Justin Trudeau et Doug Ford lors d'une rencontre à Queen's Park le 30 aôut. Gracieuseté: Adam Scotti/ Cabinet du Premier ministre

Le premier ministre de l’Ontario a réagi à l’annonce de Justin Trudeau avec un seul mot d’ordre : les tarifs douaniers à prioriser avant tout. Les chefs de l’opposition ont salué le service de Justin Trudeau non sans renvoyer la balle à Doug Ford pour des problèmes « qui relèvent de la compétence provinciale ». Vives réactions également des députés fédéraux francophones.

« La démission de Justin Trudeau ne veut pas dire qu’il ne sera plus premier ministre durant les deux prochains mois et il doit impérativement prioriser les négociations à la menace des tarifs douaniers américains », a immédiatement lâché Doug Ford en conférence de presse, ce lundi.

Il a rappelé que dans deux semaines Donald Trump prêtera serment en tant que président des États-Unis et que le premier ministre devait veiller à ce que les menaces de 25 % de tarifs douaniers ne se concrétisent pas.

Plus tôt dans la journée, il avait publié sur son compte X que « le gouvernement fédéral doit faire tout ce qui est humainement possible pour éviter ces tarifs, notamment en faisant davantage pour sécuriser notre frontière et en proposant un plan crédible pour investir davantage dans l’armée canadienne afin de respecter et de dépasser nos engagements en matière de dépenses auprès de l’OTAN. »

Par trois fois, Doug Ford a évité la question de la date des élections provinciales anticipées et d’une quelconque décision suite au revirement de situation à Ottawa.

À la place, il a réaffirmé son intention de faire preuve « de stabilité et de force en ce moment critique, et le gouvernement fédéral doit de toute urgence expliquer aux Canadiens comment il évitera des tarifs qui pourraient avoir des effets dévastateurs sur notre économie ».

Les leaders d’opposition ontariens renvoient la balle à Ford

« Il s’agit d’un moment crucial pour notre pays et notre province, a déclaré la cheffe de NPD Marit Stiles. Le changement est arrivé à Ottawa et il est temps que le changement s’opère également en Ontario (…) Nous avons besoin d’un leadership à tous les niveaux qui accordera la priorité aux besoins des travailleurs pour une fois. »

Bonnie Crombie, la leader libérale, a rendu hommage à près de 17 ans de service de Justin Trudeau au Canada en tant que député, chef de parti et premier ministre.

« Il a dirigé notre pays à travers une période difficile, marquée par une pandémie mondiale et un climat géopolitique conflictuel et difficile (…) Je resterai, comme toujours, concentré sur la mise en œuvre du changement dont l’Ontario a désespérément besoin. »

« La vie est plus difficile que jamais, a publié Mike Schreiner, le chef du Parti vert ontarien. L’Ontario ne fait pas exception. Bien que le premier ministre Ford pointe du doigt Trudeau, la réalité est que la plupart des problèmes auxquels les gens sont confrontés relèvent de la compétence provinciale. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’un gouvernement provincial qui travaille pour les Ontariens ordinaires – et non pour les grandes entreprises et les milliardaires. »

Des députés fédéraux saluent « un impact durable »

À l’instar de Doug Ford, plusieurs députés libéraux fédéraux de l’Ontario ont réagi au départ de leur chef.

« Je remercie Justin Trudeau pour ses années de service pour le Canada et les Canadiens. Je lui souhaite, à lui et sa famille, le meilleur », a écrit l’ancienne ministre des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland.

« Je tiens à dire merci à M. Trudeau et merci à sa famille. Je lui dois ma carrière », a réagi en entrevue le député de l’Est ontarien Francis Drouin.

Parmi les réalisations du premier ministre qu’il souligne, l’adoption de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, l’allocation canadienne pour enfants implantée en 2016 et le programme des garderies à 10 $.

« Il aura été un bon premier ministre pendant neuf ans, mais c’était clair que pour unifier notre caucus, il fallait un changement au sein de la chefferie », soutient le représentant de Glengarry—Prescott—Russell.

Ce dernier croit que l’élection d’un nouveau chef pourra se faire rapidement, rappelant que la course ayant mené Doug Ford à la tête du Parti progressiste-conservateur en 2019 aura pris près de cinq semaines.

« On a amplement le temps de le faire dans un temps qui est raisonnable (…). Je crois qu’on va être capable de présenter une vision réaliste pour le pays », affirme celui qui apporterait son soutien au ministre acadien Dominic Leblanc si ce dernier venait à se présenter.

Sa collègue dans Ottawa-Vanier, Mona Fortier, a salué le premier ministre pour « son leadership remarquable et son dévouement au service des Canadiens ».

« Vous laissez un héritage qui aura un impact durable », a-t-elle écrit sur X.

« Sous son mandat, des collaborations fructueuses ont permis d’obtenir des avancées significatives pour la francophonie ontarienne »
— Assemblée de la francophonie de l’Ontario

Des organismes francophones ont aussi salué l’annonce du chef libéral, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) soulignant que son gouvernement « passera à l’histoire comme celui qui a mené la modernisation la plus substantielle de la Loi sur les langues officielles en une génération ».

« Le bilan de Justin Trudeau en matière de francophonie et de langues officielles n’est bien sûr pas parfait, comme ceux de ses prédécesseurs n’étaient pas parfaits non plus. Cependant, au cours de sa décennie à la barre du pays, nombreux sont les gestes qu’il a personnellement posés qui montrent son engagement envers la dualité linguistique et le rayonnement de nos communautés », a indiqué sa présidente Liane Roy dans un communiqué.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) soutient que « sous son mandat, des collaborations fructueuses ont permis d’obtenir des avancées significatives pour la francophonie ontarienne ».