Le 40 rue Cobourg aurait un espace de libre depuis le 20 janvier 2024. La Maison communautaire de la Basse-Ville espère pouvoir utiliser cet espace pour sa banque alimentaire et sa programmation communautaire. Crédit image : Lila Mouch

OTTAWA – La Maison communautaire du Bon Voisinage de la Basse-Ville pourrait bientôt recevoir un nouvel espace pour sa banque alimentaire en grande difficulté. Ce pourrait être au 40, rue Cobourg à Ottawa, où réside le Centre de ressources communautaires de la Basse-Ville et le Patro. En janvier 2023, les difficultés de l’organisme franco-ontarien avaient suscité une attention médiatique et une vive émotion de la part de la communauté de la Basse-Ville. Un an plus tard, la municipalité, sous l’impulsion de la conseillère municipale Stéphanie Plante, envisage une solution.

Dans le plus ancien quartier d’Ottawa, la Basse-Ville est l’un des foyers historiques de la communauté francophone de la capitale. C’est aussi dans ce secteur que de graves problèmes sociaux subsistent. Lors d’une entrevue avec ONFR, l’année dernière, nous apprenions que la Maison communautaire se consacrait principalement à sa banque alimentaire, laquelle constituait 95 % de son activité et desservait près de 16 000 personnes. Depuis, l’organisme éprouve toujours des difficultés à maintenir ses services, en raison de la prévalence croissante de l’insécurité alimentaire dans le quartier.

Le 40, rue Cobourg abrite diverses installations, dont le Centre de ressources communautaires de la Basse-Ville, une piscine municipale, un gymnase et deux vastes espaces alloués au Patro, un organisme destiné aux adultes ayant des besoins spéciaux. La Ville d’Ottawa est propriétaire de l’un des deux espaces.

L’édifice du Patro Ottawa se divise en deux parties, un espace leur appartenant et un espace appartenant à la Ville d’Ottawa. Crédit image : Lila Mouch

La municipalité a pris la décision de retirer sa propriété au Patro qui ne l’utiliserait pas de manière appropriée, selon elle, et l’a contrainte de la libérer, dès le 20 janvier dernier. Elle étudierait donc la possibilité d’offrir cet espace pour les besoins de la Maison communautaire de la Basse-Ville.

La Maison communautaire de la Basse-Ville coche toutes les cases

« En juin dernier, le conseil d’administration a publié dans le journal communautaire le besoin d’un accès à des espaces municipaux inutilisés, sous-utilisés ou utilisés de façon inappropriée, pour être mis à la disposition de programmes, services et activités pour les résidents de la communauté à grands besoins et faisant face à de grandes iniquités », indique Matthew Beutel, le directeur général du Centre de ressources communautaire de la Basse-Ville.

Matthew Beutel, directeur du Centre de ressources communautaires de la Basse-Ville à Ottawa. Crédit image : Lila Mouch

D’après M. Beutel, les défis auxquels la communauté fait face existent depuis bien plus longtemps que ce que l’on pourrait imaginer. L’année dernière, la déclaration poignante de l’organisme, concernant la situation de la banque alimentaire n’était que la partie émergée de l’iceberg.

« Il existe une pénurie et des difficultés à accéder à des gymnases pour les jeunes ainsi qu’à des activités adaptées à leur âge. Cela s’applique également aux activités socio-récréatives destinées aux résidents de la Basse-Ville », explique-t-il.

En octobre dernier, une motion de la conseillère Plante demandait à la Ville d’explorer la possibilité d’offrir cet espace pour les besoins de la Maison communautaire.

« En juillet 2022, Mathieu Fleury, l’ancien conseiller municipal du quartier, s’était déjà interrogé concernant les espaces situés au 40, rue Cobourg à Ottawa. »

Le directeur général a maintenant de l’espoir. « Les besoins des résidents sont de plus en plus frappants et urgents », estime-t-il. « On a commencé à recevoir des indications, surtout vers le mois d’octobre, quand la conseillère a mis de l’avant sa motion, parce que ça, c’était une indication concrète de ce que la Ville faisait. »

Rien n’est confirmé, mais M. Beutel est confiant d’avoir démontré que son organisme a grand besoin du 40, rue Cobourg.

L’équipe du Centre de ressources communautaires de la Basse-Ville offre divers services à la communauté. L’organisme habite le 40, rue Cobourg depuis plus de dix ans. Crédit image : Lila Mouch

« Je pense que nous avons très bien identifié et énoncé nos besoins et on a démontré, à travers notre relation avec la Ville et les ententes de financement, que l’on comble à 100 % nos activités et plus. » « On livre la marchandise et on espère que le reste suivra. »

En plus de cela, le directeur général rappelle à quel point la mission francophone dans ce quartier est primordiale. « On est multilingue, mais on est francophone d’abord, on est multi-ethnique, mais on reste francophone et nous pensons que c’est la vraie façon de préserver le français. C’est de s’en tenir à cette francophonie-là. »

Comment l’espace serait utilisé par la Maison communautaire de la Basse-Ville?

Matthew Beutel rappelle que le Centre de ressources communautaires du quartier est situé au 40, rue Cobourg depuis des décennies déjà. « Il y a aussi une clinique dentaire de santé publique, la piscine municipale qui est gérée par la Ville et donc on parle ici seulement, du deuxième étage du même édifice ».

« Nous, comme organisme, on ne cherche aucunement à avoir tout l’espace, on cherche à avoir accès à une partie de l’espace et on croit que ce serait un lieu très approprié pour ce que nous offrons. »

Ce que M. Beutel voit dans ce projet, c’est de pouvoir amener la banque alimentaire dans un lieu plus approprié, qui permettra la confidentialité, et un environnement sain et sécuritaire pour les bénévoles, les employés et les clients.

En janvier 2023, la banque alimentaire de la Maison communautaire débordait et la zone de déchargement était difficile d’accès pour les bénévoles. Crédit image : Lila Mouch

« Nous aimerions amener un autre niveau de programmation ou encore un meilleur espace pour notre programmation parascolaire. »

Trop longtemps dans un demi-sous-sol pour mener ses activités, Matthew Beutel a sollicité des écoles afin d’utiliser leurs gymnases pour proposer des programmes sportifs à la communauté.

Bien qu’il exprime sa gratitude, il insiste sur le caractère temporaire de cette situation en raison des problèmes logistiques parfois rencontrés.

Il explique : « Il arrive que des annulations surviennent parce que les écoles, à juste titre, ont besoin de leur espace pour des événements interscolaires ou d’autres activités, voire des travaux de rénovation. Ainsi, nous sommes souvent contraints d’annuler ou de réorganiser notre programme, et il est très difficile de planifier ces choses-là. »

« Ce serait un grand soulagement pour la communauté, un grand premier pas », conclut-il.