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Toxicomanie et itinérance : un centre d’aide bilingue pour l’ouest d’Ottawa

Les partenaires du Carrefour AIDE de l’Ouest d’Ottawa lors de l’annonce officielle, le 7 novembre 2025. Photo : Amine Harmach / ONFR

Un nouveau carrefour d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances (AIDE) ouvrira ses portes à Bells Corners en 2026. Ce centre bilingue regroupera des services de santé, de stabilisation, de traitement et d’aide au logement afin de mieux répondre aux besoins d’une population en forte croissance dans l’ouest d’Ottawa.

Un nouveau carrefour d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances (AIDE) ouvrira ses portes dans l’Ouest d’Ottawa au début de 2026. Il sera situé au 2194 chemin Robertson à Bells Corners.

Le centre regroupera des services de santé, de soutien social et de traitement en toxicomanie, ainsi que des ressources d’aide au logement. Les services seront offerts en français et en anglais, précisent ses responsables.

« Les personnes francophones seront bien accueillies, tout comme les anglophones », affirme Tamara Chipperfield, présidente-directrice générale du Centre de santé communautaire Pinecrest-Queensway.

Pour Tamara Chipperfield, PDG du Centre de santé communautaire Pinecrest-Queensway, le carrefour AIDE contribuera à réduire la pression sur les urgences. Photo : Amine Harmach / ONFR

Selon elle, la demande pour des services en santé mentale et en dépendance ne cesse de croître.

« Il y a un grand manque de services dans toute la ville, particulièrement dans les banlieues plus rurales. Nos urgences reçoivent fréquemment des personnes en crise. Ce centre permettra d’offrir un soutien plus spécialisé et de réduire la pression sur le système de santé », relève Tamara Chipperfield.

Le carrefour AIDE offrira des services de sevrage, de stabilisation et de traitement, adaptés à la complexité de chaque situation.

Pour Marie-Andrée Carrière, directrice des services en dépendance et en rétablissement chez Montfort Renaissance, la dimension linguistique est essentielle.

« La population francophone de l’ouest d’Ottawa a beaucoup augmenté. Il est primordial d’offrir des services accessibles en français pour mieux desservir ces résidents », souligne-t-elle.

Du sevrage au logement

Mme Carrière explique que Montfort Renaissance gérera les lits de sevrage et de stabilisation résidentielle, deux étapes cruciales du processus de rétablissement.

« Le sevrage est une phase critique, tant sur le plan physiologique que social. Les patients reçoivent un accompagnement médical et un soutien constant. Par la suite, la stabilisation résidentielle leur permet de retrouver un rythme de vie sain et de se préparer à un traitement plus long. » explique-t-elle.

Les patients seront ensuite orientés vers des programmes de traitement de longue durée et de stabilisation, situés dans des espaces existants loués par le carrefour AIDE de l’ouest d’Ottawa au sein de l’Hôpital Royal.

Le continuum de soins permettra d’aller « de l’urgence médicale jusqu’à un logement sécuritaire », notamment grâce à un partenariat avec Ottawa Salus pour l’hébergement à long terme, ainsi qu’à la collaboration de sept partenaires communautaires apportant chacun leur expertise soit le soutien à l’emploi, l’accompagnement dans le parcours patient, la santé mentale, etc.

« Le carrefour AIDE vient combler une lacune importante dans l’ouest d’Ottawa, une région historiquement sous-desservie », souligne-t-elle.

Un projet appuyé par la Ville et les résidents

La conseillère municipale Laine Johnson se réjouit de cette annonce.

« Dans le quartier Collège, environ 10 % des résidents sont francophones. C’est un secteur diversifié, et les services de santé concernent tout le monde. J’espère que les francophones pourront aussi en bénéficier », se félicite-t-elle.

Laine Johnson, conseillère municipale du quartier Collège, estime que le carrefour AIDE contribue à décentraliser les services de santé et de dépendance dans l’ouest d’Ottawa. Photo : Amine Harmach / ONFR

Elle rappelle que ce projet s’inscrit dans une démarche de décentralisation des services : « Trop souvent, les ressources sont concentrées au centre-ville, alors que de nombreuses personnes de l’ouest y ont difficilement accès. »

Avant l’annonce officielle, les partenaires du projet ont rencontré des élus, commerçants et organismes communautaires du secteur.

« Nous avons frappé aux portes pour présenter nos services et rassurer nos voisins. Nous voulons être de bons partenaires communautaires », explique Mme Chipperfield.

D’ici l’ouverture, plusieurs rencontres communautaires auront lieu afin de maintenir un dialogue avec la population locale.

« L’objectif est de créer des liens de confiance et d’assurer une communication ouverte », précise Mme Johnson.

Un investissement provincial majeur

Le député provincial de Carleton George Darouze rappelle que le carrefour AIDE, n’est pas un centre d’injection supervisée.

« Ce n’est pas un endroit pour distribuer des seringues ou des trousses d’inhalation sécuritaire. Il s’agit d’un lieu d’accompagnement qui réunit plusieurs partenaires pour soutenir les familles, les aînés et la communauté », explique-t-il.

George Darouze, député provincial de Carleton, rappelle que le carrefour AIDE, vise à offrir des services d’accompagnement et de rétablissement, et non de consommation supervisée. Photo : Amine Harmach / ONFR

Selon lui, les carrefours AIDE représentent « une avancée décisive dans la réduction des disparités en matière de santé mentale et de toxicomanie ».

Ils s’inscrivent dans un investissement provincial de 550 millions $ destiné à créer 28 centres AIDE à travers l’Ontario afin d’améliorer l’accès au traitement et à la prévention.

Le carrefour AIDE de l’ouest d’Ottawa sera le deuxième dans la capitale, après celui du Centre de santé communautaire Somerset Ouest.

L’Est ontarien en compte également deux autres, notamment dans le secteur du Comté de Lanark et des Comtés unis de Leeds et Grenville ainsi que dans le Comté de Renfrew.


Ces carrefours AIDE font partie d’une nouvelle approche provinciale, lancée en août 2024 par le gouvernement de l’Ontario dans la foulée de la fermeture de plusieurs centres de consommation supervisée.

Ils visent, selon la province, à soutenir la santé des personnes aux prises avec une consommation de substances et favoriser leur stabilité en matière de logement.