La construction d’une école francophone à Parry Sound étudiée par le gouvernement
PARRY SOUND – Abritée provisoirement par le Collège Canadore, l’unique école francophone de la ville se cherche un lieu stable et adapté capable d’accueillir ses élèves à long terme. La solution pourrait venir du ministère de l’Éducation qui doit faire des arbitrages en ce début d’année.
Le ministère, qui a entre ses mains la demande de financement du Conseil scolaire public du Nord-Est de l’Ontario (CSPNE), pourrait donner sa réponse dans les semaines à venir. Si elle était positive, les fonds débloqués proviendraient du Programme d’immobilisations prioritaires.
Conçu pour financer les projets de construction, de rénovation ou d’agrandissement d’écoles en Ontario, ce programme priorise les « besoins urgents » et les « installations aux ayants droit à l’éducation en français dans des régions insuffisamment desservies », a appris ONFR+ dans une note de service adressée aux directeurs de l’éducation et aux gestionnaires de services municipaux.
Si la demande du conseil est retenue, les élèves de Parry Sound pourraient faire leur rentrée dans une école nouvelle ou rénovée en 2023-2024 au plus tard. Ce calendrier est une des conditions du programme 2019-2020 auquel a appliqué le CSPNE.
Mais rien n’est encore acquis. L’enveloppe globale est en effet bien inférieure aux besoins de l’ensemble des conseils de la province, reconnaît le ministère. Il y aura donc des heureux et, inévitablement, des déçus.
« Les demandes de financement dépassent largement les fonds disponibles » – Alexandra Adamo, attachée de presse du ministre de l’Éducation
« Nous évaluons actuellement toutes les demandes soumises par les conseils scolaires de l’Ontario en vue de déterminer les projets qui recevront un financement », explique Alexandra Adamo.
L’attachée de presse du ministre de l’Éducation avertit : « Les demandes de financement dépassent largement les fonds disponibles en vertu de ce programme. Le ministère se trouve, par conséquent, dans l’impossibilité d’approuver tous les projets. »
Pour 2019-2020, 1,4 milliard de dollars seront débloqués en immobilisations prioritaires. Selon les données du budget provincial 2019, l’enveloppe globale se monte à 13 milliards, étalés sur les dix prochaines années.
« En plus de créer des emplois, le financement provincial démontrerait un engagement de la province envers une école de langue française desservant notre région », estime Clayton Harris, le directeur administratif de la Ville de Parry Sound.
La piste du centre d’achat toujours ouverte
Du côté du CSPNE, on croit fermement à cette option qui offrirait des conditions optimales d’apprentissage à la trentaine d’élèves de l’élémentaire déjà inscrits, dans un édifice taillé sur mesure, indépendant de toute autre institution. Ce serait, en tout cas, une première à Parry Sound qui, jusqu’à l’année dernière, n’avait jamais eu d’école francophone.
« Nous espérons avoir une réponse positive du ministère en janvier ou février » – Simon Fecteau, directeur de l’éducation au CSPNE
« Nous espérons avoir une réponse positive du ministère en janvier ou février pour un projet de construction », escompte Simon Fecteau, directeur de l’éducation. La demande déposée concerne une construction en mode modulaire dont le montant reste à déterminer avec le ministère.
« Nous sommes aussi en discussion avec le centre d’achat de la ville pour un espace qui répondrait aux besoins à moyen terme », ajoute M. Fecteau.
Au terme du bail actuel, d’une durée d’un an avec le Collège Canadore, et en attendant une éventuelle construction, le conseil scolaire doit en effet anticiper la rentrée prochaine. La piste numéro un serait de déménager à 400 mètres de là, dans le centre commercial de la ville.
« Nous sommes confiants que cette solution ira de l’avant », ajoute le directeur de l’éducation du CSPNE.
Reprise des discussions avec la Ville
Cette plausible transition avant d’emménager dans un édifice durable doit néanmoins passer à nouveau par le conseil municipal car elle pose, comme pour le site du Collège Canadore, un problème de zonage.
Les conseillers seront-ils encore dans une logique de confrontation après un premier revers en justice lors de la rentrée précédente? Rien n’est moins sûr. Les relations ont repris entre la ville et le conseil scolaire pour trouver une solution.
« Nous continuons d’appuyer la présence d’une école de langue française et avons des discussions régulières avec ses représentants », affirme Clayton Harris, au nom de la Ville.
Le directeur administratif explique que le principal défi réside dans le zonage.
« S’il n’est pas approprié, une demande de rezonage doit être soumise et suivre un processus public établi en vertu de la Loi sur l’aménagement du territoire. »
Ce processus qui passe notamment par la tenue d’une réunion publique, peut parfois faire naître des oppositions dans l’opinion publique, comme ce fut le cas lors de la précédente demande du Conseil. Une pétition avait circulé contre son implantation provisoire au sein du Collège Canadore.
Enterrer la polémique de la précédente rentrée
À quelques jours de la rentrée 2019 au sein des locaux de l’établissement post-secondaire anglophone disposant de plusieurs salles libres, le conseil municipal avait voté en défaveur du rezonage rural, au risque de compromettre par ricochet la toute première rentrée des élèves francophones.
La Cour supérieure de l’Ontario avait alors invalidé cette décision et donné raison au CSPNE, à l’origine d’une demande d’injonction, sauvant in extremis l’ouverture des classes.