Le Jour de l’émancipation célébré officiellement pour la première fois au Canada

La Colline du Parlement à Ottawa. Crédit image: Archives ONFR+

OTTAWA – Ce dimanche, tous les Canadiens sont invités à célébrer officiellement pour la première fois, le Jour de l’émancipation. C’est le 24 mars dernier que la Chambre des communes a voté à l’unanimité afin que le premier août soit officiellement désigné Jour de l’émancipation. Ce jour commémore le premier août 1834, date à laquelle l’esclavage a été aboli dans l’Empire britannique et, par conséquent, dans ce qui s’appelle aujourd’hui le Canada.

Pour le leader communautaire noir francophone Franklin Epape, le geste posé par la Chambre des communes est en fait un premier pas important.

« La reconnaissance de cette journée très importante est la première étape d’une sensibilisation à l’éducation, en fait. Parce que, la violence et l’oppression ont toujours été quelque chose de continuel pour les Afro-descendants noirs. Alors ici aujourd’hui, le reconnaitre, c’est vraiment très important parce que ça porte vers la sensibilisation dans un modèle qui est simple où l’on comprend et on accepte un problème qui a toujours été là, et qui n’a jamais vraiment été accepté », constate M. Epape.

Le leader communautaire Franklin Epape. Gracieuseté

Cette journée, qui était déjà célébrée de façon officieuse par certains organismes comme la Fiducie du patrimoine ontarien, fait son entrée dans la liste des dates officielles grâce à ce vote unanime de la Chambre des communes. Un geste qui aurait pu être posé plus tôt par nos élus, selon Franklin Epape.

« C’est un message fort parce qu’au sein de la Chambre des communes, on a les gens qui nous représentent, qui reconnaissent un malaise qui n’a pas été reconnu dans les années précédentes. Donc on a tous ces élus qui ont accepté de reconnaître la difficulté des Afro-descendants, d’où le racisme systémique », explique M. Epape.

Un moment opportun

Jean-Marie Vianney est un des membres fondateurs de la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario. Selon lui, cette reconnaissance survient à un moment opportun.

« Nous sommes dans la décennie des personnes de descendance africaine (2015-2024). Le gouvernement libéral actuel a montré énormément d’ouverture vis-à-vis des communautés noires, qu’elles soient anglophones ou francophones, et dans la diversification de nos communautés aussi », souligne-t-il.

« On se vante, comme Canadiens, que nous avons accueilli les esclaves qui fuyaient les États-Unis, alors qu’ici, dans notre pays, il y a eu de l’esclavage… et je pense qu’il est temps de changer le narratif et le discours et je pense qu’en reconnaissant cette journée de l’émancipation, c’est aussi de rétablir cette vérité que le Canada a aussi été, comme les États-Unis, un pays où il y a eu aussi de l’esclavage », nous a expliqué ce leader communautaire au cours d’un entretien téléphonique.

De son côté, le président de l’Association du Barreau canadien (ABC), Bradley D. Regehr, se réjouit, lui aussi, de l’adoption de la motion qui a permis d’officialiser la reconnaissance du Jour de l’émancipation.

« Pour qu’une véritable réconciliation s’opère, nous devons comprendre la vérité de notre histoire, mais aussi celle du temps présent », affirme Me Regehr dans un communiqué.

L’an dernier, celle qui l’a précédé à la présidence de l’ABC, Vivene Salmon, soulignait le Jour de l’émancipation en exhortant les juristes « à réfléchir à la manière dont la loi se faisait complice du maintien de l’esclavage et à penser sans préjugés au legs de l’esclavage qui perdure encore dans nos systèmes juridiques, économiques et sociaux ».

Cette année, l’actuel président a appelé les juristes canadiens à lutter contre le racisme jusque dans leurs propres rangs.

« Vivene Salmon, la première présidente noire de l’ABC nous rappelait que l’histoire de l’esclavage au Canada est liée au racisme systémique dont sont victimes les Noirs et les Autochtones aujourd’hui. En tant que premier président autochtone de l’ABC, c’est avec fierté que je reprends cette année ses paroles. Nous devons brandir le droit comme une arme pour combattre le racisme au sein de notre profession et pour bâtir une société plus solide et plus unie », déclare Me Regehr, en conclusion de son message.