Langues officielles : Ottawa injecte des milliards pour les minorités francophones

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Justin Trudeau et la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor. Crédit image : Adam Scotti (Cabinet du premier ministre).

OTTAWA – Justin Trudeau a annoncé mercredi matin à La Cité un investissement de 4,1 milliards de dollars sur cinq ans pour les Langues officielles, dont 1,3 milliard de dollars de nouveau financement.

Cette annonce est liée à la sortie du Plan d’action sur les langues officielles, une sorte de feuille de route guidant le gouvernement sur cinq ans concernant sa stratégie en langues officielles. Ce montant est très légèrement supérieur au 3,8 milliards de dollars annoncés lors du budget du mois dernier. Il s’agit du plus gros investissement monétaire pour un Plan d’action depuis le premier mis en place en 2003.

« Contrairement aux politiciens conservateurs, notre gouvernement libéral va toujours être là pour défendre les langues officielles », a critiqué Justin Trudeau, qui n’a toutefois pas pris de questions lors de l’annonce.

Ce dernier faisait allusion aux coupes en 2018 de Doug Ford envers les francophones et les récents événements au Nouveau-Brunswick avec Blaine Higgs pour l’immersion en français.

L’annonce de ce plan survient alors que reprennent aujourd’hui les débats sur le projet de loi C-13 à la Chambre des Communes. Les quelque 4 milliards de dollars seront répartis dans quatre principaux secteurs : l’immigration francophone, l’aide aux organismes, l’accès à la justice en français et la petite enfance.

Le gros lot à l’immersion en français

Il existe aussi dans ce Plan d’action, une enveloppe destinée aux provinces pour l’éducation en français en milieu minoritaire, du primaire jusqu’au postsecondaire.

La plus grosse partie de cet argent sera réservée aux écoles d’immersion à travers le pays comme lors du dernier Plan d’action, soit près de 242 millions de dollars. Les écoles francophones toucheront de leur côté une enveloppe de 128 millions de dollars. Il existe aussi 66 millions de dollars pour financer des stratégies visant à recruter des enseignants francophones. Ottawa a toujours pour objectif d’atteindre un taux de bilinguisme chez les anglophones hors du Québec de 9 % en 2036 alors qu’il est autour de 6 %.

Postsecondaire : une promesse pas respectée

Le fédéral envoie aux provinces jusqu’à 128 millions de dollars sur 4 ans à partir de 2024-2025 pour les établissements d’enseignement postsecondaire dans la langue de la minorité. Cela s’ajoute au 121 millions de dollars sur trois ans, annoncés dans la foulée des déboires financiers à La Laurentienne en 2021.

Ce n’est toutefois pas à la hauteur de la promesse de Justin Trudeau en campagne électorale. Les libéraux avaient toutefois promis lors de la campagne électorale de mettre une enveloppe permanente en place de 80 millions de dollars par année dans la foulée des déboires financiers à La Laurentienne lors d’une annonce à l’Université de Sudbury.

Un corridor pour le recrutement d’enseignants

Pour réduire la pénurie d’enseignants francophones, Ottawa accorde 16,3 millions de dollars sur 5 ans pour accroître le nombre et la rétention d’enseignants francophones, de niveau primaire et secondaire, recrutés à l’étranger afin qu’ils immigrent et s’établissent dans une communauté francophone en situation minoritaire.

De l’argent, mais pas de nouvelles mesures pour l’immigration

Pour sa politique en immigration francophone, Ottawa injecte 137 millions de dollars. De hauts fonctionnaires d’Immigration Canada ont affirmé qu’il s’agirait d’une sorte d’intensification des mesures actuellement en place pour l’immigration francophone, mais pas de nouvelles mesures et programmes dans cette nouvelle stratégie.

Le fédéral a atteint à une seule reprise, en 2022, sa cible en immigration francophone de 4,4%, qui reçoit ce financement. La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) et le Commissariat aux langues officielles demandent au fédéral de mettre en place un programme spécifique à l’immigration francophone hors Québec.

240 millions pour les organismes

Ottawa consacre 239,5 millions de dollars pour le financement de base des organismes, dont une bonification de 62,5 millions de dollars ou un maximum de 25 %. Il y a quelques mois, la FCFA demandait pourtant, pour ses membres, un 300 millions de dollars supplémentaires. Le Plan d’action consacre aussi un 47 millions de dollars pour augmenter le nombre d’ infrastructures éducatives et les espaces communautaires des organismes.

Des consultations partout au pays

Cette feuille de route a été constituée à la suite de consultations pancanadiennes de la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor auprès des intervenants francophones du pays. La FCFA considère ce Plan d’action comme une « relance » pour les francophones en milieu minoritaire à la lumière des récents chiffres du Recensement de 2021, montrant une forte baisse du français et du poids des francophones au pays.

En 2018, le gouvernement Trudeau avait bonifié l’enveloppe de près de 500 millions de dollars pour un total de 2,8 milliards de dollars.