Invasion russe : les Franco-Ontariens d’origine ukrainienne sous le choc

Le journaliste Pierre Jury et la cinéaste Claudette Jaiko stupéfaits et tristes après l'offensive russe contre l'Ukraine. Gracieuseté

Tôt ce matin, le président russe a donné l’ordre à son armée de marcher sur l’Ukraine dans une invasion massive et ordonnée. La nouvelle est tombée comme un glas sur la communauté franco-ontarienne d’origine ukrainienne. ONFR+ est parti tâter son pouls.

« J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale qui permettrait une démilitarisation et une dénazification de l’Ukraine. » C’est la déclaration du président russe, Vladimir Poutine sur laquelle s’est réveillé le monde ce jeudi 24 février suscitant de vives réactions depuis les quatre coins de la planète.  

« Ma première réaction était la surprise et l’incompréhension parce que j’ai suivi cette affaire et j’ai toujours pensé que Vladimir Poutine bluffait. Pour moi, les dernières recommandations du Canada et d’autres pays à leurs ressortissants en Ukraine de quitter immédiatement ce pays étaient de la surréaction, car Poutine n’allait jamais passer à l’acte », confesse Pierre Jury, ex-éditorialiste au journal Le Droit d’Ottawa, né de père ukrainien.

« Un assaut contre la démocratie »  

De son côté, la cinéaste franco-ontarienne aux origines ukrainiennes, Claudette Jaiko a été tout autant surprise.

« Je pensais que ça n’allait jamais se produire. J’ai été extrêmement choquée par cette annonce. J’ai directement pensé au fait que, depuis 20 ans, depuis la révolution orange, les Ukrainiens vivaient une sorte de renaissance et une certaine prospérité culturelle qui commençait à se dessiner, et là tout va s’arrêter. Ce n’est pas seulement un assaut contre l’Ukraine, c’est un assaut contre la démocratie. Toute la communauté ukrainienne que je connais ici est choquée. C’est un choc qui vous prend aux tripes et à l’âme », exprime-t-elle.  

Et pourtant, les signes précurseurs se sont suivis ces derniers jours annonçant le pire. « Les services de renseignement américains qui n’ont pas cessé d’être cités par Joe Biden ces trois dernières semaines l’annonçaient clairement. Ils ont même dit que l’intention de Poutine est d’attraper les membres du gouvernement ukrainien et de les tuer. On vit dans une surréalité absolument ahurissante en ce moment », explique Ferry de Kerckhove, ancien diplomate canadien et collaborateur à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales à l’université d’Ottawa.

Poutine ne s’arrêtera pas là

Quant à la tournure que va prendre cette guerre, elle n’est guère plus réjouissante à en croire l’ancien diplomate.

« Si je regarde la carte des bombardements et le type des opérations qui sont menées actuellement, j’ai l’impression que Poutine ne va pas seulement se limiter à la région du Donbass. Sa politique, son destin et sa volonté est de ramener l’Ukraine dans le giron russe, j’allais presque dire soviétique », prédit-il.

Une analyse que partage Pierre Jury sous la casquette de journaliste cette fois-ci : « Vladimir Poutine a lancé une pleine offensive parce que son objectif est d’installer un régime russophile et fantoche à la tête de l’Ukraine, et cela dans un rêve d’une grande Russie ou plutôt d’une grande URSS. »

Pour la petite histoire, pendant que l’offensive se déroulait, le maître du Kremlin recevait le Premier ministre pakistanais, Imran Khan en affichant une mine décontractée, comme si de rien n’était!