Langues officielles : « Ça suffit le niaisage », fulmine Drouin contre ses collègues anglo-québécois 

Drouin
Crédit image: OIF

OTTAWA – Le député franco-ontarien Francis Drouin en a assez du « niaisage et du show de boucane » de certains de ses collègues anglophones, qui critiquent ouvertement la Loi 96 au Québec via la modernisation de la Loi sur les langues officielles à Ottawa.

« Le show de boucane mené par certains de mes collègues est honteux. Le Montréal island n’a pas le monopole sur la politique linguistique du Canada. La désinformation n’a pas sa place dans ce débat », a-t-il écrit mardi matin sur Twitter. 

https://twitter.com/Francis_Drouin/status/1622928902246072325?s=20

Le député de Glengarry-Prescott-Russell réagissait à des propos erronés de la députée Emmanuella Lambropoulos qui critiquait la Loi 96.

Elle affirmait que la grande mère de sa coiffeuse n’avait pas pu obtenir un service en anglais lors d’une visite chez son docteur en raison de la Loi 96. Ce dernier parlait en anglais auparavant, mais ce n’est plus le cas depuis l’adoption de la loi québécoise, car ce docteur craint « de faire l’objet d’une plainte si elle parle une langue autre que le français à son lieu de travail », relatait Mme Lambropoulos. C’est pourtant faux car la Loi 96 ne s’applique pas au système de santé. 

« C’est assez le niaisage… Je ne tolérerai pas ce genre de comportement de la part de mes collègues alors que c’est basé sur de la désinformation », a renchéri Francis Drouin en entrevue avec ONFR+.

Le député soutient que ses collègues ont fait leur point mais que la majorité au comité ne les a pas appuyés en référence à un amendement adopté, qui inclut la Charte de la langue française dans le projet de Loi C-13. Il s’agit d’un amendement que les députés anglophones souhaitaient exclure. 

« L’amendement n’est pas passé, on ne peut plus reculer. Moi aussi j’ai une communauté francophone à représenter et c’est la communauté francophone de l’Ontario… Le premier ministre a donné l’opportunité à ces députés-là de faire la représentativité de leur communauté. Le vote n’est pas passé malheureusement pour eux, alors là maintenant, il faut aller de l’avant », demande le membre du Comité des langues officielles.

Une minorité de députés

Le député de Glengarry-Prescott-Russell soutient que certains de ses collègues anglophones ne reflètent qu’une minorité au sein des députés libéraux. Depuis plusieurs semaines, certains élus libéraux critiquent ouvertement la mouture de la ministre Ginette Petitpas Taylor.

« La majorité du caucus est d’accord sauf quelques personnes mais c’est normal dans une famille », affirme-t-il.

Il remet par ailleurs en doute certains des propos de ses collègues de communautés anglophones. Marc Garneau avait qualifié en décembre dernier loi québécoise de « discriminatoire envers la minorité anglophone ». Le député de Mont-Royal Anthony Housefather avançait n’avoir « jamais vu autant de désespoir, de mécontentement et de craintes ».

« Le projet de loi 96 amène les Québécois anglophones à se demander qui les défend », avait-il dit en comité parlementaire.

« Ce n’est pas le gouvernement fédéral qui va régler la Loi 96. À ma connaissance, quand la Loi 96 est passée, la communauté anglophone n’a pas subi de conséquences majeures. Il faut être réaliste, ce n’est pas la Loi 96 ou la Loi 101 et C-13 qui vont venir sauver tous les meubles des communautés en situation minoritaire », a martelé Francis Drouin en entrevue pour ONFR+.

Mais le projet de Loi C-13 doit avancer car il s’agit d’un « outil d’essentiel », contrebalance-t-il. Il reste cinq séances pour voter près d’une centaine d’amendements, dont certains qui proviennent des communautés francophones, du commissaire aux langues officielles ou du gouvernement du Québec.

« Je vis dans une communauté ou moi même j’ai même pas accès à une garderie en français, c’est pas normal et C-13 vient renforcer ça », souligne le représentant libéral dans l’Est ontarien.

Réaction de Justin Trudeau

Questionné au sujet des propos de son député, Justin Trudeau a répondu que la priorité est de protéger le français au Québec et à travers le pays, ajoutant appuyer la mouture de la ministre Ginette Petitpas Taylor.

« On est en train d’avancer avec le projet de Loi C-13 qui non seulement, va protéger les communautés linguistiques minoritaires à travers le pays et renforcer le français au Québec », a dit le premier ministre avant de faire son entrée à la réunion du cabinet.

Pour le lieutenant du Québec Pablo Rodriguez, c’est « normal » que ce débat « soulève des passions de part et d’autre ».

« Ultimement, c’est un projet de loi du gouvernement qui vient protéger et renforcer le français au Québec et à l’extérieur du Québec et moi je m’attends à ce qu’on en discute et qu’on en débatte, fine, mais qu’en fin de compte, il est temps qu’on aille de l’avant. »

Le Whip du caucus Steven MacKinnon n’a pas souhaité critiquer la position de ses collègues anglophones ou s’avancer sur si le caucus était divisé sur la question, mais il réitère son appui au projet de loi.

« Je ne caractérise pas les débats qui peuvent avoir lieu sur une loi aussi fondamentale que celle-là, mais on a pris un engagement et on entend le respecter. »