L’AFO réclame plus d’argent pour l’Ontario français
OTTAWA – Alors que les détails du prochain plan d’action pour les langues officielles ne sont pas encore connus et que l’impatience grandit, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) enjoint le gouvernement fédéral à augmenter l’enveloppe de financement et à revoir son mode de calcul, jugé défavorable à l’Ontario.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Pour l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens, le gouvernement fédéral doit en faire plus pour les langues officielles. Après avoir estimé à 224 millions de dollars la somme nécessaire pour compenser le gel du financement observé depuis 2008, l’AFO estime désormais que si le gouvernement veut faire des langues officielles une priorité, il devra considérablement augmenter les sommes qui y sont consacrées.
L’organisme souhaite que soient doublés les transferts vers les provinces et territoires pour les programmes d’éducation de langue première, qui passeraient de 60 à 120 millions de dollars par année, et ceux vers les organismes, qui pourraient compter sur une enveloppe annuelle de 110 millions de dollars chaque année contre 55 millions de dollars actuellement.
« On sait que le conseil des ministres se réunit bientôt pour parler du futur Plan d’action pour les langues officielles. On veut donc que le message se rende. On a besoin d’une majoration de l’enveloppe. La survie de certains organismes ne tient qu’à un fil, beaucoup ont dû couper dans leur personnel et dans leurs services. Il y a un coup de barre sérieux qui doit être donné », estime le président de l’AFO, Carol Jolin.
« Pas farfelu », dit la SANB
La proposition de l’AFO reçoit un appui sans équivoque de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada. L’organisme porte-parole des francophones en contexte minoritaire se dit d’accord avec la prise de position réclamant un réinvestissement massif dans les communautés, rappelant l’impact du sous-financement chronique qui a conduit à la fermeture de certains organismes et une menace de disparition pour d’autres.
Même son de cloche du côté du directeur général de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Ali Chaisson.
« Les chiffres avancés de doubler l’enveloppe ne sont pas farfelus. Il faut dire les vraies choses et ce ne sont pas des propositions qui datent d’hier. Si l’enveloppe n’avait pas été gelée pendant si longtemps et si on nous avait écoutés avant, on n’aurait pas besoin de faire cette demande. Au Nouveau-Brunswick aussi, nous avons plusieurs organismes menacés. »
Une meilleure reconnaissance de l’Ontario français
La FCFA se montre toutefois beaucoup plus prudente quant à la demande franco-ontarienne de revoir la répartition des fonds entre les différentes provinces et territoires.
L’AFO estime que les organismes francophones de l’Ontario sont sous-financés par rapport aux autres provinces canadiennes. L’organisme déplore que même si l’Ontario représente près de 54 % de la population francophone canadienne vivant en situation minoritaire, ses organismes franco-ontariens n’ont reçu que 23 % du financement de Patrimoine canadien destiné à la société civile en 2015-2016.
« Nous avons de plus en plus d’organismes et beaucoup fonctionnent avec 35 000 $ et moins et ne reposent que sur le leadership et la bonne volonté d’une ou deux personnes. Il faut que soit reconnue l’importance de notre population. On estime qu’avec 33 %, on pourrait faire un meilleur travail », dit M. Jolin.
Jointe par #ONfr, la FCFA a refusé de commenter cette proposition. Le directeur général de la SANB s’est montré quant à lui compréhensif.
« On peut comprendre la frustration de l’Ontario dans le contexte actuel. Mais sans augmentation générale de l’enveloppe, cela pourrait avoir un impact négatif dans d’autres provinces. Or, il y a des communautés très minoritaires qui ont des défis géographiques hallucinants et une situation unique qui nécessitent des ajustements. Le gouvernement doit faire plus. »
Le président de l’AFO assure que l’objectif de son organisme n’est pas de sabrer dans le financement des autres provinces.
« C’est pour ça qu’on demande un réinvestissement. Nous savons que c’est difficile aussi dans les autres provinces et comprenons aussi que certaines touchent plus per capita, même si elles sont plus petites, car leur réalité est différente. »
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