, de la France, de la Hongrie), les rues du quartier torontois Little Portugal se sont enflammées pour les champions en titre portugais. Les supporters français seraient presque passés inaperçus sans les retransmissions sur écran géant diffusées au RendezViews, une aire de stationnement convertie en gigantesque terrasse.

En partenariat avec FrancoFoot, le PSG Fan Club Toronto, l’ACFO Toronto et le Consulat général de France à Toronto, Olivier de Bregeas y donne rendez-vous aux accros du ballon rond à chaque match des tricolores doubles champions du monde.

Le Français de Toronto Olivier de Bregeas, organisateur de FrancoFoot. Gracieuseté

Olivier : « Grosse émotion de se retrouver avec la communauté »

Grâce à sa victoire sur l’Allemagne et ses deux nuls sur la Hongrie et le Portugal, la France s’est qualifiée pour les huitièmes de finale où elle retrouvera la Suisse. « Les places se réservent en moins de deux minutes. La Marseillaise (hymne de la France) est un moment de grosse émotion de se retrouver avec la communauté », raconte Olivier de Bregeas qui explose de joie à chaque but et ne rate pas un chant de supporter.

Selon lui, la défense solide des Bleus pourrait leur permettre de se frayer un chemin jusqu’en finale mais « on aimerait voir nos attaquants : Benzema et Mbapé doivent se libérer ». S’il redoute une équipe? Sans hésiter, il répond la Belgique.

Le Belge d’Ottawa Arnaud Griess espère voir son équipe vaincre le Portugal en huitième de finale. Gracieuseté

Arnaud : à la radio, à la télé… l’Euro à demi-confiné

Arnaud Griess ne le contredira pas. Ce Belge d’Ottawa a savouré le parcours sans faute de son équipe nationale en phase de poule : trois matches, trois victoires. « Ils ont un bon sens du placement et sont capables de retourner la situation en leur faveur. Le premier match contre le Danemark les a mis en confiance. Les joueurs Debruyne et Lukaku sont impressionnants, très techniques, et ont la volonté de tout donner pour l’équipe. »

Ce Liégeois convient que le déconfinement qui commence tout juste en Ontario n’est pas propice à de grosses célébrations festives. Son activité professionnelle, conjuguée au décalage horaire, lui complique la tâche. « Je regarde quelques mi-temps, via la RTBF (la Radio-Télévision belge de la communauté en français) ou j’écoute à la radio. »

Il estime qu’il ne faut pas négliger la France et la Suisse. « La France est la plus belle équipe sur le papier, car elle a un réservoir de talents à tous les postes. Quant à la Suisse, ils nous ont éliminés en ligue des Nations en 2018 et leur attaquant vedette Shaqiri est impressionnant. »

La Suissesse de Toronto Charlotte Mariller regardera le match Suisse-France avec son voisin français. Gracieuseté

Charlotte : « Le seul moment où on se sent tous Suisses »

Shaqiri est l’un des joueurs favoris de Charlotte Mariller. La Suisse installée à Toronto suit aussi de près Zakaria et Mbabu. Elle a vu toutes les prestations de l’équipe helvète et dresse un bilan mitigé avec un nul, une victoire et une défaite, des scores suffisants tout de même pour se qualifier, car la Suisse a été repêchée parmi les meilleurs troisièmes de groupe.

Contrairement aux deux premiers matches lors desquels elle a dû se contenter de sa télévision, la vice-présidente du Swiss Club de Toronto a pu suivre Italie-Suisse dans un patio torontois, un plaisir au goût amer.

« Perdre 3-0 contre l’Italie était décevant », soupire cette Genevoise qui souligne le contraste entre la ferveur en Suisse où nombre de restrictions sanitaires ont été levées. « Ça fait un an que je ne suis pas rentrée en Europe à cause de la COVID-19, alors regarder les matches ici est une façon de me sentir connectée avec ma famille, car je sais que mon frère et mon père regardent aussi. On vit la même chose au même moment. »

Dans un pays divisé linguistiquement, elle raconte que l’Euro de football est « le seul moment où on a tous l’impression d’être Suisses ». Elle entretient l’espoir que son équipe nationale aille loin dans la compétition « même si j’imagine que ça ne sera pas le cas » avec un huitième de finale qui place la barre très haut face à la France.

En 90 minutes, tout est possible, conviennent Charlotte, Arnaud et Olivier, des francophones du bout du monde qui rêvent de soulever la coupe.