Le lancement de la saison 2024-2025 de La Nouvelle Scène Gilles Desjardins s'est déroulé au Bistro Marcil Lavallée.

OTTAWA – La Nouvelle Scène Gilles Desjardins (LNSGD) a tenu son événement de lancement jeudi soir. Le Théâtre de la Vieille 17, le Théâtre Catapulte, le Théâtre du Trillium et Vox théâtre ont présenté leur programmation 2024-2025 respective, toutes regroupées sous le thème Fragments d’être. Treize spectacles sont prévus pour la saison.

C’est dans une formule simple que se sont présentés les dirigeants des quatre compagnies qui se partagent le bâtiment et certains artisans des pièces à venir. L’animatrice Mathilde Hountchégnon les a accueillis sur scène pour qu’ils présentent chaque proposition en une minute top chrono… ou presque.

L’étoile du match va à Danielle Le Saux-Farmer et Ziad Ek, qui ont su trouver une façon originale de présenter la pièce Oh! Canada – chapitre 1 : l’Est du pays. Ce projet de théâtre documentaire traite du fait français dans les Maritimes, au Québec et en Ontario. Faisant mine de chercher ses mots, Danielle Le Saux-Farmer a finalement présenté le projet en anglais, malgré la tentative d’intervention de son collègue et sous les rires et les huées d’une foule qui n’a pas mis longtemps à voir clair dans son jeu.

L’étonnement, l’indignation et l’hilarité sont passés sur les visages pendant la présentation de Danielle Le Saux-Farmer, qui a fait mine de perdre son français au moment de présenter la pièce documentaire Oh! Canada. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Le reste de la soirée était consacré au réseautage, alors que plusieurs membres de l’industrie du théâtre franco-ontarien et de l’Outaouais étaient présents.

La Catapulte

La saison de LNSGD s’ouvrira du 23 au 26 octobre avec Iphigénie à Point-aux, une pièce 16 ans et plus coproduite par le Théâtre Catapulte et les Stations sordides. L’une des interprètes, Virginie Charland, a expliqué à ONFR que la pièce a été écrite aux États-Unis puis adaptée à Montréal. « C’est très situé, mais je trouve que le texte fait un bel écho à ce qui se passe à Ottawa. »

Le texte parle entre autres d’itinérance, de coupes budgétaires et d’appauvrissement de la classe moyenne. Si Iphigénie est un personnage de la mythologie grecque, la référence n’est que très lointaine, comme l’explique Virginie Charland. « C’est le sacrifice de soi pour le bien d’autrui. »

Dans la programmation du Théâtre Catapulte, outre Iphigénie à Point-aux et Oh! Canada, on retrouve aussi Le Taureau, qui nous amène dans un bureau de psychologue où un homme qui aurait posé des gestes violents suit une thérapie. Il s’agit d’un des deux textes de Marc-André Charrette, auteur en résidence de la Catapulte pour la saison 2023-2024, à être présentés dans la saison 2024-2025 de LNSGD.

Isabelle Bartkowiak a officiellement pris le rôle de directrice artistique et co-directrice générale du Théâtre Catapulte en décembre 2023, après une période de transition. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Il s’agit de la première saison programmée officiellement par Isabelle Bartkowiak, nommée au poste de directrice artistique et co-directrice générale l’an dernier. « Je trouve ça beau de se donner le temps de faire une transition entre les visions artistiques », explique Isabelle Bartkowiak à ONFR, en parlant de sa prédécesseure, Danielle Le Saux-Farmer, qui travaille sur Oh! Canada depuis plusieurs années.

Le Trillium

Le directeur artistique du Théâtre du Trillium, Pierre Antoine Lafon Simard, s’est réjoui d’annoncer le retour de la biennale Actoral, dont il n’a pas révélé les détails, mais qui regroupe le théâtre, la danse et la performance. Il a mentionné que des artistes auront le mandat de créer des œuvres uniques dans les galeries du centre d’artistes AXENÉO7, situé à Gatineau. Marguerite Friend, Émilie Camiré-Pecek et Zachary Gosselin feront partie du lot, tout comme les duos formés de Lisa L’Heureux avec Pierre-Luc Clément et d’Anne-Marie Ouellet avec Thomas Sinou, de la compagnie L’Eau du bain. Deux spectacles différents auront lieu chaque soir pendant Actoral.

Le Trillium propose des expériences théâtrales originales. Pour Jeff Koons, un texte de l’Allemand Rainald Goetz qui questionne le rôle de l’art dans la société, LNSGD sera transformée en discothèque. « C’est un spectacle unique. On fait la fête. C’est un peu immersif, un peu capoté », a décrit Pierre Antoine Lafon Simard.

Le dramaturge Jean Marc Dalpé (à gauche) et le directeur artistique du Théâtre du Trillium, Pierre Antoine Lafon Simard

La salle se transformera à nouveau pour Onde, un spectacle déambulatoire et sonore italo-canadien autour de l’amitié. « Ce qu’on propose, c’est vraiment une expérience pour le spectateur », a expliqué Milena Buziak, qui fait partie de l’équipe de création. « Il n’y a pas nécessairement d’histoire à raconter. On offre un espace où le spectateur peut tisser ses propres liens entre son vécu et la proposition artistique. »

Onde (vague, en italien) s’inspire du roman Les vagues de Virginia Woolf. Le spectacle sera présenté en février.

La dernière production du Théâtre du Trillium est Le vide, de Marc-André Charrette, présentée en mars. « Ça suit le parcours d’un homme qui tente de se terrer chez lui pour trouver une routine rassurante et créer un peu de prévisibilité dans sa vie. Lors de l’arrivée d’une mouche, tous ses repères sont bousculés », a expliqué l’auteur lors du lancement.


La Vieille 17

À l’intérieur du thème Fragments d’être, la directrice artistique du Théâtre de la Vieille 17, Geneviève Pineault, indique avoir voulu explorer le sous-thème de la résilience.

Dès le 13 novembre, le public pourra découvrir Amphibien. « Ce n’est ni un spectacle pour adultes ni un spectacle pour enfants. Et en même temps, c’est à la fois un spectacle pour adultes et un spectacle pour enfants. En fait, c’est un spectacle pour adultes, auquel les enfants sont conviés », a tenté de résumer le concepteur sonore Martin Dawagne, qui indique donc s’être inspiré de deux univers pour créer l’ambiance.

Crawlspace : une vraie de vraie histoire d’horreur immobilière, qu’on a vue l’an dernier au Théâtre français de Toronto, puis aux Zones théâtrales, sera accueilli par la Vieille 17 en avril. Le texte est de Karen Hines et la traduction, de Mishka Lavigne. Cette dernière a expliqué au public avoir été touchée par « l’idée du chez-soi, l’endroit où l’on est bien, où l’on devrait être en sécurité et où, parfois, on ne l’est pas. »

De gauche à droite : Mishka Lavigne pour la traduction de Crawlspace, Marie-Ève Fontaine pour Cet été qui chantait et Martin Dawagne pour la conception sonore d’Amphibien. Photo : Rachel Crustin / ONFR

La pièce Cet été qui chantait ajoute LNSGD à sa tournée ontarienne. La pièce de Marie-Ève Fontaine avait au départ été pensée pour un public double de jeunes et de leurs grands-parents, mais le rodage a démontré qu’elle s’adressait à un public beaucoup plus large. Il s’agit d’une ode à la lenteur, à la nature et au livre du même titre, signé Gabrielle Roy.

En plus de la saison à LNSGD, Geneviève Pineault s’est réjouie de mentionner que la pièce TOQAQ MECIMI PUWIHT / Delphine rêve toujours, une collaboration entre la Vieille 17 et la compagnie autochtone Ondinnok, entame sa quatrième année de tournée. La pièce jeunesse se déroule en français et en wolastoqey.

Vox

Les jeunes spectateurs de la capitale nationale trouveront leur compte dans la programmation de Vox théâtre, dès le 23 novembre. La pièce Coucou s’adresse aux deux ans et plus au moyen des arts de la marionnette et se questionne sur notre rapport au temps. Qu’arrive-t-il lorsque l’horloge ne fonctionne plus, c’est-à-dire qu’on enlève l’impératif du temps?

Les enfants plus vieux auront leur tour en avril, avec Tricyckle, une pièce pour les 12 ans et plus. « Une poésie visuelle » selon le directeur artistique et général, Pier Rodier.

Le directeur artistique et général de Vox théâtre, Pier Rodier, et la directrice artistique du Théâtre de la Vieille 17, Geneviève Pineault, parlent de la nouvelle saison de La Nouvelle Scène Gilles Desjardins. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Co-produite par Vox Théâtre et le Théâtre du Nouvel-Ontario de Sudbury, Jaune comme joie s’arrêtera à Ottawa en mai, juste avant de se déplacer dans la ville du nickel.

L’autrice Sarah Migneron était sur place au lancement de LNSGD. « Les textes, à la base, sont des poèmes, a-t-elle expliqué sur scène. Ils jouent avec les émotions, les couleurs et les associations entre les deux. »

« Jaune comme joie, c’est un happening… pour les deux à cinq ans seulement » a imagé Pier Rodier.