Guy Madore, une flamme brûlante pour Pierrette et la musique franco-ontarienne
[LA RENCONTRE D’ONFR+]
VERNER – Il y a près de deux mois, le monde culturel franco-ontarien a perdu sa plus grande partisane en Pierrette Madore. Reconnue depuis près de 40 ans pour aller aux quatre coins de la province pour voir les prestations musicales des différents artistes franco-ontariens, la dame de Verner laisse derrière elle une impressionnante collection de photos et d’archives d’événements musicaux. Son mari Guy Madore entend honorer sa femme en continuant la tradition de parcourir la province pour aller voir ces artistes et garder intacte cette collection d’archives.
« Comment se sont passés les deux derniers mois depuis le décès de votre femme? »
Il y a des hauts et des bas avec des journées qui sont meilleures que d’autres. J’ai beaucoup de souvenirs. Je suis bien entouré avec la famille de ma femme et plusieurs artistes qui communiquent avec moi souvent. J’ai beaucoup d’amis encore. J’ai aussi d’autres amis comme Jacqueline Gauthier, Lynne Dupuis et Yves Doyon. C’est du monde avec qui je communique et qui m’aide beaucoup.
L’Action de grâce m’a affecté un peu. Habituellement, elle était toujours là. Ce qui est plus dur, c’est que la reconnaissance est venue beaucoup en raison de son décès.
La musique de ces artistes berce-t-elle toujours vos oreilles malgré le départ de votre femme?
Oui, l’autre soir, j’ai écouté quatre albums jusqu’à celui de Damien Robitaille. J’ai notamment écouté Michel Lalonde, de Garolou. J’essaie de faire du rattrapage en écoutant les disques que je n’ai pas eu le temps d’écouter. J’ai aussi été prendre un souper avec Stef Paquette. Je vais aller prendre un café avec Jacqueline Gauthier. Plusieurs artistes veulent venir faire un tour pour voir notre collection d’archives et de cartables.
Suite au décès de votre femme, plusieurs hommages sont venus de la part d’artisans du monde culturel franco-ontarien. Êtes-vous surpris d’une telle vague d’amour de la part des artistes franco-ontariens?
Non, l’amour était déjà là, que ce soit avec Robert Paquette et Stef Paquette ou Chuck Labelle ou plusieurs d’autres. Je connais Stef Paquette depuis l’âge de 15 ans quand il avait commencé avec Les chaises musicales. Ma femme connaissait Robert Paquette depuis 50 ans. Il y a aussi Serge Monette qu’on connaît bien. Les artistes étaient en quelque sorte comme nos frères et sœurs.
Même si votre femme est partie, vous semblez avoir toujours ce lien fort qui vous unit avec les artistes issus de la francophonie?
Oh oui, il y aura toujours un lien.. La plupart, je leur parle sur Facebook, je vois leurs œuvres et où ils sont rendus. C’est dommage qu’on ne puisse pas voir de concerts, car tout est rendu virtuel. J’étais supposé aller voir Marie Clo et le Groupe Swing à Hearst, mais ça été cancellé à cause de la COVID-19 et c’est rendu virtuel.
On est aussi membre de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) et du Réseau Ontario, alors ça l’aide à se connecter avec beaucoup d’artistes. Il y a beaucoup d’artistes de l’Ouest canadien que je connais bien. Je suis content qu’on ait au moins fait un voyage dans l’Ouest pour pouvoir les rencontrer.
On imagine que vous avez hâte au retour des concerts pour pouvoir revoir les artistes en vrai?
J’ai tellement hâte! C’est mieux quand je peux les voir en vrai. On peut faire des accolades, jaser, prendre un café ou une bière. Les artistes m’ont tous dit qu’avec ma femme, ce qu’ils se rappelaient le plus, c’était la caresse bien serrée et après on se parle.
Plusieurs ont soulevé la question de l’archivage. Qu’est-ce que vous comptez faire avec vos nombreux cartables de photos et d’articles que vous avez collectés au cours des années?
Je vais continuer le travail que Pierrette faisait avant, c’est clair. Elle aurait voulu que je continue. Je pense qu’on est la seule encyclopédie sur la musique franco-ontarienne. On pourrait même dire franco-canadienne, car on a aussi de la musique de l’Ouest. J’ai aussi eu un téléphone du Centre des archives de l’Université d’Ottawa qui veut recevoir nos cartables de photos et d’archives dès qu’ils seront libres.
Vous avez dit que votre événement favori à vous et Pierrette était le Festival de la Nuit sur l’étang à Sudbury. L’édition 2020 a été annulée en raison de la COVID-19, mais êtes-vous sûr de pouvoir y assister en 2021?
J’ai l’espoir qu’on va pouvoir y aller. J’ai aussi très hâte d’être au cinquantième anniversaire, ça va être quelque chose de gros, du moins, je l’espère. Il ne faut pas oublier aussi la Nuit émergente qui est un tremplin pour tous les nouveaux artistes. Ce sont toutes des choses auxquelles j’ai hâte.
Les artistes ont souvent dit sur vous et Pierrette que vous étiez toujours présents aux quatre coins de la province, peu importe l’endroit. Comptez-vous toujours voyager pour pouvoir assister aux divers événements musicaux franco-ontariens?
Oh que oui! On planifie déjà ça. Je pense au Francofête à Toronto, même si je n’aime pas toujours aller là, car c’est assez loin. Hamilton la même chose mais j’irais tout de même. J’aime bien aussi le Festival du loup à Lafontaine, ça faisait 15 ans qu’on y était. Il y a aussi le Contact ontarois qui approche à grands pas sans oublier le Gala des prix Trille or qui s’en vient en mai.
Le décès de votre femme est survenu au même moment qu’une année difficile pour l’industrie musicale. Est-ce que ça vous fait quelque chose d’avoir perdu votre femme dans une année sans concert?
Ça me fait quelque chose. En plus, c’était une semaine avant notre quarantième anniversaire de mariage. J’ai été voir Shawn Sasyniuk dimanche passé. Habituellement, il chante seulement en anglais, mais cette fois-ci, il a chanté en français pour Pierrette. Mais, j’ai aussi beaucoup aimé ce que la journaliste Jenny Lamothe a écrit dans le Sudbury Star. Il y a eu aussi un bel article dans Le Voyageur et en anglais dans le Toronto Star.
On peut aussi imaginer que des festivals et salles de concert vous ont approché pour rendre hommage à votre conjointe une fois que les prestations musicales reprendront?
Oui justement, en l’honneur de ma femme, j’ai eu une passe à vie avec pour le Festival franco-ontarien. Il y a aussi une chanson qui s’en vient en l’honneur de Pierrette. Il y a aussi un documentaire qui va peut-être sortir l’année prochaine avec la journaliste Mélanie Tremblay . On avait déjà commencé et on était censé le sortir récemment, mais avec la COVID-19, on ne peut pas tourner et faire grand-chose. »
LES DATES-CLÉS DE GUY MADORE :
1955 : Naissance à Vanier
1978 : Première rencontre avec Pierrette Madore
1980 : Mariage avec Pierrette Madore
2019 : À Noël, dernier concert pour Pierrette et Guy Madore
2020 : Décès de Pierrette Madore
Chaque fin de semaine, ONFR+ rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.