Les Franco-Yukonnais veulent profiter du changement
WHITEHORSE – La victoire du Parti libéral de Sandy Silver, lundi 7 novembre, marque une nouvelle ère pour les Franco-Yukonnais. Après 14 ans de travail avec le Parti du Yukon, ils devront désormais faire avancer leurs nombreux dossiers, dont celui de l’éducation, avec un nouveau gouvernement.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Le Parti libéral du Yukon (PLY) a recueilli 11 sièges sur les 19 circonscriptions que compte le territoire, reléguant le Parti du Yukon (PY) au rang d’opposition officielle avec six députés, tandis que le Nouveau Parti démocratique (NPD) n’a désormais plus que deux sièges à l’Assemblée législative.
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— Yukon NDP (@YukonNDP) November 3, 2016
Pour la communauté franco-yukonnaise, la donne a donc changé, après des relations parfois difficiles avec le PY, au pouvoir depuis 2002.
« C’est une bonne nouvelle pour nous car pendant la campagne, les libéraux s’étaient engagés à mettre en place certaines de nos demandes. Note rôle va être de le leur rappeler et c’est la raison pour laquelle nous souhaitons rencontrer M. Silver au plus vite », commente Angélique Bernard, la présidente de l’Association franco-yukonnaise (AFY).
Un avis que partage la porte-parole de la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY), Edith Campbell.
« Nous voyons cette élection comme une nouvelle très positive car le Parti libéral a indiqué dans sa plateforme sa volonté de travailler avec nous. Nous avons hâte de commencer, car il y a des dossiers très importants en éducation. »
L’organisme porte-parole des 1 630 Franco-Yukonnais et la CSFY se souviennent notamment des propos tenus par la candidate libérale, Jeane Lassen, lors de l’Assemblée générale annuelle de l’AFY, le 24 septembre.
Le Parti libéral prudent mais ouvert
Parlant au nom du Parti libéral du Yukon (PLY), Mme Lassen avait assuré qu’une fois élu, son parti s’engageait à « maintenir un dialogue ouvert et honnête, des consultations significatives, de la collaboration et un véritable partenariat avec les groupes comme l’AFY et la CSFY ».
Réagissant au document de positionnementAgir pour une communauté francophone vibrante et dynamique au Yukon, Mme Lassen avait également indiqué que « la conservation du patrimoine et de la culture franco-yukonnaise est importante pour les Libéraux du Yukon », tout en se disant favorable à une amélioration de tous les services en français.
« Nous considérons que les services en français doivent être améliorés dans tous les services gouvernementaux. Les services de santé en français ont été identifiés comme étant une priorité. Nous reconnaissons que c’est une priorité, non seulement pour les services d’urgences et de santé mentales, mais pour tous les services de santé », avait-elle expliqué durant son allocution.
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— Yukon Liberals (@YukonLiberal) September 24, 2016
Le PLY a également indiqué qu’il travaillerait avec le gouvernement fédéral pour trouver les ressources financières nécessaires à l’avancement de la culture et de l’éducation du français au Yukon et appuierait les demandes d’indexation de l’entente Canada-communauté et pour une étude de faisabilité quant à l’expansion de la Garderie du Petit Cheval Blanc.
Toutefois, les difficultés économiques du territoire pourraient faire reculer le nouveau gouvernement.
« Certaines de nos demandes ne coûtent rien, comme de transférer le dossier de la petite enfance au ministère de l’Éducation, plutôt qu’à celui de la Santé et des Affaires sociales, ou d’avoir une politique sur la culture franco-yukonnaise pour valoriser nos artistes », précise Mme Bernard.
Battue dans sa circonscription, Mme Lassen ne pourra pas s’assurer que les promesses seront respectées, mais la communauté franco-yukonnaise y compte bien.
Éducation et santé
« Les priorités pour nous vont être en santé et en éducation. Sur ce dernier dossier, nous sommes heureux que le Parti libéral se soit engagé à poursuivre dans la direction prise par le gouvernement sortant », indique Mme Bernard.
Le PLY s’est engagé à mettre en œuvre la décision du gouvernement sortant de construire une école secondaire francophone, sans préciser toutefois une date d’ouverture. La CSFY espère pour sa part que l’accueil des étudiants dans la nouvelle école se fera dès 2019.
« La construction de l’école est notre priorité. Les discussions ont bien avancé avec le précédent gouvernement et nous comptons sur le nouveau parti au pouvoir pour qu’il poursuive dans cette voie », souligne Mme Campbell.
Le parti de Sandy Silver s’est également dit « ouvert à la pleine gestion scolaire à la CSFY », tout en s’abstenant de promettre une augmentation du financement des programmes.
Un bilan contrasté
L’arrivée d’un nouveau parti au pouvoir peut donc amener un vent nouveau pour la communauté franco-yukonnaise, selon Mme Bernard.
Après 14 ans au pouvoir, le PY a dû s’avouer vaincu, la faute notamment à une situation économique difficile, pénalisée par la baisse du prix des ressources naturelles, notamment dans le domaine minier. Le parti devra se reconstruire sans Darell Pasloski, qui a annoncé sa démission comme chef du parti à l’issue des résultats du scrutin.
Les relations entre son parti et la communauté franco-yukonnaise s’étaient récemment améliorées, laissant davantage de place à la négociation.
L’adoption d’un nouveau Règlement sur l’instruction en français langue première a réglé partiellement un des problèmes qui avaient mené le gouvernement et la CSFY devant la Cour suprême du Canada en enlevant l’obligation que le ministère de l’Éducation approuve les admissions provenant d’ayants droit pour les écoles de langue française.
« Les relations se sont améliorées grâce au travail de la vice-première ministre et ministre responsable de la Direction des services en français, Elaine Taylor. Sous le gouvernement de M. Pasloski, il y a eu certains gains, notamment avec un projet pilote en santé », explique Mme Bernard.
La porte-parole de la CSFY partage cette analyse.
« Au départ, la relation n’était pas au beau fixe, mais le gouvernement de M. Pasloski a finalement montré de l’ouverture ces dernières années. Certains dossiers ont avancé, les négociations en matière d’éducation allaient bien, nous espérons que le Parti libéral fera preuve de la même ouverture que promise durant la campagne. »