La murale de S.O.S Montfort va disparaître définitivement
OTTAWA – La murale qui illustrait le combat des Franco-Ontariens pour sauver l’Hôpital Montfort à la fin des années 1990 ne sera pas rénovée faute de moyens financiers suffisants. Elle sera plutôt remplacée, comme l’a confirmé à ONFR+ Jean Malavoy, directeur général du Muséoparc Vanier.
Située à l’angle de la promenade Vanier et du chemin McArthur dans le quartier Vanier, la murale représentait Gérald Savoie, Michelle de Courville Nicol, Gisèle Lalonde, Michel Gratton et Ronald Caza triomphant devant une foule d’anonymes brandissant une pancarte « Montfort toujours ».
Elle avait été retirée au printemps 2017 pour bénéficier d’une rénovation.
« Elle est belle cette murale et elle nous rappelle notre histoire, mais pour rénover une murale comme celle de S.O.S Montfort, ça nous demande 60 000 $. Nous n’avons pas été capables de réunir cette somme, donc autant faire une nouvelle dans le même thème avec des artistes de chez nous », lance Jean Malavoy.
Plus de trois ans après l’appel des dons par le Muséoparc Vanier, l’institution dédiée à la préservation du patrimoine dans le quartier Vanier n’a pas été capable de réunir les 80 000 $ initialement demandés pour rénover la trentaine des murales situées dans Vanier. La murale de S.O.S Montfort était incluse dans cette somme.
« La campagne n’a pas été concluante, on a demandé de l’aide à la Ville d’Ottawa, mais la Ville n’a rien fait », ajoute M. Malavoy.
Pourtant en 2018, le directeur général du Muséoparc avait approché le maire d’Ottawa, Jim Watson, le conseiller municipal de Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, et le directeur des affaires culturelles à la Ville d’Ottawa, Dan Chenier, pour leur signifier « l’inestimable richesse des murales à Vanier ».
L’élection municipale d’octobre 2018 avait cependant coupé court sa démarche.
La Ville d’Ottawa se défend
Contacté au téléphone par ONFR+, Mathieu Fleury soutient que le Muséoparc Vanier n’a pas approché la Ville pour le financement.
« La murale n’appartient pas à la Ville mais à la communauté, au Muséoparc. Ils ont un gros dilemme, à savoir comment on fait pour entretenir les murales. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas le faire, mais il y a un problème de recherches des fonds pour pouvoir la représenter. »
Et d’ajouter : « La ville est disposée à regarder les options de financement, mais le Muséoparc doit s’organiser, et montrer comment ils veulent faire… Je ne pense pas qu’ils ont fait cette demande au Conseil des Arts du Canada ou à Patrimoine canadien… »
Manque de grands donateurs
De son côté, le directeur général, Jean Malavoy, qui est entré en fonction quelque temps après le lancement de la campagne, admet volontiers que les choses auraient pu être faites différemment.
« Je n’étais pas là à l’époque où la campagne a commencé, mais je dois avouer que nous avons manqué de leadership. On avait besoin d’une bonne stratégie dans la diffusion de la demande des fonds mais en même temps, nous sommes une petite équipe. Il nous fallait du soutien de la part des grands donateurs, mais ça ne les intéressait pas. »
Toutefois, la Ville a donné un montant de 10 000 $ confirme le Muséoparc. Loin en somme des 80 000 dollars initialement demandés.
« En 2020, nous allons refaire une demande, avec un dossier plus étoffé. Cette fois, l’une des priorités sera le remplacement de la murale S.O.S Montfort et restaurer toutes les fresques qui peuvent l’être », conclut le directeur général du Muséoparc Vanier.
De son côté, l’Association des Communautés Francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa) se dit attristée par la nouvelle mais la considère comme un mal nécessaire.
« Nous sommes tous concernés par les coupures, nous savons à quel point ces murales sont symboliques mais je pense qu’il faut savoir évaluer les moyens qu’on a et faire des choix même s’ils sont difficiles. Le Muséoparc a pris la bonne décision », fait part la directrice générale de l’ACFO Otawa, Ajà Besler.
Quelque 38 murales ont été installées dans le quartier Vanier entre 1998 et 2010. Chacune de ces murales représentaient la vie de la communauté.
Article écrit avec la collaboration de Sébastien Pierroz