Les conseils scolaires catholiques fustigent « un affront direct »
Au lendemain du dévoilement des projets de construction et d’agrandissement d’écoles financés par la province, l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) s’insurge contre le manque de transparence du ministère de l’Éducation dans ses choix et une forme de discrimination à l’égard des écoles de langue française.
Sur 45 projets retenus par le gouvernement, seulement cinq concernent des écoles de langue française, dont une catholique. « Ça ne fait aucun sens. C’est inacceptable », lâche Yves Lévesque.
Joint par ONFR+, le directeur général de l’AFOCSC regrette le manque de collaboration du ministère. « C’est annoncé en plein milieu de l’été et on l’apprend sur le site web du ministère. Ça ne sert à rien de faire des listes de priorités si on ne s’attaque pas à ces priorités. Est-ce qu’on a une écoute? J’en doute. La collaboration n’existe pas en ce moment : ils décident, on reçoit. C’est comme une loterie. Je n’appelle pas ça de la planification. »
« Le manque de reconnaissance et de respect des priorités des conseils scolaires constitue un affront direct à la gestion autonome des conseils scolaires de langue française », estime l’AFOCSC par voie de communiqué.
« De plus, le fait de permettre le maintien de la surpopulation et des conditions inférieures aux normes dans certaines écoles catholiques de langue française va directement à l’encontre d’une décision récente de la Cour suprême du Canada concernant l’accès à des bâtiments scolaires équitable pour la minorité linguistique. »
Recours devant les tribunaux : une option possible
L’AFOCSC envisage-t-elle un recours devant les tribunaux? « C’est quelque chose qu’on considère », répond M. Lévesque, « car c’est inacceptable qu’on soit discriminé de façon régulière comme ça. On est gentil, mais ça ne semble pas suffisant ».
La présidente de l’organisation porte-parole des conseils scolaires catholiques, Johanne Lacombe, reproche, quant à elle, un manque de transparence dans le processus d’évaluation des propositions soumises.
« Ce processus va à l’encontre des engagements pris par le gouvernement de l’Ontario visant à réduire les délais administratifs et à rétablir la confiance du public dans les processus décisionnels du gouvernement », tonne-t-elle.
« Des besoins ignorés, des écoles surpeuplées »
L’unique création d’école catholique retenue par le ministère, à Brampton, doit permettre d’éviter aux élèves des trois écoles élémentaires catholiques du secteur de poursuivre leurs études secondaires à Mississauga.
S’il salue cette avancée, M. Lévesque indique qu’une cinquantaine d’autres projets sont mis en sommeil, chaque conseil scolaire catholique ayant soumis jusqu’à dix demandes de construction ou d’expansion.
Certains dossiers seraient à un stade critique. Le temps presse, insiste son association, alors que des établissements sont « surpeuplés et que des ayants droit n’ont toujours pas accès à une école dans leur communauté » .
Le retard pris par les équipes du ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, du fait de la pandémie de COVID-19 n’a rien arrangé au calendrier de mise en oeuvre, selon plusieurs observateurs qui évoquent une année perdue.
Habituellement connu en début d’année, le programme d’immobilisations prioritaires permet aux conseils scolaires bénéficiaires d’engager leur planification et de recevoir les investissements en capitaux durant l’été.
Le gouvernement investit plus de 12 milliards de dollars en subventions d’immobilisations, répartis sur une période de 10 ans. Ceci comprend plus de 500 millions de dollars cette année pour mettre en chantier les nouveaux projets de construction d’écoles et d’agrandissement des établissements existants.