Les fonctionnaires fédéraux veulent doubler la prime au bilinguisme

Des fonctionnaires manifestant aux abords de la Colline du Parlement. Crédit image: Simon Séguin-Bertrand/Le Droit
Des fonctionnaires manifestant aux abords de la Colline du Parlement. Crédit image: Simon Séguin-Bertrand/Le Droit

OTTAWA – Faire passer de 800 $ à 1 500 $ la prime au bilinguisme et élargir les formations linguistiques font partie des quelque 200 pages et plus des demandes des 155 000 fonctionnaires fédéraux en grève depuis mercredi. ONFR+ passe en revue les demandes linguistiques des fonctionnaires.

Ces fonctionnaires sont principalement des travailleurs de l’Agence du Revenu, du Conseil du Trésor, mais aussi de divers ministères comme Service Canada ou encore à l’immigration. Parmi leurs principales demandes, on note une augmentation de salaire de 4,5 % par année sur trois ans ainsi qu’un droit au télétravail. Mais l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) possède 215 pages de demandes. En voici quelques extraits.

Presque doubler la prime au bilinguisme

La prime au bilinguisme est remise aux employés qui occupent un poste désigné bilingue et qui ont passé les tests nécessaires pour prouver qu’il maîtrisait une langue seconde. Actuellement, peu importe leur statut, ceux qui y sont éligibles perçoivent 800 $ annuellement en fonction de leur ministère, société d’État ou organisme fédéral.

L’AFPC veut que cette prime augmente à 1 500 $. On évalue qu’autour de 30 % à 35 % de l’ensemble de l’effectif de la fonction publique touchent ce bonus financier.

Quelques exceptions n’ont toutefois pas le droit à cette prime et l’AFPC veut que ça change. Par exemple, les gestionnaires, employés de la haute direction, les personnes nommées par les ministres du gouvernement (ou nomination par gouverneur en conseil) et les traducteurs ne devraient pas être exemptés, exige l’AFPC. Les employés qui ne satisfont plus aux exigences linguistiques du poste peuvent perdre cette prime et le syndicat estime que l’employé devrait « redevenir admissible s’il en fait la demande ».

L’AFPC souhaite aussi que le bonus annuel soit inclus dans la convention collective.

Une prime pour les langues autochtones

L’AFPC souhaite que la prime au bilinguisme, actuellement réservée aux deux langues officielles, soit élargie pour y ajouter un bonus pour ceux qui s’expriment dans une langue autochtone. Comme pour la prime au bilinguisme, l’AFPC demande qu’elle soit de 1 500 $ par année, mais aussi qu’elle soit « majorée de l’augmentation économique générale applicable à chaque année de la convention collective ».

Augmenter et élargir la formation linguistique

En ce moment, il faut répondre à certains critères d’éligibilité pour obtenir des cours linguistiques payés et offerts par le gouvernement. Par exemple, les cadres, les postes de direction et les employés unilingues nommés à des postes bilingues devant suivre une formation linguistique pour satisfaire aux compétences requises peuvent suivre ces cours. Les juges de la cour fédérale et des employés de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sont aussi admissibles.

L’AFPC souhaite élargir ces définitions pour y ajouter tous les employés qui souhaitent suivre un cours de langue seconde. Un gestionnaire ne pourrait refuser une telle demande sans « un motif valable », exige le syndicat, mais l’employé devra démontrer qu’il peut atteindre le niveau de compétence requis, précise-t-on.

En plus d’élargir le bassin d’emploi éligible, le syndicat souhaite aussi ne pas imposer une limite de temps fixe qu’impose le gouvernement, à certains employés, pour atteindre les exigences linguistiques. La politique actuelle exige entre 1 000 à 2 000 heures près sur le temps de travail en fonction du niveau de compétence linguistique à atteindre.

Où en est la situation?

En grève depuis mercredi minuit, la situation n’a que très peu changé au jour 2 du débrayage des fonctionnaires. Les deux groupes sont à la table des négociations, maintenait hier la présidente du Conseil du Trésor Mona Fortier en conférence de presse en compagnie de divers ministres dont le département est impacté par la grève.

L’un des services affectés sera la délivrance de passeports pour le public. Seules les situations d’urgence ou d’ordre humanitaire seront traitées avec un effectif réduit de 60 %, prévenait hier la ministre responsable de Service Canada, Karina Gould. Si la grève dure une semaine, il pourrait y avoir un arriéré de près de 85 000 passeports, a-t-elle expliqué.

Alors que bat la saison des impôts, la ministre du Revenu national Diane Lebouthillier invitait les gens à produire leurs déclarations fiscales de façon électronique, car les perturbations toucheront celles en papier. À l’immigration, les demandeurs « doivent s’attendre à subir d’importants retards dans le traitement des demandes dans tous nos volets d’immigration », avertissait le ministre Sean Fraser.