Immigration francophone : le gouvernement Trudeau tempère les attentes
OTTAWA – À moins de 24 heures de l’annonce d’une nouvelle cible en immigration francophone, le ministre de l’Immigration Marc Miller tempère les attentes de ceux qui souhaiteraient un chiffre autour de 10 à 12 %. Son département a sorti un tout nouveau plan ce mardi dans lequel il donne un peu plus de détails sur sa politique en immigration francophone.
Actuellement à 4,4 %, la cible en immigration francophone n’a été atteinte qu’à une seule reprise depuis 2001, soit l’an dernier et les organisations francophones pressent le gouvernement pour qu’elle soit substantiellement augmentée afin de rattraper le retard. Dans un but de ramener un poids démographique à 6,1 % pour les francophones hors Québec, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) et les organisations francophones du pays proposent, dès 2024, une cible de 12 % pour ensuite augmenter à 20 % en 2036.
L’atteinte de la cible en 2022 a été faite « de peine et de misère… en piégeant dans l’inventaire sans mettre nécessairement de logistique en place pour s’assurer qu’il y avait une certaine pérennité à ce type de mécanisme », explique Marc Miller. Alors, il met en garde contre le fait de « tomber dans le cynisme » en procédant à l’annonce d’une cible qui ne serait pas « réaliste et réalisable », a-t-il plaidé lors d’une annonce mardi.
« Le pire serait d’avoir un politicien qui fait des annonces avec des objectifs très ambitieux et qui, durant l’année, ne fait absolument rien et ne rencontre pas notre objectif. Ça serait décevoir d’abord et avant tout les communautés… Je pense que les gens seraient encore plus déçus », estime-t-il.
Ce dernier laisse d’ailleurs de plus en plus entendre que son gouvernement se dirigera vers un scénario d’un objectif de « 6 % et quelques miettes, quitte à l’atteindre et ensuite l’accroître d’année en année ».
« Ça va prendre plus que 6 %, ça va prendre du 7 %, du 8 % et j’en passe. Mais, pour l’instant, on n’a aucune mécanique pour le faire (…). Je ne suis pas confiant par rapport à la mécanique, mais c’est quelque chose qui va se dessiner dans l’année à suivre », soutient-il.
Des détails sur la politique en immigration francophone
Marc Miller tenait une conférence de presse mardi pour annoncer une panoplie de nouvelles mesures adossées au système d’immigration canadien. Avec ce nouveau plan, le gouvernement entend mieux coordonner les besoins de logement, de soins de santé et d’infrastructure avec l’accueil de nouveaux arrivants. Le ministère veut notamment réduire les délais d’attente au sein du ministère, mieux régionaliser les nouveaux arrivants et améliorer leur intégration.
Le plan rappelle l’engagement du gouvernement à élaborer une nouvelle politique en immigration francophone, comme ce qui avait été prescrit dans la Loi sur les langues officielles, modernisée en juin dernier. Cette politique comportera des cibles et des indicateurs et doit être adoptée par le ministre Miller.
« Mon défi au courant de la prochaine année est de travailler avec mon département pour favoriser non seulement l’augmentation du volume, mais aussi de l’intégration qui est un défi de taille (…). C’est un défi d’intégration qui nous incombe, mais qui relève aussi des provinces. »
Le plan en question mise justement sur « élargir les services fournis par des francophones pour les nouveaux arrivants francophones ».
« Cette politique renforcera les efforts de promotion et de sélection et soutiendra l’établissement et l’intégration des immigrants francophones dans les communautés francophones minoritaires », peut-on lire dans ce rapport.