Immigration francophone : un nouveau plan… sans nouveaux fonds

De gauche à droite, Chris Palmer (Î.-P.-É.), Wade McLauchlan (Î.-P.-É.), Shafiq Qaadri (Ont.), Marie-France Lalonde (Ont.), Laura Albanese (Ont.), Ahmed D. Hussen (Can.), Arif Virana (Can.), Jean-Marc Fournier (Qc), Al Hawkins (T.-N.-L.) et Gilles LePage (N.-B.)Crédit image: Gracieuseté

TORONTO – À l’issue du deuxième Forum sur l’immigration francophone, le gouvernement fédéral et les provinces ont annoncé un nouveau plan fédéral-provincial-territorial (FPT) pour accroître l’immigration francophone, mais aucune enveloppe budgétaire supplémentaire n’a été annoncée pour le mettre en place, pour la grande déception de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

Parmi les « mesures concrètes » annoncées le vendredi 2 mars, les deux paliers de gouvernement s’engagent à « promouvoir les occasions et les voies d’immigration pour les immigrants d’expression française », accroître « la mobilisation des employeurs » et « l’accessibilité à des services en français ».

Mais ceux et celles qui espéraient une annonce majeure ou des fonds supplémentaires pour concrétiser ce nouveau FPT sont restés sur leur appétit.

La ministre des Affaires civiques et de l’Immigration, Laura Albanese, assure que le plan a été fait pour « qu’aucun financement » n’y soit attaché.


« Chaque province peut choisir de collaborer sur l’un des items (du plan) ou créer un partenariat avec le gouvernement fédéral ou une autre province » – Laura Albanese


L’absence d’enveloppe financière viendrait des disparités entre les provinces, explique-t-elle. Une somme pourrait toutefois s’y rattacher dans le prochain Plan d’action pour les langues officielles, puisque l’immigration francophone est citée comme l’une de ses priorités dans le budget fédéral présenté un peu plus tôt cette semaine. 

La ministre ontarienne rappelle que l’Ontario a déjà des fonds alloués pour promouvoir le fait français sur la scène internationale. Elle assure également que le nouveau plan fera une différence pour atteindre la cible de 5 % d’immigrants francophones en Ontario.

En vertu de la nouvelle entente, elle cite notamment qu’un partenariat sera possible avec d’autres provinces afin d’aller promouvoir la francophonie hors Québec à l’international. En février, l’Ontario a déjà tenu une première mission pilote au Maroc et devait en tenir une seconde en Algérie qui a finalement dû être annulée à la dernière minute pour des « raisons logistiques ».

Le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen, assure qu’Ottawa reste engagé à aider les provinces à atteindre leurs objectifs. Le gouvernement fédéral s’engage notamment à un « meilleur » partage de l’information entre les différents paliers de gouvernement et promet, comme l’an dernier, de poursuivre le dialogue afin d’accroître l’immigration francophone à l’extérieur du Québec. 

La FCFA hausse le ton

Mais ces annonces sont insuffisantes pour la FCFA.

« On dirait une nouvelle recyclée! Après le forum de Moncton l’an dernier, on s’attendait à une annonce beaucoup plus prometteuse et à voir des éléments pour rendre les gouvernements redevables, comme des cibles, des échéanciers… Il n’y a rien de ça! On parle de faire des efforts pour la promotion des communautés francophones hors Québec, pour accueillir et desservir les nouveaux arrivants, mais comment ça va être possible sans fonds additionnels? », s’interroge la vice-présidente, Audrey LaBrie.

La vice-présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Audrey LaBrie. Crédit image : #ONfr

L’organisme porte-parole des francophones en contexte minoritaire se montre déçu.

« On comprend que ce n’est pas facile comme dossier et on apprécie que les différents paliers de gouvernements se réunissent pour en parler, mais il faut agir vite avec des engagements véritables. Nous sommes inquiets. »

Alors qu’un symposium fédéral-provincial-communautaire sur l’immigration francophone est prévu le 22 mars, à Calgary, la vice-présidente de la FCFA entend saisir l’opportunité. Elle aurait toutefois préféré que ce rassemblement intervienne avant le dévoilement du plan fédéral-provincial-territorial afin « d’y contribuer ».

Pas d’annexe francophone pour le moment

L’an dernier, le premier Forum ministériel sur l’immigration francophone s’était conclu par l’annonce d’une modification linguistique au programme Entrée express. Selon le ministre Hussen, celle-ci a permis de doubler le nombre d’immigrants francophones acceptés, qui serait passé de 2 % à 4 %. En Ontario, selon les chiffres obtenus en exclusivité par #ONfr, 2,36 % des nouveaux résidents permanents en 2017 étaient francophones, encore loin de la cible provinciale de 5 %.

Autant dire que ce second forum sur l’immigration francophone était particulièrement attendu dans la province où l’on espérait la signature d’une annexe francophone s’ajoutant au nouvel Accord Canada-Ontario sur l’immigration (ACOI), annoncée en novembre. À l’époque, Mme Albanese avait indiqué que l’annexe serait présentée lors du sommet de ce vendredi à Toronto, ce qui n’a finalement pas été le cas. La ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, promet que celle-ci sera connue « très prochainement », mais ne donne aucune date, toutefois.

Article écrit en collaboration avec Benjamin Vachet

 


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