Les échanges internationaux accessibles à tous?

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TORONTO – La Guadeloupe discute de la signature d’une entente inédite avec les établissements d’enseignement de l’Ontario qui offrent des programmes en français. Il s’agit là d’une belle occasion de créer un contexte plus favorable aux échanges internationaux pour les étudiants francophones, selon Avantage Ontario.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Nous voulons la mobilité de notre jeunesse et permettre aux francophones de l’Ontario de venir aussi étudier en Guadeloupe. Ce sera une entente gagnant/gagnant », confie Fabien Marianne, chargé de coopération Guadeloupe-Québec. S’il a d’abord misé sur des partenariats avec des universités et des collèges québécois, il a vite réalisé le potentiel de l’Ontario français.

« J’ai assisté à l’Université d’été sur la francophonie des Amériques à Ottawa. J’ai alors découvert les établissements en Ontario et été attiré par la dynamique franco-ontarienne », rapporte M. Marianne. Les communautés francophones de la planète ont tout avantage à coopérer et à faire un échange des connaissances, fait valoir Fabien Marianne.

L’entente avec la Guadeloupe serait signée de pair avec le consortium Avantage Ontario, qui représente une dizaine d’établissements collégiaux ou universitaires qui offrent des programmes en français ou bilingues.

Son directeur, Raymond Day, affirme qu’un tel partenariat comporte des bénéfices importants pour les étudiants, mais aussi pour la province. « On a de la difficulté à faire bouger les étudiants ontariens. Bien souvent, on se retrouve en Ontario avec une balance négative, alors qu’on accueille dix étudiants étrangers, mais que seulement deux étudiants d’ici vont ailleurs. Ça coûte cher au système de l’éducation ontarien », explique-t-il.

M. Day croit qu’il est grand temps d’aborder de front la question du coût des échanges internationaux et de trouver une solution au caractère jusqu’à maintenant « élitiste » de la chose.

« En Ontario, un jeune qui étudie à l’université s’endette presque toujours. Il voit alors l’échange international, comme une dette de plus. Il ne veut pas ajouter 5000$ à sa dette existante! La mobilité internationale canadienne, elle sert seulement les familles riches », dénonce M. Day.

Avantage Ontario souhaite s’attaquer au problème. L’organisme a rencontré des représentants du ministère de la Formation et des Collèges et Universités pour qu’il y ait des sommes permettant à des élèves moins favorisés de bénéficier d’une expérience internationale. « On veut que le Ministère revoie son modèle de financement en ce sens », dit le directeur de l’organisation.

L’attrait de l’Ontario français

Fabien Marianne souligne que l’Ontario constitue une terre d’accueil de choix pour les étudiants guadeloupéens. « Outre le français, il faut prendre en considération l’environnement bilingue qui permet aux étudiants d’améliorer leur anglais. L’Ontario est aussi dans le même fuseau horaire, ce qui est un avantage pour les familles qui veulent pouvoir contacter facilement leur enfant ou même lui rendre visite », souligne-t-il.

Raymond Day révèle que le bilinguisme du corps professoral francophone de nos établissements d’enseignement est un attrait pour la Guadeloupe. « Ils veulent des professeurs qui sont capables d’enseigner dans les deux langues », précise-t-il. L’entente à être annoncée permettra aussi à des chercheurs universitaires francophones de la province d’effectuer des séjours en Guadeloupe, révèle-t-il.

Il espère que le partenariat, s’il se concrétise, permettra des échanges égaux d’étudiants. L’entente à venir doit faciliter tout le processus administratif auquel un étudiant ontarien aurait eu à faire face s’il avait auparavant voulu effectuer un séjour d’étude en Guadeloupe. « L’étudiant aura l’assurance que chaque cours qu’il va suivre en Guadeloupe sera reconnu ici », illustre M. Day.

Une délégation de la Guadeloupe effectuera une visite de différents campus ontariens prochainement, une manière pour les acteurs de l’éducation du pays de se familiariser avec nos institutions, dit M. Day.

Les intervenants en éducation impliqués espèrent que les premiers échanges pourront se dérouler en 2017.