Parlement, gouvernement fédéral, Ottawa

Le gouvernement fédéral doit prendre un engagement incessamment afin d’augmenter sa cible en immigration francophone, s’impatiente la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

Actuellement, le gouvernement canadien a une cible de 4,4 %, qu’il n’a atteint qu’à une seule reprise depuis 2001, soit l’an dernier. Une étude du Commissariat aux langues officielles a démontré que ces manquements au cours des deux dernières décennies ont contribué au déclin du français au Canada. La FCFA demande à ce que la cible triple à 12 %, mais au minimum, à 10 %.

« En bas de 10 % serait inacceptable », tranche la présidente de la FCFA, Liane Roy.

L’organisme francophone aimerait par la suite que ce nombre augmente graduellement jusqu’à 20 % en 2036. Tout cela est dans le but d’atteindre un poids démographique pour les francophones hors Québec de 6,1 %, comme c’était le cas en 1971.

« Donc la question importante à savoir, c’est dans combien de temps ils (le gouvernement) veulent arriver à ce chiffre-là. Par la suite, tout est mathématique… On veut des cibles de rattrapage et qui sont un peu plus agressives pour freiner notre déclin démographique », réclame Liane Roy lors d’une conférence de presse à l’aube de la rentrée parlementaire, le 18 septembre.

En vertu de la nouvelle Loi sur les langues officielles adoptée en juin dernier, le gouvernement fédéral doit notamment se doter d’une nouvelle stratégie en immigration francophone comportant des cibles et des indicateurs. Les obligations en vertu de cette stratégie doivent être adoptées par décret par le ministre de l’Immigration. Cette nouvelle mouture oblige le gouvernement, au sens de la Loi, a rattrapé l’actuel poids démographique des francophones hors Québec de 3,4 %, via l’arrivée de nouveaux arrivants.

« On s’attend à ce que le gouvernement mette une vision pour les 20-25 prochaines années et un peu les étapes qu’il faut franchir pour y arriver. On sait qu’il y a un travail majeur à faire, mais il faut préparer les communautés… On ne demande pas juste des cibles pour les trois prochaines années », dit de son côté le directeur général de la FCFA Alain Dupuis.

L’organisme a récemment rencontré le nouveau ministre de l’Immigration, Marc Miller, à la suite du remaniement ministériel de juillet.

« Les réponses qu’on a obtenues du ministre Miller étaient que ça faisait juste un mois qu’il était en poste et qu’il allait se pencher sur la question… Mais on n’a quand même pas d’échos », avance Liane Roy.

Marc Miller, ministre des Relations Couronne-Autochtones ne ferme pas la porte quant à voter contre le projet de Loi C-13. Crédit image : Stéphane Bédard.
Marc Miller, est arrivé en poste en juillet comme ministre de l’Immigration Crédit image : Stéphane Bédard.

Alors qu’un débat s’est créé dans les derniers mois au pays autour des seuils d’immigration, la FCFA précise qu’elle n’a pas de préférence concernant une baisse, une hausse ou un plafond sur ceux-ci.

« Nous, ce qu’on veut, c’est qu’on aille chercher à l’intérieur de ces nombres-là, la quote-part si on peut dire ainsi pour les francophones », précise sa présidente.

Le Canada doit accueillir 465 000 nouveaux arrivants cette année et augmenter jusqu’à 500 000 en 2025. Face à la pénurie d’habitations au Canada, le ministre du Logement Sean Fraser avait évoqué mettre un cap sur le nombre d’étudiants étrangers comme solution. Mais son collègue Marc Miller a indiqué que le gouvernement n’avait pas l’intention de déroger à ses objectifs de résidents permanents de 2023 à 2025. Citant un besoin trop grand en matière de main-d’œuvre, il avait indiqué « ne pas voir un monde où nous soyons en mesure de vouloir (les seuils) réduire », plaidait-il en entrevue avec Bloomberg.

Le gouvernement doit annoncer le 1er novembre de nouvelles cibles de résidents permanents, qui incluent aussi ceux sur l’immigration francophone. Son prédécesseur, Sean Fraser, avait affirmé à l’hiver 2022 que son gouvernement allait augmenter son objectif sans toutefois se prononcer sur un chiffre. Il avait souvent pointé du doigt un manque de locuteurs du français dans le bassin de migrants souhaitant venir au Canada comme frein à mettre une cible plus élevée.