Le plaidoyer de Norm Kelly pour le français à Toronto
TORONTO – La Ville de Toronto doit accorder plus de place au français, affirme le conseiller municipal Norm Kelly. L’homme politique, qui préside également le comité consultatif francophone de Toronto, croit que le « Torontois modèle du futur » devra impérativement maîtriser la langue française.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
« Je pense que le citoyen torontois modèle du futur parlera anglais, français, en plus de sa langue maternelle s’il vient d’ailleurs. Je crois que le français est essentiel dans cette trilogie, car c’est au cœur de l’expérience canadienne, mais c’est aussi une langue internationale », affirme Norm Kelly, qui confie avec fierté que ses deux enfants parlent le français et que ses petits enfants l’apprennent.
« Quand le français fait un pas en avant à Toronto, il fait également un pas en avant au Canada. » – Norm Kelly, conseiller municipal de Toronto
M. Kelly se dit très fier de pouvoir compter sur une communauté francophone organisée et présente à Toronto. « Lorsque je rencontre des collègues des autres villes, je leur dis que je viens du centre de l’univers. Et on ne peut pas venir du centre de l’univers, s’il n’y a pas une composante francophone à notre Ville », lance-t-il.
Deux projets lui tiennent particulièrement à cœur. « Je suis un supporteur enthousiaste de deux initiatives. D’abord, de la Maison de la francophonie de Toronto. Ensuite, de la création d’une université franco-ontarienne. Je la veux au centre-ville, au cœur de l’action. Pour que les étudiants puissent participer à la vie de la ville et que les citoyens puissent interagir avec eux et apprendre sur la présence française à Toronto, mais aussi au Canada », fait-il valoir.
Mais pas question de s’avancer sur un appui financier de la Ville pour ces deux projets. « Les villes peuvent financer directement ou sensibiliser les autres niveaux de gouvernement. C’est au niveau du gouvernement du Canada que l’argent se trouve. Il a plus de ressources que les provinces ou les villes », affirme-t-il.
M. Kelly ne cache d’ailleurs pas sa déception concernant l’absence d’annonce de financement fédéral pour le projet d’une Maison de la francophonie à Toronto. « J’espérais que le programme du 150ème anniversaire de la Confédération aurait contribué à ce projet, mais ça ne s’est pas passé », confie-t-il.
Une seule rencontre en 2017
L’arrivée de M. Kelly à la tête du comité consultatif francophone de la Ville de Toronto avait été bien accueillie. Du haut de ses 76 ans, le politicien a un réseau d’influence gigantesque sur les réseaux sociaux. Bon nombre de francophones espéraient que la communauté pourrait profiter d’une visibilité supplémentaire grâce à M. Kelly.
Jusqu’à maintenant, ça n’a pas été le cas. Et le comité qu’il préside a eu des retombées plutôt limitées, s’entendent bon nombre d’observateurs. En plus, au cours de la dernière année, une seule rencontre s’est déroulée, ce qui est à l’encontre des règles constitutives de la structure, dénonce Gilles Marchildon, un des membres de la communauté qui siège au comité.
« Le comité devait avoir deux rencontres par année, minimum. J’ai même souvenir qu’à une autre époque, on avait tenu trois réunions. Ce que je trouve déplorable, c’est qu’en 2017, on en aura eu une seule », a-t-il confié lors d’une récente entrevue.
M. Marchildon espérait pourtant beaucoup de l’administration actuelle, notamment après le discours de victoire du maire John Tory, en 2014. « Il avait débuté son discours en français et affirmait ainsi que Toronto n’était pas seulement anglaise. Il affirmait la dualité linguistique reconnue à l’échelle fédérale », affirme M. Marchildon.
Norm Kelly explique la basse fréquence des réunions. « Le défi est du côté du bureau du greffier de la Ville. Il offre des services à plusieurs comités et il y a beaucoup de pression sur ses ressources. Il faut lui donner plus de fonds », affirme le conseiller municipal.
La prochaine rencontre du comité se déroulera à l’hôtel de ville de Toronto le 29 janvier prochain.