Les conservateurs se maintiennent au pouvoir en Alberta

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La première ministre sortante Danielle Smith célèbre sa victoire à Calgary. Crédit image: THE CANADIAN PRESS/Jeff McIntosh

EDMONTON – Fin du suspense en Alberta. Le Parti conservateur uni (PCU) de Danielle Smith a remporté les élections provinciales dans la nuit de lundi à mardi. Forte de 52,6 % des voix et 49 sièges au parlement (11 de moins que la précédente législature), la première ministre formera un gouvernement majoritaire mais amoindri.

Les électeurs ont reconduit le PCU aux manettes de la province de l’Ouest canadien, à la suite d’une forte mobilisation (63,3 % de taux de participation). C’est donc un deuxième mandat qu’entamera la conservatrice Danielle Smith mais cette fois avec la légitimité des urnes. Première ministre depuis moins d’un an, l’ancienne cheffe du Parti Wildrose avait succédé à Jason Kenney – démissionnaire après un vote confiance – sans passer par la case élections.

Mme Smith, une unilingue anglophone, a réussi son pari malgré la controverse des dernières semaines. La commissaire à l’éthique de la province avait conclu qu’elle avait violé la Loi sur les conflits d’intérêt lors d’un échange avec son ministre de la Justice sur les restrictions sanitaires.

Confortablement réélue dans sa circonscription (Brooks-Medicine Hat), la chef de file conservatrice perd cependant plusieurs cadres du parti comme Kaycee Madu, son ministre du Travail et de l’Immigration ainsi que Nicholas Milliken, celui de la Santé mentale et des Dépendances. L’ancien ministre de la Santé Jason Copping a également été défait.

La cheffe conservatrice, dont la formation est née en 2017 de la fusion du Parti progressiste-conservateur et le Parti Wildrose, s’est engagée à baisser de 20 % les impôts des Albertains gagnant moins de 60 000 $ et à lutter contre le crime en ajoutant une centaine d’agents de police à Edmonton et à Calgary.

Danielle Smith (PCU) conserve le pouvoir. Crédit image : Stéphane Bédard

Énergie : « Si Justin Trudeau continue, nos voix se feront entendre » – Danielle Smith

Elle a de surcroît promis d’attirer de la main-d’œuvre via un crédit d’impôt de 1 200 $ pour les métiers en tension et d’investir 20 millions de dollars par année dans la santé mentale.

« Les Albertains ont choisi un gouvernement conservateur fort », a-t-elle souligné dans son discours de victoire. « L’élection est terminée. C’est le temps de mettre les attaques de côté et d’avancer. Je suis là pour servir tous les gens de la province, quel que soit leur vote. »

Aussitôt élue, la première ministre s’est adressée aux entreprises en leur lançant un message de bienvenue pour dynamiser l’économie albertaine. Elle a en outre vigoureusement contesté les choix du premier ministre Justin Trudeau en matière d’énergie et de carboneutralité : « Nous ne risquerons pas nos emplois et notre réseau énergétique. Espérons qu’il (Justin Trudeau) nous écoute ce soir car, s’il continue, nos voix se feront entendre. »

Le NPD opposition officielle

Des promesses qui ont convaincu les électeurs de voter pour son parti plutôt que pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) qui misait sur des enjeux sociaux et de santé. Réélue dans sa circonscription (Edmonton-Strathcona), la cheffe néo-démocrate Rachel Notley n’est pas parvenue à reconquérir sa place de première ministre occupée de 2015 à 2019, une situation unique durant les 50 dernières années de politique dominées par les conservateurs. Sous son mandat, le déficit provincial avait grimpé à 85 milliards de dollars.

Avec 44 % des voix et 38 sièges (14 de plus que dans la législature précédente), les néo-démocrates demeurent toutefois la deuxième formation politique de la province et constitueront donc l’opposition officielle.

L’ex-première ministre (NPD) Rachel Notley a perdu son pari. Source : Twitter Rachel Notley

Ils ont conforté leur position dans les deux plus grandes villes du pays, Edmonton et Calgary, alors que, tout au long de la campagne, la banlieue de Calgary était présentée comme le cœur de la bataille pour la victoire finale.

« Nos députés formeront une des oppositions les plus grandes que la province ait connues dans son histoire », a réagi Mme Notley qui a reconnu sa défaite et féliciter sa rivale conservatrice. « Nous avons réalisé une forte poussée, même si nous aurions espéré un résultat différent. (…) Ce n’est pas le temps de ralentir mais au contraire d’accélérer et de monter les marches. »

Mme Notley a de surcroît déclaré sa volonté de rester à la tête du NPD et appelé les nouveaux députés à travailler dès demain à l’avenir de l’Alberta. Parmi eux, deux élus autochtones siégeront à l’Assemblée législative albertaine, une première dans l’histoire de la province.

Article mis à jour le mardi 30 mai à 18h30.