
Le budget du ministère des Affaires francophones passe de 14 à 11,3 millions

L’exercice financier de l’Ontario, déposé aujourd’hui, qui ne fait que peu ou pas mention de projets francophones, dévoile quelques changements quant au budget du ministère des Affaires francophones (MAFO). Initialement estimé à 13,3 millions en 2024-25, la francophonie a finalement bénéficié d’un total de 14 millions. Pour cette nouvelle année fiscale, son budget redescend à 11,3 millions. L’AFO déplore le manque de perspective francophone et de « transparence quant à la destination des fonds ».
Une baisse de 2,7 millions de dollars entre cette année et l’année dernière est à noter pour le MAFO qui bénéficiait alors d’un investissement de durée limitée, de même qu’une augmentation de son budget de base.

Pour 2025-2026, son budget est estimé à 11,3 millions de dollars, le financement de base passant à 8,7 millions, soit un écart mince par rapport au précédent. Si on compare le budget du MAFO par rapport à 2022-23, il s’agit tout de même d’une augmentation de 3 milliards de dollars.
« Les dépenses du ministère des Affaires francophones devraient être moins élevées en 2025-26 qu’en 2024-25 en raison d’un financement temporaire accordé dans le cadre d’une entente fédérale-provinciale visant à appuyer la prestation de services de qualité en français », nous a expliqué un porte-parole du gouvernement.
En 2024, les deux gouvernements ont en effet signé une nouvelle entente de cinq ans, couvrant la période du 1er avril 2024 au 31 mars 2028. Cette entente prévoit une contribution annuelle de 4 millions de dollars pour chaque exercice financier, totalisant 20 millions de dollars sur cinq ans, appuyant le développement de programmes de formation bilingues, visant à améliorer les perspectives économiques des entreprises francophones et à renforcer les services en français.
« Et la diminution du financement s’explique par un report de fonds issus de cette entente durant l’exercice précédent. L’entente se poursuit en 2026-27 et 2027-28 à un niveau de financement stable. »
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a réagi par communiqué sur cette baisse et notamment sur le manque de « transparence quant à la destination des fonds (qui) laisse la commnunauté dans l’incertitude ». Rappelant que le budget de 2024 comportait une section Appuyer la communauté francophone de l’Ontario.
Peu ou pas de précision pour les projets francophones
L’AFO « déplore l’absence notable de mesures concrètes pour répondre aux besoins spécifiques des 1,5 million de francophones et francophiles de la province », notant les secteurs de l’éducation, la culture, les services sociaux ou encore le développement économique de la francophonie internationale.
« Le gouvernement investit pour renforcer la résilience économique de la province. Mais en omettant d’y intégrer une perspective francophone, il affaiblit directement la capacité d’une partie de sa population à contribuer pleinement à cette relance », commente Fabien Hébert, président de l’AFO, qui a rappelé que les entreprises francophones représentent 12% du PIB ontarien.
« Il est temps que les francophones cessent d’être perçus comme un coût, et qu’ils soient considérés comme un investissement stratégique pour l’avenir de la province, spécifiquement sur le plan économique », conclut celui-ci.
« Il n’y a rien sur la francophonie. Une occasion manquée de s’associer de façon plus explicite pour le succès de la province », a également exprimé Julien Geremie, directeur général d’Impact ON.
« Le programme FDC est maintenu et c’est une bonne nouvelle pour la reclassification de la main-d’œuvre. C’est un choix de société qui est fait d’une certaine façon de privilégier davantage les métiers, à voir à plus long terme si cela est stratégique ».
Il salue plusieurs secteurs bien ciblés tels que l’intelligence artificielle, les sciences de la vie ou encore le commerce international, mais il déplore toutefois le manque d’une approche plus décisive, par exemple, côté commerce international.
« Cinq des 14 bureaux de représentation commerciale de l’Ontario sont aux États-Unis, mais rien sur des marchés à fort potentiel comme en Afrique (francophone par exemple), en Amérique du Sud ou encore au Moyen-Orient. »
M. Geremie note la diminution du financement des établissements postsecondaires pouvant « mettre en péril la formation des talents qui seront recherchés pour mener l’innovation dans les secteurs mentionnés ci-dessus ».