Colombie-Britannique. Crédit image: Canva.
Les électeurs sont attendus aux urnes le samedi 19 octobre en Colombie-Britannique. Photo : Canva

VANCOUVER – Les habitants de la Colombie-Britannique éliront samedi leur gouvernement dans le cadre des élections provinciales dans une lutte à deux entre les néo-démocrates au pouvoir depuis sept ans et les conservateurs. De leur côté, les francophones ne constituent qu’une maigre partie de la population, ce qui dilue leur pouvoir politique malgré quelques gains dans les dernières années.

Le premier ministre David Eby a déclenché des élections le 21 septembre dernier et les électeurs sont attendus aux urnes ce samedi dans le cadre des 43e élections provinciales.

Selon le site de sondage 338 Canada en date de mercredi, le NPD et le Parti conservateur sont nez à nez, avec les néo-démocrates légèrement en avance au niveau du nombre de sièges (51 contre 40). Les néo-démocrates sont au pouvoir depuis 2017, mais leur chef, David Eby, n’est premier ministre que depuis deux ans.

Son adversaire John Rustad, un ancien ministre et politicien libéral, reste un inconnu du grand public ayant été élu chef conservateur en 2023. Après avoir quitté les libéraux en 2022, John Rustad a rallié en août dernier un autre parti, le BC United (qui était auparavant nommé le Parti libéral de la Colombie-Britannique jusqu’à 2023) pour faire partie des conservateurs provinciaux, deuxième parti en importance dans la province.

David Eby est le chef néo-démocrate et premier ministre depuis 2022 en remplacement de John Horgan qui avait quitté son poste pour des ennuis de santé.
David Eby est le chef néo-démocrate et premier ministre depuis 2022, succédant à John Horgan qui avait quitté son poste pour des ennuis de santé. Crédit image : Stéphane Bedard

Mais le fait que les deux chefs sont des personnages « très ternes » fait en sorte que « ce n’est pas une campagne qui nous fait rêver et qui nous excite », observe Rémi Léger, professeur de sciences politiques de l’Université Simon-Fraser.

La campagne se concentre principalement sur les enjeux du logement, l’économie, la crise des opioïdes et des drogues, ainsi que l’itinérance qui frappe sévèrement la Colombie-Britannique.

« C’est une campagne un peu lourde au ton morose et au message très lourd et négatif. Chaque jour, les deux principaux partis nous parlent des problèmes », observe Rémi Léger.

Le politologue s’attend à une campagne serrée entre les deux partis qui se jouera dans quelques circonscriptions de la banlieue à Vancouver. Le nombre de sièges minimal pour obtenir une majorité est de 47.

« Les intentions de vote sont tellement proches qu’on pourrait se retrouver avec des 46-46-1 ou du 47-45-1. Ça va se jouer dans les marges de quelques sièges », prédit M. Léger.

Les francophones dans tout ça?

En raison de leur nombre dilué à travers la province, les Franco-Colombiens n’ont pas le poids nécessaire pour faire bouger l’aiguille, calcule Marie-Nicole Dubois, la présidente de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB).

Les francophones de la Colombie-Britannique (ceux capables de soutenir une conversation en français) composent près de 6,6% de la population provinciale. À titre comparatif, 11,1 % des Ontariens sont capables de converser en français.

« On n’a pas le pouvoir du nombre nulle part. Il n’y a pas de bastions francophones comme on peut voir dans les autres provinces. Ça fait une différence au niveau à quel point on peut être écouté quand on demande quelque chose », affirme-t-elle en entrevue.

Dans les dernières années, les francophones ont eu des miettes, analyse Rémi Léger, mais avec le NPD, « au moins il y avait des miettes », ce qui donne « l’impression qu’on fait des pas », nuance-t-il. Il cite la nouvelle politique sur les services en français et l’ouverture prochaine d’un centre de services de santé bilingue à Vancouver comme avancements.

« On a eu une politique sur les services en français qui reste encore une fois très conservatrice, mais au moins on a des mots sur une page et des engagements que le gouvernement veut travailler avec les organismes communautaires. C’est mieux que rien », soutient le professeur de l’Université Simon-Fraser.

« Ça avance plus vite que la modernisation de la Loi sur les langues officielles (au fédéral), compare Marie-Nicole Dubois de la FFCB. Les fonctionnaires ont pris ça en main et sont intéressés à ce que ça marche et que ça soit mis en place. On espère que ça va continuer, car si c’est le cas, c’est parce qu’ils ont eu le mot d’ordre du gouvernement de le faire », ajoute-t-elle.

Il reste toutefois des défis, notamment dans le système d’éducation, le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique étant toujours devant les tribunaux dans son dossier de longue haleine l’ayant emporté jusqu’en Cour suprême.

« On a eu une belle relation (avec le NPD). On est à l’écoute et on travaille ensemble du mieux qu’on peut. C’est sûr qu’on aimerait que ça avance plus vite, surtout au niveau des écoles. Je vous dirais que la porte n’est pas fermée. Pour les conservateurs, si c’est eux qui sont élus, on va aller les rencontrer pour les sensibiliser à la plus-value du fait français », escompte la présidente de la FFCB.

L’organisme provincial s’est allié avec l’organisation Canadian Parents for French dans cette campagne pour mettre de la pression auprès des partis politiques et mousser l’importance des programmes d’immersion en français dans la province ce qui a valu une réponse du NPD (voir fichier plus bas), souligne Mme Dubois.