L’AFO dévoile son Livre blanc sur les arts et la culture
OTTAWA – Faire rayonner un peu plus les artistes francophones en Ontario, voilà le chantier auquel s’attaque l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Choix du calendrier non-innoncent – le lancement du Festival franco-ontarien se déroule le soir-même -, la présentation du Livre blanc sur les arts et la culture veut avant tout donner une nouvelle impulsion dans ce domaine.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Rédigé par l’artiste et consultant Éric Dubeau, le document d’une trentaine de pages met en lumière les manques dans le secteur des arts et de la culture. Il est le fruit d’une dizaine de consultations régionales à l’échelle de la province à l’automne 2016.
« Le milieu artistique et culturel de la francophonie ontarienne compte un bassin d’artistes et d’organismes artistiques et culturels considérable, à l’œuvre partout en province (…) Or, le financement public en appui à ce secteur stagne depuis des années et la stratégie de la province en matière de culture fait largement fi de la francophonie », peut-on lire dès le préambule du document.
Lors de la présentation du livre à la Nouvelle-Scène, jeudi 15 juin, le ton de M. Dubeau était tout aussi alarmiste. « La situation des centre culturels et francophones en Ontario est critique », ou encore « la situation a dégringolé depuis dix ans ».
Parmi les grandes solutions proposées : le soutien des artistes, l’élargissement du réseau, le « rayonnement » des produits culturels francophones, faire du milieu de l’éducation un partenaire de premier plan de la vitalité culturelle, pallier l’insuffisance de données sur le milieu.
« S’il n’y a pas actions immédiates dans le développement culturel, le réseau des infrastructures développées au cours des 50 dernières années va disparaitre, à l’exception des grands centres », précise M. Dubeau.
Besoins financiers
De quels besoins parle-t-on au juste? « On parle de 50 000 $ pour qu’un centre culturel puisse se développer », explique en entrevue, Catherine Voyer-Léger, de l’Alliance culturelle de l’Ontario. « Il faudrait aussi augmenter le budget du Conseil des arts de l’Ontario, parce que le budget est gelé depuis très longtemps, sans compter offrir des bourses aux artistes franco-ontariens pour faciliter leur création. »
Le problème de ressources ne serait pas l’unique manque. « En Ontario, nous avons huit organismes de services aux arts, qui desservent chacun un sous-regroupement d’artistes. »
Le dernier exercice du genre dans l’Ontario français pour dynamiser les arts et la culture remonte à 1991 avec le rapport du Groupe de travail pour une politique culturelle des francophones de l’Ontario.
Des rencontres prévues au provincial et au fédéral
« La plupart des recommandations sont sur un échéancier immédiat ou dans les trois prochaines années », ambitionne pourtant M. Dubeau.
Le président de l’AFO, Carol Jolin, veut rencontrer très rapidement la ministre du Tourisme, de la Culture, et du Sport, Eleanor McMahon, pour lui présenter le document. « Nous voulons rencontrer également des gens du palier fédéral. Ce que l’on veut, c’est un travail d’équipe entre le provincial et le fédéral, pour coordonner le travail au niveau des arts et de la culture. »
Ce n’est pas la première fois que l’AFO entreprend la rédaction d’un Livre blanc. En mars, l’organisme porte-parole des francophones en Ontario avait dévoilé un document de la sorte sur l’immigration. Un autre Livre blanc est attendu à l’automne sur les médias.