L'édition 2023 du TIFF s'ouvre sur fond de grève des scénaristes américains et de polémique de revente en ligne abusive. Crédit image: Rudy Chabannes

TORONTO – Le Festival international du film de Toronto (TIFF) déroule son tapis rouge ce jeudi pour offrir aux cinéphiles avec un agenda riche en cinéma canadien et international. Au programme : projections, défilé de vedettes et remises de prix. Tour de ce monument de cette vitrine mondiale du septième art en huit chiffres.

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Fondé en 1976, le TIFF en est à sa 48e édition. Il s’est imposé comme l’un des cinq plus grands rendez-vous cinématographiques de la planète aux côtés du célèbre Festival de Cannes, de la Berlinale, du Sundance et de la Mostra de Venise, doyen des festivals qui achève sa 80e édition. Le TIFF décerne divers prix dont le populaire Prix du public, considéré comme un indicateur de succès futur aux Oscars et autres récompenses. L’an passé, le réalisateur Steven Spielberg l’avait remporté avec The Fabelmans, couronné par la suite meilleur film et meilleur réalisateur aux Goldens Globes.

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Le TIFF, c’est onze jours de projections, du 7 au 17 septembre réparties sur cinq lieux : les cinémas TIFF Bell Lightbox et Scotiabank, les théâtres Princess of Wales et Royal Alexandra, auxquels s’ajoute le Roy Thompson Hall. C’est aussi des conférences, des ateliers, des concerts, des rencontres avec des cinéastes, un cinéma en plein air sur la place David-Pecaut où on peut revisiter des classiques et le festival Street Art Markt qui met en avant la scène locale. Sans compter une journée de célébration du cinéma et de la culture française à la Maison Campbell.

Laissez-nous raconter, série documentaire autochtone de Kim O’Bomsawin. Gracieuseté du TIFF

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Sur les tablettes des cinéphiles cette année, plus de 215 longs métrages de plus de 45 pays. On compte une cinquantaine de productions canadiennes. Le festival débute ce jeudi avec Le garçon et le héron, un film d’animation japonais de Hayao Miyazaki et abaissera son rideau le 17 septembre sur La Vénus d’argent, un film français réalisé par Héléna Klotz avec Claire Pommet, Niels Schneider. Parmi les productions les plus attendues, citons les avant-premières mondiales The End We Start From de Mahalia Belo, Dumb Money de Craig Gillespie et The Dead Don’t Hurt de Viggo Mortensen

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Du côté de la programmation francophone, on retrouve une vingtaine d’œuvres dont les longs métrages canadiens Les jours heureux et SOLO réalisés par les Québécoises Chloé Robichaud et Sophie Dupuis. Citons aussi la comédie d’horreur Vampire humaniste cherche suicidaire consentant d’Ariane Louis-Seizeet la série documentaire autochtone Laissez-nous raconter, signée Kim O’Bomsawin. Également à l’affiche, des films français comme Les indésirables de Ladj Ly, Orlando, ma biographie politique de Paul B. Preciado ou encore Anatomie d’une chute de Justine Triet, Palme d’or du Festival de Cannes.

Près 700 000 visiteurs viennent à Toronto, attirés par ce festival international. Crédit image : Jag Gundu

700 000

Le festival attire chaque année plus de 700 000 visiteurs dans la Ville Reine et représente une activité économique de plus de 114 millions de dollars dans la région, selon une estimation du gouvernement fédéral établie en 2022. D’autres sources évaluent l’impact économique total à 200 millions de dollars. Des milliers d’emplois directs et indirects en dépendent. Le TIFF tire les deux tiers de ses revenus des subventions gouvernementales et des commandites, pour un budget global de près de 50 millions de dollars.

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Une ombre plane cette année sur la venue des vedettes : une grève qui paralyse l’industrie depuis mai dernier à Hollywood pourrait jouer des tours sur le tapis rouge où le public rêve d’apercevoir Kate Winslet (Dumb Money), Robert De Niro (Ezra), Emily Blunt (Pain Hustlers), Scarlett Johansson (North Star), Michael Keaton (Knox Goes Away) et autres Benicio Del Toro (Reptile). Acteurs et scénaristes américains revendiquent des cachets plus importants des studios et des plateformes de diffusion en continu, ainsi qu’une meilleure aide face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle.

Le tapis rouge du TIFF risque d’être privé cette année de certaines stars à cause de la grève des scénaristes américains. Crédit image : Shane Parent

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Partenaire historique du TIFF depuis 28 ans, la société de télécommunication Bell a annoncé il y a quelques jours qu’elle ne serait plus commanditaire du festival à compter de décembre prochain. « Nous avons convenu d’un commun accord que ce partenariat prendrait fin à la fin de 2023 », a fait savoir la vice-présidente des communications du TIFF, Judy Lung. Bell était étroitement lié au TIFF depuis 1995, son centre culturel de la rue King portant même son nom : TIFF Bell Lightbox.

600

Une polémique est née cette année avec le développement sauvage de la revente en ligne à des prix exorbitants, allant jusqu’à dix fois la valeur nominale d’une place et mettant sous le feu des critiques la plateforme de billetterie officielle Ticketmaster. Le Toronto Star ainsi relevé que le prix de la place pour le film d’ouverture Le garçon et le héron de Miyazaki, affichant complet avait atteint 600 $ sur le site StubHub. ONFR a pu constater qu’un billet pour Dumb Money pouvait atteindre plus 1 200 $ ce mercredi. Des voix s’élèvent pour que Ticketmaster lutte plus efficacement contre la revente massive.

Sur le site StubHub, le prix d’une place peut dépasser les 1 200 $. Capture écran ONFR