Estelle Chen, la présidente de French Tech Toronto, au sommet French Tech Amérique du Nord. Gracieuseté

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Estelle Chen, présidente et cofondatrice de la French Tech Toronto, spécialiste des technologies et innovations dans le milieu bancaire pour la Banque TD. Cette pianiste concertiste depuis l’âge de 12 ans est également membre du conseil d’administration de l’Alliance française de Toronto qui promeut la francophonie.

LE CONTEXTE :

La French Tech, qui fête ses 10 ans, est un mouvement français qui représente plus de 140 communautés dans 67 pays à travers le monde et qui regroupe désormais plus de 20 000 startups et compte parmi les 10 organisations les plus influentes dans le domaine de l’innovation.

L’ENJEU :

Depuis la création en 2020 de l’entité ontarienne French Tech Toronto, faire rayonner les relations économiques entre la France et l’Ontario pour les francophones et francophiles du monde de la technologie et de l’innovation.

« Est-ce que la French Tech Toronto s’attache au bassin ontarien?

Oui, en effet, nous faisons vraiment la promotion de l’Ontario avec un réseau de francophones et francophiles. Il a déjà des liens très étroits entre le Québec et la France et il existe une French Tech Montréal, les deux entités au Canada, sur 14 en tout en Amérique du Nord.

Le mouvement French Tech fête ses 10 ans. Quel est son rayonnement international?

Lancé en 2013 par Fleur Pellerin, ancienne ministre française, l’objectif était de promouvoir les compagnies innovantes de la France et de se positionner comme « start-up nation ». Les efforts engagés en ce sens ont ainsi contribué à hisser la France en tête des pays ayant la plus forte politique d’investissement direct à l’étranger en 2022, et à lever 13,5 milliards d’euros.

La French Tech, qui compte désormais 140 communautés dans 67 pays à travers le monde et qui regroupe désormais plus de 20 000 startups, est le deuxième mouvement Tech en Europe et dans le top 10 mondial.

Parmi les programmes d’accompagnement annuels, les Next 40 et les Next 120, dédiés aux 40 et aux 120 start-ups françaises les plus performantes en capacité de devenir leaders de rang international, permettent un soutien d’un an en lien avec leurs enjeux et le développement en France et à l’international.

La French Tech Visa permet également une procédure de visa simplifiée, dédiée à l’écosystème Tech français, facilitant l’installation en France des talents internationaux du secteur de la Tech : salariés, fondateurs ou investisseurs.

Quand et comment la French Tech est-elle née à Toronto?

En 2020, neuf autres membres et moi-même nous sommes demandés pourquoi Toronto n’était pas sur la map alors que s’y concentrent tous les sièges sociaux et les banques et que des villes majeures comme Miami, San Francisco, New York, Austin et même Montréal pour le Canada étaient représentées.

Cette même année, nous nous sommes donc lancés. Il s’agit d’un organisme à but non lucratif, financé à hauteur de 30 % par le ministre de la Finance en France, pour nos événements annuels notamment, le reste étant financé par des fonds privés. Cela nous permet de faire connaitre le travail du mouvement French Tech, tout en travaillant en étroite collaboration avec l’Ambassade de France, le Consulat de France, la Chambre de commerce du Canada et Business France.  

En 2022, à l’échelle canadienne, la France est devenue le pays européen le plus présent en Ontario avec 135 000 emplois et 842 sociétés implantées et opérant localement.

Combien de membres actifs la French Tech Toronto compte-t-elle?

Nous sommes une belle communauté de passionnés, tous bénévoles, comptant 10 membres actifs du conseil d’administration : moi-même, la présidente, le trésorier et cofondateur Benjamin Cohen, la VP ESG Coline Roux, le VP financement Ludovic André, le secrétaire général et VP Talents Marc Lijour, le VP international et cofondateur Njara Zafimehy ainsi que Damien Véran, Estelle Azemard, Frédéric Grelot et Hortense Fanouillaire, tous professionnels du milieu de la technologie.

Vous organisez des sommets annuels sur ces thèmes. Combien de personnes rassemblent-ils?

En juin 2022, nous avons réuni 360 personnes à l’AGO (Musée des beaux-arts de l’Ontario) de Toronto, dont 40 % de femmes, la parité étant très importante pour nous. Le 18 mai dernier, nous avons réuni au ROM (Musée royal de l’Ontario) le plus grand musée canadien, 520 personnes.

Ce mardi, lors de notre événement anniversaire des 10 ans du haut de la CN Tower, nous avons annoncé que notre sommet annuel, le French Tech Toronto Summit, le plus gros sommet français organisé sur le territoire canadien, se tiendra le 28 mai 2024 au château de Toronto Casa Loma, privatisé pour l’occasion pour 600 personnes, dont 50% de femmes présentes.

Parlez-nous également de vos projets organisés tout au long de l’année…

Mon rôle en tant que présidente est vraiment d’assurer les levers de fonds, la gouvernance et les successions. Nous guidons également les investissements étrangers qui souhaitent s’installer en Europe vers la France. Mais durant l’année, pour garder notre communauté active, nous organisons des meet-ups qui rassemblent jusqu’à 70 personnes à la fois, avec une dimension sociale de rencontre et d’échanges et un volet éducatif. Nous avons également une série qui met en avant des entrepreneurs francophones et français.

Quels sont vos objectifs pour les prochaines années?

Le 8 mars dernier, Journée internationale des droits des femmes, nous avons lancé le réseau ABEONA (la déesse grecque du voyage) network, pour les femmes entrepreneurs dans la Tech. Nous avons lancé un événement en quadruplex : Toronto, Montréal, Vancouver et Paris, à travers des visioconférences.

Cela s’est accompagné du lancement d’un rapport d’une centaine de pages, travail de recherches de six mois, avec 30 organisations à travers la France et le Canada qui ont des programmes soutenant les femmes en affaires et technologie. Nous avons rédigé des recommandations pour soutenir les femmes dans ces milieux, pour faire avancer la parité.

Nous voulons organiser un évènement similaire le 8 mars prochain au Toronto Region Board of Trade avec un panel sur la mise en place d’actions concrètes pour la suite. »

Lors du lancement de Abeona Network le 8 mars 2023 au Toronto Region Board of Trade. Gracieuseté