Les ambitions de l’Ontario au Sommet de la Francophonie
[SOMMET DE LA FRANCOPHONIE 2024]
PARIS – Membre observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Ontario retrouve le chemin du Sommet de la Francophonie les 4 et 5 octobre avec un triple objectif : culturel, diplomatique et économique. Le gouvernement et une délégation franco-ontarienne composée d’entrepreneurs et de leaders communautaires sont attendus en France dans les prochaines heures.
Sur place, la ministre des Affaires francophones sera à l’affût de « collaborations potentielles » et de « liens plus serrés » avec les autres États francophones. « C’est très important pour nous de découvrir les spécificités culturelles, économiques et sociales qui font la force de chaque État et gouvernement membre de l’OIF, ce qui favorise des opportunités d’apprentissage, de collaboration et de partenariats », estime Caroline Mulroney, dont le grand oral aura lieu la veille du sommet, le 3 octobre, lors de la 45e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF).
Cette instance a pour mission de veiller à l’exécution des décisions arrêtées lors du Sommet précédent, de préparer le suivant et de se positionner sur des actions multilatérales. « J’y soulignerai le potentiel de la francophonie ontarienne en tant qu’atout au sein de la francophonie mondiale, auprès des 88 États et gouvernements membres de l’OIF. »
Le CMF fera ensuite place au Sommet, dont la première journée se déroulera au château de Villers-Cotterêts, à une heure de route de la capitale. C’est ici qu’en 1539 le roi François 1er a signé l’ordonnance faisant du français la langue administrative de la France en lieu et place du latin. Depuis un an, l’édifice restauré abrite la Cité internationale de langue française. La deuxième journée se déroulera au Grand Palais.
Bien que dépourvu du droit de vote de par son statut d’observateur, l’Ontario peut participer à certaines discussions et y jouer un rôle consultatif. C’est ce qu’entend faire la ministre Mulroney, pour qui « le potentiel au sein de la Francophonie est immense et il existe une volonté réciproque de collaborer pour le maximiser. »
Depuis sa participation au Sommet de Djerba en 2022, l’Ontario a signé sa première entente internationale avec un membre de l’OIF, la Wallonie-Bruxelles, concluant par la suite une déclaration de coopération avec la France et une entente avec l’une de ses régions, Auvergne-Rhône-Alpes.
FrancoTech, le salon de l’innovation francophone
Autour du Sommet graviteront plusieurs événements à travers la capitale. L’Ontario sera notamment présent parmi une trentaine d’autres pays et régions du monde au Village de la Francophonie, du 2 au 6 octobre, avec son propre pavillon de découvertes ainsi que des performances artistiques (contes franco-ontariens) et une conférence.
Durant toute cette période aura le lieu le festival de la francophonie. Intitulé Refaire le monde, il proposera des expositions, des concerts, des ateliers et des projections de films, au cœur de Paris.
L’autre rendez-vous sera le salon de l’innovation FrancoTech où 1 500 professionnels, chefs d’états et de délégations et entrepreneurs de près de 100 pays se réuniront pour stimuler les échanges économiques et l’innovation technologique.
Intelligence artificielle, transition énergétique et talents francophones seront au cœur des préoccupations, indique Richard Kempler, directeur général de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA), à la tête d’une délégation franco-ontarienne sur place.
Objectif : « Tisser des liens avec les pays francophones, dit-il. D’ailleurs, dans la délégation, deux représentants du ministère du Travail seront là pour inciter les professionnels à s’installer en Ontario. On cherche très nettement à attirer les investisseurs et professionnels qualifiés. »
« Pour nous, c’est une occasion de faire connaitre qui on est, mais aussi apprendre des défis des autres francophonies et en tirer des leçons et de bonnes pratiques », complète Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), qui sera du voyage.
Alors que la province connait une pénurie de main-d’œuvre francophone, il espère que FrancoTech « ravivera le feu sur des initiatives avec le gouvernement de réduire les barrières » à la mobilité des talents.
« Ce sera une façon de continuer à se positionner dans le dossier de l’immigration », ajoute Estelle Duchon, directrice générale par intérim du Centre francophone du Grand Toronto. Au-delà de l’accueil et de l’intégration des nouveaux arrivants, son organisation a récemment élargi ses services au prédépart. « On aura à cœur de faire connaitre nos actions et bâtir des partenariats avec différents acteurs », dit celle qui participera à une table ronde sur cette thématique.
La Nouvelle-Écosse aux portes de l’OIF
Au cours de ce 19e Sommet de la francophonie, qui a pour thème « Créer, innover et entreprendre en français », les chefs d’État et de gouvernement débattront de sujets linguistiques, économiques, numériques et diplomatiques. Ils décideront également, en huis clos, de l’élargissement de l’organisation à de nouveaux membres.
Cinq candidats sont en bonne position, dont la Nouvelle-Écosse (et ses quelque 35 000 Acadiens et francophones) qui, si elle entre dans le cercle des 88 membres, deviendrait le cinquième membre canadien après le Canada, le Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario.
Les autres candidats sont la Polynésie française, la région allemande de la Sarre, le Chili et l’Angola, qualifiée de plus francophone des pays lusophones de par sa frontière commune avec la République démocratique du Congo.
Selon les informations d’ONFR, les candidatures de la Serbie et du Kosovo seront vraisemblablement écartées, leur dossier ayant été jugé insuffisant par le Conseil permament de la Francophonie. Déjà membres associés, le Ghana et Chypre ont quant à eux fait acte de candidature pour gagner leurs galons de membres permanents.
Une soixantaine de chefs d’États et de gouvernements sont attendus à Paris, 33 ans après le dernier sommet en France. Suspendus par l’organisation, la Guinée, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ne prendront pas part à l’événement.