Le financement d’une école à Ottawa au cœur d’un litige

OTTAWA – En vue de construire son nouvel établissement scolaire doublant sa capacité d’accueil, l’École élémentaire publique francophone Louise-Arbour du centre-ville d’Ottawa, dont les élèves seraient contraints de se tourner vers l’enseignement anglophone, a besoin de 10 millions de dollars supplémentaires. Une lettre du député d’Ottawa-Centre Joël Harden au ministère de l’Éducation, vers lequel le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) s’est tourné, l’exhorte à l’octroi de ce financement additionnel.
Invoquant l’article 23 de la Charte des droits et libertés, la lettre demande au ministère de l’Éducation de garantir aux élèves de la minorité linguistique « une éducation de qualité égale à celle des élèves dans les conseils scolaires de langue anglaise ».
Le député néo-démocrate Joël Harden met notamment en cause le financement incomplet de la part du gouvernement mettant en péril la construction du nouveau bâtiment et le fait que les systèmes scolaires anglophones et francophones n’ont pas les mêmes ressources.
Chandra Pasma, députée d’Ottawa-Ouest-Nepean et porte-parole en Éducation de l’opposition, explique ainsi que bien que les financements soient équivalents entre écoles anglophones et francophones, la partie du financement non prise en charge par le gouvernement est difficile à couvrir pour les francophones qui ne possèdent pas les mêmes terrains et biens immobiliers que les conseils scolaires anglophones « qui progressent à un rythme plus rapide que les écoles de langue anglaise ».

« C’est particulièrement le cas pour les conseils scolaires francophones publics, qui sont plus récents » renchérit-elle, notant également qu’il y aurait eu une sous-estimation des effectifs de l’école dans le financement initial : « L’établissement actuel ne peut accueillir que 300 élèves alors que la nouvelle structure permettrait d’en accueillir 600. »
Celle-ci affirme que le CEPEO, qui travaille en étroite collaboration avec la Ville d’Ottawa pour coordonner l’intégration du projet, s’est tourné vers le député du Nouveau Parti démocratique pour répondre au besoin urgent de ce nouvel édifice, le bâtiment actuel ne pouvant soutenir la demande.
La députée déclare que l’école ne peut se permettre d’attendre la prochaine ronde d’appel à projets sans savoir s’ils auront le financement. « Et c’est sans compter sur le temps qu’il aura fallu au conseil pour obtenir ce premier financement pour le nouvel édifice scolaire », raconte-t-elle. « Les familles à Ottawa sont lassées d’attendre. »
14,5 millions de dollars sur la table
Le ministère de l’Éducation, qui assure quant à lui ne jamais avoir reçu de demande de financement supplémentaire pour ce projet avant la lettre, avait déjà accordé un montant de 14,5 millions de dollars en financement d’immobilisations au CEPEO dans le cadre de la ronde des priorités d’immobilisations 2022-2023 pour le nouvel établissement Louise-Arbour, avec une garderie de trois pièces pour répondre à la pression de logement à Ottawa.
« Nous continuerons d’appuyer la promotion de la culture, de la langue et de l’éducation françaises en Ontario, c’est pourquoi nous investissons plus de 2 milliards de dollars dans le financement des programmes de français langue première ainsi que le soutien aux conseils scolaires, aux organismes communautaires et aux organismes d’éducation sur initiatives pour l’année scolaire 2023-2024 », déclare Grace Lee, la porte-parole du ministère de l’Éducation.
Le ministère indique également à ONFR+ qu’une fois les informations nécessaires soumises par le conseil scolaire au ministère, conformément au processus d’approbation des immobilisations, il s’engagera à travailler avec lui pour s’assurer que le projet se construise le plus rapidement possible.
Pour la députée Ottawa-Ouest-Nepean, le fait que le gouvernement se dise prêt à discuter avec le conseil scolaire CEPEO est une nouvelle étape franchie « sous la pression, par peur d’un nouvel esclandre impliquant un autre conseil scolaire francophone aux droits bafoués ».
En dépit de ce contretemps budgétaire, le CEPEO, qui veut « construire le plus rapidement possible », vise une première rentrée scolaire dans le nouveau bâtiment en 2026-2027. L’école pourrait s’insérer dans un projet de développement urbain au centre-ville. Des consultations publiques doivent prochainement avoir lieu en ce sens.
Cet article a été modifié le jeudi 8 juin à 11h30.