La Régie des alcools de l’Ontario (LCBO) en grève
TORONTO – Les employés de la LCBO sont entrés en grève dès ce vendredi à minuit, faute d’un accord avec l’enseigne. Une conséquence directe de l’annonce en mai dernier du premier ministre ontarien Doug Ford quant à la vente d’alcool dans les grandes surfaces et des craintes de perte d’emplois. La LCBO avait déclaré qu’en cas de grève les magasins fermeraient durant 14 jours.
La Régie des alcools de l’Ontario, mieux connue sous l’acronyme de LCBO (Liquor Control Board of Ontario) et le syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) ne sont pas parvenus à un accord dans la nuit de jeudi à vendredi, entrainant la fermeture de 600 magasins pendant 14 jours.
« Les travailleurs de la LCBO ripostent – pour de bons emplois dans chaque communauté et pour protéger les services publics et empêcher Ford de donner l’argent de l’Ontario aux PDG des chaînes d’épicerie », a légitimé le SEFPO qui représente 10 000 des employés.
L’annonce de la généralisation de la vente d’alcool aux épiceries et dépanneurs a fait monter les craintes de perte d’emplois. Les revendications des employés ont également trait à des augmentations de salaire et plus de contrats à temps plein.
Quelques minutes après minuit, heure limite fixée pour parvenir à un accord, l’employeur a manifesté sa déception. « Au cours des derniers mois, nous avons mené des négociations collectives dans l’espoir de parvenir à un accord juste et équitable qui tienne compte des demandes du syndicat tout en garantissant la viabilité à long terme de nos activités. Malgré tous nos efforts, nous n’y sommes pas encore parvenus », a regretté la direction par voie de communiqué.
« Des plans d’urgence sont en place pour minimiser les perturbations autant que possible et garantir que nos produits restent disponibles pour notre précieuse clientèle, tant pour la vente au détail que pour la vente en gros », a assuré la LCBO.
Première grève dans l’histoire de la LCBO
Il s’agit de la première grève de toute l’histoire de la régie. Les succursales de la LCBO sont désormais fermées pendant 14 jours, tandis que le service de commandes en ligne reste disponible. Si aucun accord n’est trouvé à l’issue des 14 jours, 30 magasins LCBO seront de nouveau opérationnels, mais avec horaires limités.
« Nous comprenons que la grève soit perturbatrice. Nous encourageons tous ceux qui sont frustrés à appeler Ford et à lui demander de ne pas gâcher l’été et de retourner à la table de négociation de la LCBO avec un engagement significatif pour un avenir solide pour la LCBO, a déclaré Colleen MacLeod, présidente de l’équipe de négociation du SEFPO. Nous sommes certains que si nous avions négocié avec notre employeur et non avec le premier ministre, nous aurions conclu un accord et cette grève aurait pu être évitée. »
« Nous considérons cela comme une crise existentielle pour la LCBO, a exprimé JP Hornick, présidente du SEFPO. Voulons-nous avoir un fournisseur public d’alcool comme nous l’avons eu au cours des 100 dernières années? Ou allons-nous simplement vers un modèle privé à la Wild West ? »
Un peu plus tôt, avant l’heure butoir, l’opposition avait dénoncé l’obstination du gouvernement dans les négociations.
« Au lieu de négocier un accord équitable qui protège les bons emplois, Doug Ford est prêt à risquer un été sec et des milliards de revenus pour les services dont vous dépendez », avait accusé la cheffe de l’opposition Marit Stiles.
« Les travailleurs de la LCBO méritent la sécurité d’emploi, des salaires décents et un traitement équitable. Doug Ford doit faire ce qui s’impose et parvenir à une entente équitable qui respecte les travailleurs, permette à l’Ontario de continuer à travailler et ne perturbe pas la vie des Ontariens qui travaillent dur », avait plaidé Stephen Blais, député provincial d’Orléans et porte-parole libéral de l’Ontario en matière de travail et de formation professionnelle.
Article écrit avec la collaboration de Mickaël Laviolle.