Fusion des conseils scolaires : les francophones divisés mais prudents

Le conseil scolaire Mon avenir reçoit un financement de 13,3 millions de dollars pour construire une nouvelle école francophone dans la banlieue de Toronto. Archives

TORONTO – La fusion des conseils scolaires par le gouvernement ontarien n’est encore qu’une rumeur. Mais l’hypothèse évoquée pour la première fois dans un reportage de la chaîne Global fait jaser. Interrogée par #ONfr, la ministre de l’Éducation, Lisa Thompson, n’a pas nié cette possibilité. De quoi faire réagir la communauté francophone.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Bien sûr, c’est la prudence qui domine tant la fusion des conseils scolaires comprendrait plusieurs scénarios : fusionner les conseils catholiques et publics sous un seul système ou bien, diminuer le nombre des 72 conseils scolaires par des regroupements. Sans compter que rien n’a été encore annoncé officiellement par le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford.

Ancien président du Conseil scolaire Viamonde, Jean-François L’Heureux est redevenu aujourd’hui « un citoyen francophone ». Plus que jamais, les fusions sont, pour lui, logiques. « Actuellement, il y a une bataille entre les conseils scolaires francophones pour recruter des élèves et le financement de nouvelles écoles. Tout cela n’est pas dans l’intérêt des familles ayants droit, car certaines régions ne sont pas desservies du tout, d’autres que par les catholiques…. Or, tous les nouveaux arrivants ne sont pas catholiques. Les parents doivent alors souvent faire le choix de l’immersion ou du système anglais. »

Sans cette « concurrence malsaine », l’ancien président de Viamonde estime que les conseils scolaires francophones pourraient même atteindre 140 000 élèves au lieu d’un peu moins de 110 000 aujourd’hui. « Prenez le Conseil scolaire de district catholique des Aurores boréales (CSDCAB). Il y 800 élèves, 10 % de l’argent va à l’administration…. Ça pourrait facilement être absorbé par un autre conseil…. L’argent qui va dans l’administration ne va pas dans les salles de classe… »

M. L’Heureux enfonce le clou, citant l’exemple de l’école secondaire catholique Saint-Frère-André qui partage ses locaux avec l’école secondaire publique Toronto-Ouest. « S’il n’y avait qu’un seul conseil, on aurait la possibilité d’avoir un enseignant de musique à temps plein et des ressources spécialisées aussi à temps plein. »

Les conseils catholiques doutent des économies

Du côté des conseils scolaires catholiques, on se montre tout de même prudent. Les rumeurs restent des rumeurs pour l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC). « Nous avons reçu un appel de la sous-ministre de l’Éducation qui nous a dit que ce n’était pas une priorité. Je viens d’apprendre que ce document ne se rendrait pas au conseil des ministres. On me dit que ça ne sera pas prochainement », laisse entendre le directeur général Benoit Mercier.

« Il y a des études qui démontrent que la fusion pose plus d’ennuis que de réduire les problèmes. Il pourrait y avoir des perturbations dans les zones de fréquentation scolaire. Les économies seraient minimes. »

Sur les médias sociaux ce mardi, notre article a pour le moins suscité le débat. « Lorsque j’ai fait parvenir une lettre aux conseils scolaires, il y a deux ans, sur un sujet important, la plupart des dirigeants francophones ont brillé par leur manque de commentaires (…) Devinez pourquoi je ris aujourd’hui », écrit le militant francophone Basile Dorion, de Penetanguishene.

En 2017, l’ancien conseiller scolaire avait fait parvenir une lettre à trois conseils scolaires francophones du Sud de l’Ontario pour leur demander de réduire le nombre d’élèves anglophones qu’ils acceptent dans leurs écoles.

L’AFO et l’AEFO attendent

Quid du côté des organismes? #ONfr a interrogé l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), mais sans obtenir de réponse concrète.

« Il serait trop tôt pour l’AEFO de commenter une information non confirmée ou avec très peu de détails. L’AEFO préfère attendre d’obtenir plus d’information de la part du gouvernement avant de se prononcer sur le sujet », nous indique-t-on dans un échange de courriels.

L’AFO juge quant à elle l’enjeu encore trop « hypothétique » pour se prononcer.


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