John Tory défend son bilan francophone, ses opposants tentent de se démarquer
TORONTO – S’il est réélu, John Tory s’engage à renouveler le comité consultatif des affaires francophones, à s’assurer que les bibliothèques ne se débarrasseront plus des livres de langue française et à chercher une solution à l’absence de communications en français de la Ville. Les autres candidats tentent de jouer une carte différente pour séduire les électeurs franco-torontois, lors des élections municipales qui ont lieu ce lundi.
« Le maire est un fervent partisan de la communauté francophone de Toronto », assure sa porte-parole de campagne, Jenessa Crognali. « Il a appuyé la création du Comité consultatif des affaires francophones et s’engage à le maintenir. Il a appuyé l’ouverture de l’Université de l’Ontario français et la réintégration de Toronto dans l’Association française des municipalités de l’Ontario. »
En juillet dernier, le maire sortant qui brigue un troisième mandat a aussi appuyé une recommandation demandant au Bureau des nouveaux arrivants de Toronto de s’assurer que la population francophone de Toronto joue un rôle actif dans la mise en œuvre de la stratégie torontoise des nouveaux arrivants 2022-26.
Après la controverse des livres supprimés des bibliothèques, la Ville semble avoir retenu la leçon mais la communauté reste sur le qui-vive, de même que pour la communication de la ville, critiquée pour ne pas inclure le français.
« Le maire s’engage à faire en sorte que la collection de la Bibliothèque publique de Toronto continue de contenir des centaines de livres en français », certifie Mme Crognali. Elle promet également que le maire cherchera à offrir « plus de communications et de services en français pour mieux servir notre population francophone ».
Et de prendre en exemple le 311 qui propose des informations dans plus de 180 langues, dont le français, et le site Internet de la Ville qui peut être traduit dans 51 langues différentes, y compris en français.
Gil Penalosa : « Soutenir davantage les services en français »
« Nous pourrions en faire davantage pour soutenir les programmes et les services en français », estime pourtant Gil Penalosa, un des principaux adversaires de John Tory dans la course aux municipales.
Il s’inquiète notamment des dernières données du recensement canadien de l’année dernière montrant un déclin de la langue française. « Le français occupe la 18e place à Toronto avec un peu plus de 27 000 locuteurs mais c’est une de nos langues officielles et nous devons le protéger, le conserver. »
M. Penalosa affirme que la Ville devrait faire plus d’efforts, à commencer par « offrir toutes les communications aux citoyens dans le plus de langues possibles afin qu’ils puissent accéder aux programmes, aux services et participer pleinement à la démocratie ».
Sarah Climenhaga : « Des communications en ligne en français »
Sarah Climenhaga hoche de la tête. « Je crois que la technologie de traduction est suffisamment sophistiquée », dit-elle, « pour qu’il soit désormais possible d’avoir toutes les communications en ligne disponibles en français ».
Afin de favoriser la participation du public, elle croit aussi que des réunions et des assemblées publiques d’intérêt particulier pour la francophonie devraient dérouler entièrement ou partiellement en français. « Toronto est un endroit incroyablement diversifié sur le plan linguistique, et la langue française doit y occuper une place importante et unique dans notre ville. »
Si elle concède néanmoins ne pas connaître les attentes des Franco-Torontois, elle promet de les écouter si elle est élue maire. « J’aimerais entendre ses membres sur la façon dont ils croient que le maire devrait améliorer le français dans notre ville. »
Chloe Brown : « Travailler ensemble à augmenter le nombre de francophones »
« Peu de choses ont été faites pour rendre le français accessible aux anglophones, que ce soit par le biais de programmes d’immersion, d’événements culturels ou de programmes d’échange qui aideraient à combler les clivages régionaux et locaux », remarque Chloé Brown, une autre candidate.
Comparant Toronto à une plaque tournante pour les francophones d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Europe, Chloe Brown compte sur l’inclusion d’un plus grand nombre de groupes parlant le français pour créer les conditions d’un dialogue plus constructif. « Nous travaillerons ensemble augmenter le nombre de francophones et de francophiles », promet-elle si elle est élue.
« Les francophones pourront concevoir et accroître l’accès au bilinguisme en collaborant avec les secteurs francophones des affaires, de la culture et du développement communautaire qui contribueront à la création de programmes de développement du leadership », envisage celle qui veut « améliorer le statut des langues officielles à Toronto en élargissant notre palette de bilinguisme grâce à des événements comme Francophonie en Fête ».
Jack Yan : « Organiser un événement où vous mangerez un croissant ne changera rien »
Jack Yan, lui, ne veut pas promettre ce qu’il ne pourrait pas tenir. « Toronto peut promouvoir davantage d’événements culturels francophones, mais en fin de compte, l’adoption du français à Toronto est vraiment une question démographique. Organiser un événement culturel symbolique où vous mangerez un croissant ne changera rien. Ce sont les francophones qui doivent travailler ensemble et encourager les entreprises et les individus à apprendre le français. »
« Les communications de la Ville devraient être en anglais et en français pour refléter l’héritage bilingue du Canada », juge-t-il. « À part ça, je ne crois pas que la ville ait beaucoup de pouvoir pour améliorer la position du français. Je ne crois pas que l’obligation d’afficher des panneaux sur les propriétés non gouvernementales soit raisonnable ni propice à encourager l’adoption du français à Toronto. »
Et quand on lui demande ce qu’il pense du bilan de John Tory, il répond simplement : « Je ne crois pas qu’il ait fait quoi que ce soit. »