Le vin arrive sur les tablettes d’épicerie ontariennes
TORONTO – Près de 40 ans après son voisin québécois, l’Ontario permet finalement la vente de bouteilles de vin sur les tablettes de certaines épiceries. Une véritable révolution dans une province qui a longtemps voulu conserver entre ses mains l’entièreté des recettes de la vente du précieux nectar.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
« Ouvrir l’accès à ce nouveau canal de distribution au détail aux producteurs vinicoles permettra aux commerces de prospérer tout en appuyant la croissance économique et la création d’emplois », a affirmé le ministre des Finances, Charles Sousa, lors d’une conférence de presse, le vendredi 28 octobre, à Toronto.
Selon lui, cet accès élargi aux produits viticoles va bénéficier aux citoyens. « Avoir la possibilité d’acheter du vin avec son épicerie facilitera la vie quotidienne des Ontariennes et des Ontariens », a soutenu le ministre Sousa.
Dès aujourd’hui, 67 épiceries vont offrir des vins locaux et importés à leur clientèle. Vingt d’entre elles sont des épiceries indépendantes, 47 autres magasins appartiennent à de grandes chaînes. À terme, 300 épiceries vendront du vin dans toute la province.
Toutes les régions ne bénéficieront pas de cette annonce. Les épiceries sélectionnées sont surtout dans le centre-sud de la province et dans la grande région d’Ottawa.
L’initiative gouvernementale souhaitait laisser une large place aux produits viticoles ontariens. Ainsi, les vins du Niagara et d’autres régions de la province seront aussi disponibles en grand nombre sur les tablettes des épiceries. « C’est gagnant, gagnant, gagnant », a affirmé le ministre Sousa, faisant référence aux avantages de la mesure, tant pour le consommateur, les producteurs locaux et les épiceries.
Le gouvernement ontarien affirme vouloir conserver ses prix le plus bas possible. Ils sont déjà « sous la moyenne canadienne », indique la province. Une situation qui encourage d’ailleurs de nombreux Québécois à traverser du côté ontarien pour se procurer leurs produits alcoolisés. Cette semaine, la Société des alcools du Québec (SAQ) a d’ailleurs annoncé qu’elle comptait « copier » son voisin ontarien en adoptant sa grille tarifaire.
La bière et le cidre ont déjà fait leur arrivée dans plusieurs épiceries de la province, il y a quelques mois. D’ici quelques années, 450 épiceries de l’Ontario offriront ces deux produits.
Au Québec, l’alcool est disponible sur les tablettes des épiceries depuis 1978.
La vente de vin en épicerie en cinq questions
Qu’adviendra-t-il des magasins Wine Rack qui sont sous le même toit que plusieurs épiceries?
Plusieurs de ces magasins au détail pourront dorénavant exploiter leurs activités à l’intérieur de l’épicerie et utiliser la même caisse. « Ces boutiques vinicoles élargiront leur assortiment de produits afin de vendre du vin d’autres producteurs ontariens, et seront situées dans des épiceries qui vendent de la bière », répond le gouvernement.
Le vin et la bière seront-t-ils moins chers en épicerie?
Non! Le prix de la bière, du vin et du cidre, sera le même dans tous les points de vente au détail, qu’il s’agisse des épiceries, des points de vente de la LCBO et des magasins The Beer Store.
Un jeune de moins de 19 ans qui souhaite contourner les règles et acheter de l’alcool pourra-t-il le faire plus facilement en épicerie?
Le gouvernement assure qu’il va encadrer sévèrement la vente d’alcool en épicerie pour qu’elle soit faite de manière « socialement responsable ». Des formations ont été offertes aux employés des épiceries pour qu’ils s’assurent que les clients intéressés par des produits alcoolisés aient bien l’âge légal. La vente de vin, de bière et de cidre se fera aussi dans des heures déterminées.
Où puis-je trouver du vin en épicerie?
La liste des 67 magasins où l’on peut dès aujourd’hui trouver du vin est disponible sur le site internet du gouvernement ontarien (en anglais seulement).
Est-ce que des magasins LCBO fermeront à la suite de l’arrivée du vin en épicerie?
Le ministre des Finances, Charles Sousa, ne croit pas que son annonce ne mettra en péril la santé financière des magasins LCBO. En conférence de presse, il a soutenu que la LCBO demeure la pierre angulaire du système de vente d’alcool de la province. Il a ajouté que l’offre de la LCBO restera plus élargie qu’en épicerie. « Il y aura toujours une plus grande sélection et c’est la LCBO qui va continuer à gérer la vente en ligne », a soutenu le ministre Sousa.