Le drapeau franco-ontarien reconnu officiellement il y a 20 ans

Le drapeau franco-ontarien.Archives ONFR+

Il y a 20 ans, jour pour jour, le 29 juin 2001, le drapeau franco-ontarien était officiellement reconnu comme l’emblème officiel des Franco-Ontariens par Queen’s Park. À l’origine du projet de loi, l’ancien député Jean-Marc Lalonde avoue en tirer une fierté aujourd’hui.

Ce drapeau qui s’était surtout fait connaître à l’époque de Montfort est aujourd’hui présent devant les écoles, les centres communautaires et de nombreux édifices gouvernementaux en Ontario, y compris au sein-même de la chambre législative ontarienne.

« Tu peux le dire, je suis fier de ça », lance sans équivoque Jean-Marc Lalonde en entrevue à ONFR+.

« Tout ça a commencé une fin de semaine dans une réception du Collège d’Alfred. Albert Bourdeau, qui était membre du conseil de la communauté de Russell était venu me voir en me disant que la province ne l’avait jamais reconnu comme emblème officiel. C’est de là que l’idée est venue. Le lundi matin, j’ai été voir la section légale qui prépare les projets de loi à Queen’s Park en leur disant de préparer un projet de loi en conséquence qui était le projet de loi 18 », se remémore l’ancien représentant de Glengarry-Prescott-Russell.

Le tout avait été voté unanimement en chambre le 21 juin avant d’obtenir la sanction royale le 29 juin. Comme les députés ne pouvaient débattre qu’un seul projet de loi en seconde lecture par session parlementaire, M. Lalonde avait demandé une faveur à son collègue Monte Kwinter pour présenter son projet de loi plus tôt, car le temps pressait.

« Le 24 était le défilé de la Saint-Jean-​Baptiste à Limoges et puis je voulais voir notre drapeau officiellement reconnu comme drapeau de la communauté franco-ontarienne. C’est pour ça que le 21, j’avais demandé de faire un échange avec Monte Kwinter », se souvient-il.

Le conseiller municipal de Clarence-Rockland et ancien député provincial, Jean-Marc Lalonde. Archives : ONFR+

Pour l’ancien maire de Rockland, ce projet n’aura aidé qu’à renforcer la présence des francophones aux quatre coins de l’Ontario.

« Chaque année et à chaque place que je passe, on en voit de plus en plus. Les municipalités ne se gênent plus de hisser le drapeau franco-ontarien. Ça veut dire que les municipalités accueillent à bras ouverts les Franco-Ontariens. »

Ce dernier se souvient très bien que la Police provinciale de l’Ontario (PPO) avait été parmi les premiers à hisser l’emblème vert et blanc. L’ex-député libéral se rappelle de cérémonies où ils en avaient installé notamment à Embrun, Hawkesbury, Sudbury, North Bay, Hearst et Windsor.

« Je n’ai jamais oublié… On m’avait appelé en me disant : « Jean-Marc, on aimerait bien que tu montes dans le Nord pour hisser des drapeaux devant des stations de la PPO et devant des hôtels de ville ». Sudbury et son maire avaient refusé d’avoir le drapeau et je leur avais dit : « Si je suis capable d’en monter un à Sudbury, je vais monter ». Deux semaines plus tard, on m’appelait pour me dire que c’était fait. »

Montfort comme moteur

Créé en 1975, de façon anonyme au début par Gaétan Gervais et Michel Dupuis, le drapeau avait pour but d’être neutre politiquement, ce qui explique la raison des couleurs vertes et blanches, qui avaient été choisies pour ne pas être associées à aucun parti politique de l’époque. Pour la professeur de l’Université Sainte-Anne, Stéphanie St-Pierre, il a fallu quelques années avant de voir l’étendard des Franco-Ontariens atteindre la popularité qu’il a aujourd’hui.

« Dans les années 1980, dès qu’on a commencé à voir le drapeau franco-ontarien devant les écoles de langue française en Ontario, c’est devenu quelque chose d’encore plus présent, mais un des moments forts a été Montfort. Ç’a été vraiment une mer de drapeaux vert et blanc… Montfort a vraiment été un moment clé et charnière et où le drapeau est sorti du contexte scolaire et communautaire avec les organismes. Il a vraiment été utilisé ouvertement par la communauté », explique Mme St-Pierre qui a coécrit le livre le drapeau franco-ontarien en 2005.

Les drapeaux franco-ontariens étaient fort populaires à l’époque de la manifestation en faveur de la sauvegarde de l’Hôpital Montfort, le 22 mars 1997. Crédit image : Hôpital Montfort

Pour cette dernière, l’adoption d’un projet de loi mettant le drapeau en permanence à Queen’s Park prouve que le drapeau est rendu à un point dans son histoire où il est ancré dans le patrimoine ontarien.

« Je pense que c’est l’idée de la normalisation de la présence du drapeau. On commence à le reconnaître comme étant un symbole incontesté de la population franco-ontarienne. »

Pour Jean-Marc Lalonde, cet emblème aura su être reconnu par les anglophones en plus de réussir sa mission.

« On voulait se faire connaître davantage auprès du gouvernement ontarien. C’était aussi une façon pour la population franco-ontarienne de démontrer notre fierté. »