La francophonie ontarienne se rassemble à Toronto pour « évoluer et aller plus loin »
RICHMOND HILL – Sous le thème évocateur « Nous sommes… nous serons », l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) ouvre du 22 jusqu’au 25 octobre 2025, son congrès annuel à Richmond Hill. Un rendez-vous qui s’annonce comme un moment charnière dans l’histoire du fait français en Ontario.
Cette édition revêt une signification particulière : elle s’inscrit dans la continuité des États généraux de la francophonie ontarienne, lancés en mars 2025. Cette vaste consultation, amorcée à l’échelle de la province, vise à repenser collectivement les structures, les priorités et la mobilisation du réseau francophone pour les années à venir. Le congrès des prochains jours représentera ainsi une étape clé pour approfondir les échanges et tracer des pistes d’action concrètes.
« Ce congrès vient poursuivre le grand chantier des États généraux de la francophonie ontarienne, amorcé plus tôt cette année. C’est un moment clé de réflexion, de dialogue et de mobilisation pour tracer collectivement les grandes orientations de notre avenir », souligne Fabien Hébert, président de l’AFO.
Selon lui, cette édition « est vraiment un moment charnière pour la francophonie ontarienne ». Il ajoute : « On doit se questionner sur les actions à prendre pour continuer d’avancer. Les modèles qu’on a utilisés dans les cinquante dernières années doivent évoluer pour nous permettre d’aller plus loin. »
Un espace de convergence et de co-construction
Durant quatre jours, le congrès se transformera en un véritable laboratoire d’idées, réunissant élus, experts, bailleurs de fonds, représentants communautaires et membres du grand public. Au programme : conférences, panels thématiques, causeries, ainsi que des ateliers participatifs portant sur des enjeux essentiels : de l’identité francophone à l’immigration, en passant par la complétude institutionnelle, le financement, la gouvernance et le vivre-ensemble.
Le congrès s’ouvre officiellement le mercredi en soirée avec un cocktail de bienvenue et la remise du Prix de la francophonie, en présence de Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l’Ontario. Son ministère doit d’ailleurs faire une annonce le jeudi soir dans le cadre de cette réunion de la francophonie ontarienne.
M. Hébert évoque « un moment de célébration » : « On reconnaît les efforts et le travail ardu des membres de la communauté. La même chose avec le gala : c’est un moment pour célébrer la collectivité. »
Des discussions lucides et décisives
Une présentation d’ouverture le jeudi matin, intitulée « Changer ou disparaître? Portrait de la situation de la francophonie en Ontario », dressera un état des lieux lucide du français dans la province, entre reculs démographiques et nouveaux leviers d’action. Des discussions politiques, comme le Laboratoire sur la complétude institutionnelle, permettront d’explorer des solutions concrètes pour renforcer les institutions francophones et garantir des services équitables dans la langue de Molière, indique le programme de l’AFO.
Le président rappelle toutefois que le contexte politique actuel ajoute un sentiment d’urgence : « On arrive dans un moment où le gouvernement fédéral parle d’austérité et de coupures de financement. Ces annonces donnent peut-être un ton plus grave à notre réflexion, mais elles renforcent aussi la nécessité d’agir et de bâtir les bons mécanismes pour l’avenir. »
Enfin, le Gala des Prix de reconnaissance 2025 qui aura lieu vendredi soir viendra clôturer le congrès en célébrant les personnes dont le travail et l’engagement contribuent à faire briller la langue et la culture françaises à travers la province.
Un rendez-vous à la croisée des chemins
Pour Peter Hominuk, directeur général de l’AFO, cette édition se déroule à un moment décisif : « En 2025, nous poursuivons notre démarche de renouvellement collectif avec les États généraux de la francophonie ontarienne. Cette grande conversation communautaire nous invite à réfléchir ensemble à l’avenir de notre réseau, à nos défis communs, mais surtout à nos solutions et à notre capacité de rebond. »
Ses mots résonnent particulièrement dans un contexte où la francophonie ontarienne fait face à des défis historiques : démographiques, linguistiques et institutionnels, tout en cherchant à affirmer son rôle dans un Ontario de plus en plus diversifié. Le congrès se veut donc plus qu’un événement annuel, soutient l’AFO : un appel à l’action pour penser à la francophonie de demain, plus inclusive, plus audacieuse et mieux outillée pour affronter les réalités du 21e siècle.
Une francophonie à réinventer, ensemble
Plus de cinquante ans après le premier congrès de 1969, un moment fondateur du mouvement franco-ontarien moderne, l’édition 2025 entend renouer avec cet esprit de refondation. Sous le mot d’ordre « Nous sommes… nous serons », l’AFO invite toutes les générations à participer à cette conversation historique sur l’avenir collectif de la francophonie ontarienne.
Comme le rappelle Fabien Hébert, « le congrès annuel, c’est avant tout un espace vivant où se rencontrent les idées, les voix et les espoirs de toute notre communauté. Ensemble, nous célébrons la vitalité de notre francophonie tout en posant les bases d’un Ontario français uni dans sa diversité, audacieux dans ses ambitions et solidaire dans ses actions. »
Et de préciser, à propos des suites à donner : « Lors de notre assemblée annuelle, on a toujours les vœux du plancher, les grandes lignes de nos actions politiques pour la prochaine année. C’est un point culminant pour l’AFO, car on reçoit nos directives claires de la part de la membriété. On verra ce que la communauté nous dira, tout en lui présentant les avancées réalisées depuis l’an dernier. »