Le ministre Duclos annonce des fonds… sous condition

Le ministre de de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos, aux côtés d'Elizabeth Allard, vice-présidente de la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada (FAAFC). Benjamin Vachet

OTTAWA – Le ministre de de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos, a annoncé, lundi 18 avril, le déblocage d’une enveloppe de 3,4 millions$ pour financer des projets dans les communautés francophones en contexte minoritaire. Une annonce attendue par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, mais dont les modalités soulèvent des questions.

BENJAMIN VACHET
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Lors de son passage devant le comité permanent des finances, en février, dans le cadre des consultations prébudgétaires, la présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier, avait réclamé le déblocage de plusieurs millions$ inutilisés de la Feuille de route pour les langues officielles 2013-2018.

Son message a finalement été entendu puisque, deux mois plus tard, le ministre Duclos a annoncé un investissement fédéral de 3,4 millions$ pour les deux prochaines années et demi remis à la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada (FAAFC).

Cette enveloppe sera gérée par un consortium de quatre organismes. La FAAFC, l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC), la Commission nationale des parents francophones (CNPF) et la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) auront la charge d’attribuer des fonds issus de cette somme pour des projets novateurs dans les secteurs de la jeunesse, des aînés, des femmes et de la famille.

Le consortium priorisera les initiatives qui soutiennent l’emploi chez les jeunes, favorisent le vieillissement actif des aînés, accompagnent les personnes aidantes et qui font la promotion de l’égalité des revenus pour les familles marginalisées.

La vice-présidente de la FAAFC, Elizabeth Allard, donne un exemple.

« Chez les aînés, il y a des foires de santé qui peuvent être intéressantes, par exemple, mais ça peut aussi être des projets intergénérationnels, comme des initiatives qui permettent aux aînés de connaître la réalité des jeunes d’aujourd’hui. »

Le directeur général de la CNPF et de la FAAFC, Jean-Luc Racine, précise : « Ce montant va être réparti de manière équitable. Il y a un appel de projets qui sera lancé prochainement. Nous avons déjà consulté nos communautés et savons que certaines ont déjà des idées. »

Pour le ministre Duclos, l’objectif est triple.

« Ce qui est important dans cet investissement, c’est qu’il va aider nos aînés à collaborer à notre société, qu’il va faciliter un échange entre les différentes couches de la population et enfin, qu’il va promouvoir la collaboration à l’échelle du pays entre les organismes. J’ai bon espoir que ce projet donne les fruits qu’on attend et si c’est le cas, il y a de bonnes chances que nous le reconduisons. »

La FCFA se dit très heureuse de voir les quatre partenaires du consortium collaborer entre eux.

« Nous sommes très fiers du modèle de collaboration mis en œuvre par ces quatre organismes. Nous avons montré que notre réseau est capable de collaborer pour la gestion et la livraison de ce type d’initiative en développant des façons de faire novatrices. La FCFA est très contente d’avoir pu accompagner ses organismes membres pour en arriver à ce résultat », souligne la vice-présidente de la FCFA, Audrey LaBrie.

Financement partiel

Toutefois, les fonds annoncés restent conditionnels pour les organismes francophones qui en feront la demande. Pour voir leurs projets financés, les organismes devront obtenir de 30% à 50% du financement total auprès d’une source externe à celle du gouvernement fédéral, que ce soit auprès d’un gouvernement provincial ou territorial, de municipalités ou du secteur privé.

« Ce type de financement est nouveau, c’est une initiative du précédent gouvernement. Cela permet d’avoir un impact plus large et des initiatives plus locales qui auront des résultats concrets sur le terrain », pense Mme LaBrie.

Plusieurs organismes qui souhaitent soumettre des projets dans le cadre de cette enveloppe auraient déjà identifié des partenaires, assure-t-on. Le consortium prévoit également de mettre en place un dispositif d’aide pour permettre aux organismes de trouver le financement nécessaire.

Si la FCFA veut laisser la chance au coureur, elle souhaite toutefois que ce mode de financement soit évalué avant d’être reconduit.

« C’est un défi, ce genre d’initiative, mais c’est aussi une façon novatrice de faire les choses. Nous aimerions faire une étude d’impact avec l’aide du gouvernement à l’issue du programme pour voir si ce mode de financement est viable. Ça peut être une inquiétude pour nos membres si le gouvernement fédéral s’engage de moins en moins à financer en totalité des projets. Nous voulons voir si nos membres en seront satisfaits. »